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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 14:25
 

Je pense que nous connaissons tous et avons tous lu au moins un roman de Serge Brussolo. Avec "Frontière barbare" (Folio SF) il signe son retour à la SF, et quel retour ! Il nous livre un roman foisonnant, d’une très grande richesse, et très brussolien dans sa noirceur.

 

Depuis que l’Organisation des planètes unies a décidé de faire régner l’ordre et de ne plus permettre les guerres sauvages, les extraterrestres sont soumis à notre conception de la loi et de la civilisation sur les mondes affiliés et leurs instincts sanguinaires contenus grâce à une sorte de castration chimique auxquels sont soumis tous les individus et les animaux : David Sarella est l’un des exovétérinaires chargés de ce travail ainsi que de l’évaluation des populations exomorphes non encore intégrées, un travail particulièrement dangereux et ingrat. Pour ajouter à la complexité de sa vie, il a épousé une femme, Ula, dont il est amoureux fou mais qui a quelques gènes extraterrestres qui la rendent incontrôlable dans ses passions du sang et de l’amour, sauf à lui injecter les mêmes produits qu’aux exomorphes, ce qu’il fait naturellement pour le bien de leurs enfants et le sien propre amis en lui faisant perdre tout ce qui fait sa personnalité hors du commun et qui l’a charmé.

 

Le roman débute sur une guerre miniature dans une base souterraine gigantesque qui a été construite spécialement pour résister à tous les ravages et qui permet aux extraterrestres de régler leurs différends en toute quiétude, tout en étant évalués psychologiquement. Etant l’un des meilleurs dans sa spécialité, et l’un des rares survivants car on ne se fait pas de vieux os dans ce travail, il est envoyé avec sa femme sur une planète de la "Frontière barbare", Mémoriana, où des factions religieuses s’affrontent de manière particulièrement sanglante avec des "monstres", des animaux dont les particularités anatomiques permettent de les utiliser comme chars d’assaut, pièces d’artillerie ou bombardiers - on n’oubliera pas de sitôt les mastodontes cracheurs de feu qui ornent la superbe couverture du roman, exécutée par Georges Clarenko, qui en rend fort bien toute la sauvagerie.
Là David va vraiment prendre conscience des problèmes éthiques et moraux que soulèvent ces jugements de valeur portés, en fonction d’une culture, sur les autres et ce grâce aux liens qu’il va établir d’une part avec Itaï, un grand guerrier, qui lui expliquera pourquoi lui et ses congénères ont ce besoin de tuer (une explication surprenante) et d’autre part avec frère Akenôn, membre haut placé du clergé de l’Eglise du Pardon Universel Intergalactique, bien connue pour "s’opposer à toute modification des pulsions hostiles chez les exomorphes" et puissance politique dominante sur Terre. Nous suivrons David dans son évolution intérieure qui passera par une quête hallucinante de la ville d’Ozataxa, cette ville mythique perdue au milieu de déserts hostiles et dont la réalité sera bien différente de celle attendue. Et il terminera son périple en revenant à son point de départ, la Terre, sur laquelle ses enfants ont grandi et sont devenus des adultes, là aussi avec quelques surprises de l’auteur qui a poussé à leur point ultime les réflexions actuelles sur l’enfance (un enfant peut abandonner ses parents et se faire adopter par d’autres ou se faire grandir artificiellement par exemple).

 

Serge Brussolo a écrit un roman de SF noire, violente et sans espoir, où tout n’est que faux-semblants et hypocrisie, une parabole violente de notre culture qui exporte et impose aux autres ses propres critères sans tenir compte des spécificités de chacun et/ou du temps nécessaire pour évoluer (il peut aussi se lire comme l’impossibilité innée pour les cultures exogènes d’évoluer mais je ne pense pas que ce soit l’intention de l’auteur). Son "héros", David, fait de son mieux mais cela n’aide guère face à des situations inextricables, l’espoir n’est guère de mise et, de toute façon, surmonter un obstacle ne fera qu’en révéler deux autres... et tout cela dans un monde qui, comble de l’horreur pour certains, s’est "nipponisé" : on ne s’y nourrit plus que de nouilles en buvant du saké chaud !

"Frontière barbare" est un grand roman dont je ne suis pas près d’oublier les scènes hallucinantes de batailles absolument extraordinaires, les esprits torturés des personnages et les paysages magnifiques oscillant toujours entre beauté et horreur. De la grande SF !

 

SITE : Actu SF

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 14:16

Jeux d’échecs pour apprentis diplomates

 

Thomas John est né à Arles. Ses inspirations, il les trouve dans les romans de Greg Keyes, George R. R. Martin ou encore Pierre Grimbert. Il est membre du Tremplin de L’Imaginaire et a rejoint le collectif CoCyclics dès le départ. Sa saga Lunardente est une fantasy sombre et complexe.

La couverture de Pascal Quidault est splendide, on ressent la force d’un pouvoir qui arrive et que rien ne pourra arrêter. Chaque détail de cette illustration est un choix judicieux, jusqu’au masque qui rappelle qu’une nouvelle tragédie est lancée. Alors place au spectacle et bonne lecture.

 

Tout pour le conseil

 

Les pouvoirs des sorciers déclinent de plus en plus dans la Cité Noire. Chacun tente d’enrayer cette lente agonie et surtout aucun ne veut lâcher sa position au sein du conseil qui régit la ville.

Au cœur même des conflits et transactions, Perceron, Kroll et Ao vont devoir faire appel à toutes leurs forces pour arriver à survivre dans ce panier de crabes.

Kroll détient les pouvoirs et beaucoup tentent d’avoir ses faveurs, il doit faire face aussi à la montée de ses pouvoirs du feu qui sont comme un brasier dans son corps.

Ao se remet de ses blessures et rumine sa vengeance, sa rencontre avec Nibélune va d’ailleurs changer certaines données du problème...

Quant à Perceron, et bien il continue à briller en société, à assouvir certains de ses penchants comme l’alcool mais le simple fait de se retrouver devant la tentative d’assassinat d’une jeune fille et le revoilà dans les ennuis jusqu’au cou.

Dans la sombre cité il n’est pas facile d’y vivre et encore moins quand les lunes se confondent. Suivrez-vous les péripéties de nos valeureux héros malgré eux, dans leurs aventures pour la survie de la Cité Noire ?

 

Une suite diplomatique

 

Attention ce deuxième tome démarre sans préambule. Aucun rappel ni résumé pour vous aider à suivre les aventures de vos héros préférés. Cela peut être un peu déstabilisant au début, vous êtes prévenus.

Mais passé les trente premières pages, vous voilà de nouveau dans la sombre Cité de Kan-Pang.

Cette fois-ci c’est une magnifique partie d’échecs diplomatique à laquelle nous invite Thomas John. Entre transactions, complots, menaces et compromis, chacun avance ses pions en gardant dans sa manche sa pièce maîtresse.

C’est assez drôle de voir Kroll se lancer dans son rôle de Cromlek, usant de toutes ses forces pour aider ses amis et notamment la belle Ao. Vous retrouverez tous les personnages du premier tome. Certains ont plus évolué que d’autres, comme Perceron devenu plus mature et plus sérieux. Le rôle de bouffon lui allait bien mais là, l’auteur lui donne plus de profondeur tout en gardant quand même son humour.

Les pouvoirs du feu de Kroll ou encore les changements radicaux de la timide Ao sont aussi mis très en avant. C’est un peu comme si des braises attendaient que l’on souffle pour les attiser pour entraîner un vrai flamboiement de puissance.

Celui d’Ao semble plus sombre au départ de l’intrigue et je tairais la suite pour le plaisir de la découverte.

Les différentes « Familles » qui se battaient avant l’arrivée de nos héros trublions ont donc fort à faire pour prendre en compte cette nouvelle force dans le jeu des puissants.

C’est un roman de transition, on le sent bien. L’auteur pose ses bases pour une suite riche et forte. Certains comptes seront réglés et d’autres sont mis au clou de crédit que devront des créanciers bientôt...

Malgré une certaine impression de lenteur due au fait des tractations du vote au départ, vous trouverez de très belles scènes d’action et de folies meurtrières comme sait nous décrire Thomas John avec une fin qui est un véritable feu d’artifice.

Des prouesses, des assassinats, des trahisons et des vengeances seront légions pour vous accompagner dans cette intrigue extrêmement riche en suspense et rebondissements. Une histoire qui s’enfonce dans les méandres du pouvoir et dans les bas-fonds sordides de la famille Sourgne.

Une fois de plus, l’auteur vous emportera avec sa plume très descriptive et pas dénuée d’humour, dans son univers de sombre fantasy qui oscille entre l’ombre et le désespoir.

Une suite plus posée avec des personnages plus matures, une intrigue dense et complexe, j’attends la suite avec impatience.

 

SITE : ActuSF

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 14:18

En de bonnes mains est déjà le onzième roman de Bill James qui permet à ses deux personnages de flics, Harpur et Iles, de résoudre des enquêtes sans que l'on puisse savoir vraiment comment. Au lieu de "déjà", on aurait pu écrire "seulement" car ce roman jusque-là inédit en français date de 1994, et son auteur en a écrit dix de plus depuis. "Sans que l'on puisse savoir comment" : l'expression est ou fausse ou biaisée. Bill James, avec une ironie féroce décrit une société anglaise à travers des personnages gris qui ont très vite tendance à virer au noir.

Dans le présent roman, deux malfrats sont retrouvés morts dans une mise en scène censée rappeler un autre double-meurtre. Un même mode opératoire est souvent synonyme d'un même meurtrier seulement il peut y avoir un copycat. Au commissariat, tout le monde se demande si l'assassin n'est pas l'adjoint au chef de la police, Desmond Iles, un homme qui a tendance à faire justice lui-même en toute impunité avec causticité à l'appui. D'autant que le mobile serait à coup sûr la vengeance, les deux gangsters ayant été impliqués dans le meurtre d'un inspecteur de police infiltré. Dans une intrigue classique où l'on suit les trajectoires peu classiques de nombreux individus qui se demandent tous qui est à l'origine du meurtre originel, Bill James use de facéties, et place ses personnages au même niveau moral, flics ou voyous.

Deux autres malfrats envisagent le casse de la maison d'un troisième. Seulement voilà : l'un des deux corps initiaux retrouvés par la police est celui du Très Sympathique Original. Un original sympathique dont trois personnes avaient des motifs valables de vouloir sa mort : Iles, pour les raisons expliquées, le propriétaire de la maison que l'on envisage de braquer, et le père de sa petite amie mineure. Aussi tout le monde joue-t-il à la loterie à commencer par les deux loufiats cambrioleurs d'opérette.

Bill James mène son roman comme une pièce de théâtre. Les dialogues percutants s'imposent. Certains lieux - les blockhaus - font l'objet d'une mise en scène particulière, chaque couple de personnages y allant à tour de rôle pour livrer ses pensées, ce qui renforce l'idée que tous sont aussi pourris les uns que les autres. Il prend le temps d'en éliminer un certain nombre tout au long de ce roman qui se termine de façon totalement amorale. Le lecteur, lui, conserve le choix qu'il avait dès le début, mais ne peut s'empêcher de penser que Bill James a créé l'un des flics les plus pourris d'Angleterre à être aussi sympathique.

 

Site : K-libre

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 14:15

ON SE RETROUVERA débute par le récit abrupt du viol collectif de la mère de Margot. Un épisode suintant d’horreur, où les scènes explicites et brutales constituent une introduction percutante.

Après cette entrée en matière saisissante, le roman se déploie autour de la quête de Margot. Confrontée à son encombrant passé, la jeune femme devra faire face à un parcours tourmenté afin de recueillir le plus d’informations possible pour faire avancer ses recherches. Car derrière l’acte de souffrance qui l’a enfantée, se cache un père criminel qu’elle veut retrouver. Tantôt victime, tantôt bourreau, ce personnage aux multiples facettes se complexifie au fil des pages et sa quête, initialement identitaire, prendra des allures de vengeance.

Servi par une écriture simple mais efficace, ON SE RETROUVERA est un roman dynamique. Émaillé de nombreux dialogues ainsi que des pensées intimes de Margot, le roman ne laisse aucune place à la monotonie. Un petit bémol cependant, lorsque l’auteure a recours à l’ellipse narrative. Cette figure de style -pas toujours utilisée à bon escient- a parfois troublé ma lecture.

Le dénouement est surprenant car totalement imprévisible. Il marquera les esprits d’une manière ou d’une autre et ne manquera pas de susciter des réactions. Au terme de son roman, Laëtitia Milot laisse plusieurs questions en suspens et cette fin ouverte laisse par conséquent présager une éventuelle suite.

Laëtitia Milot nous offre un premier roman attrayant, où simplicité et suspense sont de mises.

 

Site : le noir emoi

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 13:52

Les mystères de Djeddah

Ces mystères là sont un cadeau, un joli cadeau. C'est vrai que des livres écrits par des anciens expatriés, des anciennes expatriées devrais-je dire, il y en a quelqu'un, certaines pour témoigner de leur conditions d'expatriation, d'autres pour décrire avec des mots un peu différents, des pays, un pays lui aussi différent. Ce livre, les mystères de Djeddah fait partie de la seconde catégorie. Les mystères de Djeddah - Zoë Ferraris - Blog de Laurent Bogros Le Clézio Ces livres sont toujours écrits par des femmes, du coup difficile de ne pas croire qu'effectivement les femmes n'ont pas le droit de faire grand chose, à part peut-être rester chez elles :-( Ayant passé deux années à Jeddah (vous avez vu je l'écrit différemment), je me suis jeté sur le livre, pour sans doute, par procuration, me promener à nouveau dans les rues de cette ville dans laquelle j'ai passé beaucoup de temps. J'étais assez impatient, et je n'ai pas boudé mon plaisir, sinon de trouver le livre un peu court, et l'histoire, hé bien surprenant, entre compliqué et trop simple. Les mystères de Jeddah est une enquête de police, dans laquelle nous retrouvons de nombreux personnages, tous très différent, différents surtout sur l'échelle sociale et intellectuelle de l'Arabie Saoudite. Entre saoudienne libérale, qui est prête à tout pour travailler, un jeune guide très conservateur, et un monde à mi-chemin. Pourquoi Jeddah ? He bien il est connu que cette ville est très libérale, comparé surtout à son homologue et capitale Riyadh, elle très conservatrice. A l'époque déjà (il y a 4 ans), se promener juste en abaya, sans foulard ou burka n'était pas mal vu et donc pas réprimé, sauf peut-être dans un centre commercial pendant le ramadan, des fois la police religieuse n'est pas très drôle. Jeddah plantée au bord de la mer rouge est une ville différente, douce, colorée et donc… libérale. L'enquête, mêle les différents personnages, avec les contraintes, leurs attirances, .. l'auteur, Zoë Ferraris décrit avec assez de justesse ce monde plein de contradiction ou les codes religieux se bousculent quotidiennement avec les codes sociaux. Ajoutez à cela la présence d'étrangers de plus en plus nombreux, de l'influence des autres pays, de la TV… et vous aurez sans doute l'impression de voir un monde en plein chaos. J'ai vraiment trouvé que le travail de l'auteur sur cette partie était très réussi. L'enquête qui concerne le meurtre horrible d'une femme, va mettre en scène nos différents protagonistes, mêlant subtilement vie professionnelle et vie personnelle, et va donc nous permettre à chaque page d'en apprendre, découvrir ou redécouvrir ce monde si particulier qu'est l'Arabie Saoudite… En résumé je me suis régalé à la lecture des mystères de Jeddah, Zoë Ferraris y présente avec justesse et finesse les travers de ce monde si particulier, de ces exigences que nous pourrions juger si …incongrues, un monde de contraste. Cette enquête si elle est bien menée, est à mon sens plus une excuse pour nous faire évoluer dans l'Arabie Saoudite de nos jours, un livre qui aujourd'hui encore prend difficilement une ride compte-tenu de la situation dans le pays. On pourrait presque l'intituler l'Arabie Saoudite pour les nuls. Bonne lecture.

 

 

Site : laurentbogros libaire blog

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:58

Je parlais il y a peu de ces personnages récurrents que l’on a plaisir à retrouver régulièrement. Dave Robicheaux en fait indéniablement partie. C’est pourquoi tout nouveau roman de l’immense James Lee Burke est attendu avec impatience. Le dernier s’appelle L’arc-en-ciel de verre.

 

Dave et son ami Clete Purcell sont de retour du Montana . A New Iberia la vie reprend son cours. Un cours agité. Dave enquête sur des meurtres de jeunes femmes. Des femmes souvent paumées, se prostituant parfois pour payer leurs doses, des femmes toujours pauvres. Des mortes qui n’intéressent guère les autorités. Clete décide de l’aider, et ils commencent à tourner autour de Herman Stanga, maquereau, dealer, pourris jusqu’à la moelle. Le problème est que Clete ne contrôle pas toujours, et c’est peu de la dire, et il abime sérieusement Stanga qui porte plainte. Les choses se corsent quand le dealer est retrouvé assassiné chez lui. Côté familial, Dave a du mal avec sa fille Alafair qui est tombé amoureuse du fils d’une des grandes familles de Louisiane. Une famille qui a bâti sa fortune sur le sang et les larmes des esclaves, puis des ouvriers pauvres. Le genre de famille contre laquelle Dave est en guerre depuis toujours.

Quand on lit un nouveau James Lee Burke, on se dit de temps en temps qu’on devrait s’embêter. Toujours les descriptions de la nature, toujours les emportements de Clete et de Dave, toujours les doutes de Robicheaux, son envie d’alcool, sa guerre incessante contre les grandes familles corrompues … Et bien entendu, on ne s’ennuie jamais. Au contraire on en redemande.

Parce que les descriptions du bayou sont toujours aussi belles. Parce que l’indignation, la rage de Robicheaux, que l’on sent très proche de son créateur, sont contagieuses. Parce que le personnage évolue d’un roman à l’autre et que l’auteur est maître en l’art de rendre perceptibles ces changements. Parce qu’il n’a pas son pareil pour nous faire sentir l’odeur de la pluie, entendre le bruit des sauts de poissons. Parce que c’est un conteur hors pair.

 

En bref, parce que James Lee Burke est un immense écrivain, doublé d’un humaniste qui n’abandonne jamais, qui ne renie jamais ses idées, ses origines. Vivement le prochain.

 

Site : Actu du noir

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:55

Ponctuel, le nouveau Connelly est le gros lancement du printemps au rayon polars. Après "Volte Face", "Le Cinquième témoin" est son deuxième titre inédit publié en France chez Calmann-Lévy*, où l'auteur a suivi son traducteur et éditeur Robert Pépin après un bail de près de vingt ans au Seuil. Question de rigueur : s'agit-il d'un bon cru, comme "La défense Lincoln" et "Le Verdict du plomb", les précédents titre de la série Mickey Haller ? Ou bien d'un roman mineur, plus léger, comme le dernier Harry Bosch, "Les neuf dragons" ?...

Qu'il s'agisse d'un nouveau récit de procès freinera peut-être l'ardeur des amateurs de pur polar. Dans ce genre si exclusivement américain, on peut avoir l'impression que John Grisham a tout dit. On sait aussi à quoi s'attendre en termes de décor, de personnages, de développement de l'histoire. Mais voilà: maintenant qu'il a mis l'inspecteur Harry Bosch en pré-retraitre pour cause d'âge (63 ans) et surtout d'usure, Connelly a trouvé en l'avocat Haller, 48 ans, un héros avec lequel voyager loin et agréablement.

Moins déprimé que Harry, son demi-frère policier, Mickey permet au romancier de surfer sur sa propre connaissance des affaires criminelles, acquise durant ses années de journalisme de terrain, tout en étant peut-être plus proche des "vrais gens", plus au coeur de la "vraie vie". L'avocat imaginé par Connelly est tout le contraire d'un idéaliste, il se moque bien de savoir s'il défend un innocent ou un coupable, il se soucie surtout de naviguer au mieux dans les méandres des lois et des procédures. Mais il accompagne plus qu'il n'affronte, il pénètre plus loin dans la vie de ses clients que Harry dans celle de ses suspects. Premier atout.

Michael Connelly en profite ici pour montrer comment la vie d'Américains ordinaires a pu souffrir de laMichael Connelly_new.jpg crise des subprimes qui a frappé l'économie du pays en 2008 (le roman est paru aux Etats-Unis en 2011). En attendant des causes plus lucratives, Mickey Haller s'est spécialisé dans les dossiers de particuliers surendettés et menacés de saisie immobilière. Jusqu'au jour où l'une de ses clientes, véritable activiste en lutte contre le système financier, est accusée d'avoir assassiné son banquier.

A travers ce cas "de base", l'auteur nous montre ce qu'ont enduré les victimes de cette crise aussi sûrement que des films comme "Inside Job" et "Margin Call" nous éclairent sur le jeu trouble des banques. Il joue avec cette actualité pour gagner en réalisme, mais la laisse en toile de fond. "Le Cinquième témoin" n'est pas un roman sur les subprimes, mais un "legal thriller". Et des plus captivants. Maîtrisant toutes les subtilités du droit pénal et civil, Connelly multiplie les coups de théâtre à mesure que Haller et l'avocat de l'accusation dévoilent leurs stratégies respectives à la barre, sous l'oeil sévère d'un juge soucieux d'équité. Un crescendo qui ne se relâche jamais.

Enfin, dernier atout majeur, bien qu'évoluant dans un univers plus gris que le flic Harry Bosch - habitué lui à se ranger au côté du bien et à faire éclater la vérité - l'avocat Mickey Haller dégage, sous son caractère retors et coléreux, une vitalité plus emballante (que Matthew McConnaughey a parfaitement incarnée à l'écran dans "La Défense Lincoln"). Verdict : "Le cinquième témoin" est un Connelly à ne pas rater, que les impatients consommeront très frais et que les gourmets mettront sagement de côté pour l'été...

 

Site : Planete polar

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Dans son dernier roman en date paru aux éditions Calmann-Levy et traduit par Robert Pépin, Michael Connelly nous propose un véritable mode d'emploi de la justice américaine. On a eu récemment l'occasion de la voir à l’œuvre sans trop comprendre comment elle fonctionnait et voilà que ce texte très dense et précis comme une encyclopédie de référence donne les clefs d'un procès pour meurtre, des premières comparutions au verdict. Mickey Haller, l'avocat récurrent à tous les sens du terme de l'auteur, tient ici le rôle du défenseur dans une affaire qui évoque le drame des subprimes dont on a tant parlé. Sa cliente est accusée d'avoir assassiné son banquier mais derrière cette histoire en apparence banale se cachent des ramifications complexes qui le conduiront avec toute son équipe d'avocats et enquêteurs jusqu'à la Mafia. Connelly est un des grands auteurs de polars du continent américain, grand par la production et immense par le succès qui est généralement au rendez-vous avec des tirages qui font pâlir de jalousie nos meilleurs écrivains du genre, sans même compter les traductions.

Pourtant derrière ce texte qui prend le temps de mettre en lumière tout un pan de la culture américaine, on sent le style hollywoodien entre scénario et novélisation avec juste ce qu'il faut de suspens, d'action et de rebondissements imprévus, notamment dans les dernières pages. Une machine bien huilée à laquelle il manque pourtant ce qui fait la différence entre un excellent scénariste et un auteur au sens littéraire du terme. Une différence qui malheureusement tend parfois à s'estomper dans ce type de littérature lorsque l'écrivain est journaliste de formation. Les faits ont alors la priorité sur la forme. Du coup le lecteur amateur de belles lettres reste sur sa faim et se contente de suivre l'affaire au fil des pages sans pouvoir s'imprégner en profondeur d'une ambiance ou d'une psychologie qui fait un grand roman. Nous n'en sommes pas encore là mais on sent pointer chez Connelly ce travers dans ses derniers romans. Une voie qui pourrait avec le temps le guider sur les rails de la catégorie des auteurs qu'on appelait autrefois "de gare", et qui pourraient se révéler sans issue. On attend la suite avec impatience.

Frédéric

 

Site : Blog du polar

 

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:30

J’en ai beaucoup voulu à Olivier Norek. Par sa faute, il m’a fallu une énergie folle pour ne pas m’endormir sur mon bureau. La veille, j’avais entamé dans les transports la lecture de Code 93. Et je n’ai pu m’arrêter de la nuit.

C’est donc peu dire que j’ai aimé Code 93.

Tout y est. Une équipe de flics aux histoires personnelles diverses et variées, souvent difficiles, la médecin légiste qui nous offre notre lot d’autopsies, les vrais méchants qui s’entretuent, les vrais gentils qui se battent comme ils peuvent contre (dans le désordre) leur hiérarchie, certains collègues, un tueur en série, parfois eux-mêmes, et surtout des meurtres mystérieux, violents de préférence et qui pourraient nous faire croire aux zombies et à l’autocombustion.

Ajoutez deux personnages qui font beaucoup à la saveur du livre, le capitaine Victor Coste accroché à sa banlieue et à son métier comme à une seconde peau, et la banlieue de la Seine Saint-Denis, où la violence est si quotidienne qu’elle en devient banale.

Il faut dire qu’Olivier Norek en connaît un rayon en la matière puisqu’il est lui-même policier depuis 14 ans en Seine Saint-Denis. Une expérience qui rend Code 93 encore plus savoureux (et angoissant) puisqu’on l’imagine possible…

Toulousain et donc flic en banlieue parisienne, Olivier Norek nous livre un premier roman (écrit dans la maison familiale en Aveyron) d’une grande réussite, à l’écriture précise qui laisse la place à la fois à une belle maîtrise des sentiments et la création d’un suspense efficace.

Un livre haletant et extrèmement prometteur.

 

Site :  Blog france3

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:24

Alalalala Jacques et moi c'est une grande histoire d'amour...
Je vous raconte, ou pas? Allez, si juste pour le plaisir!
De Jacques, j'ai lu "La femme du monstre", il y a quelques années. Roman qui m'a laissé totalement de marbre. Pas aimé, mais pas détesté... J'ai aussi lu bien sûr "Adieu", fin 2011. Là, j'ai été incapable de le terminer. J'ai trouvé ça chiant, mais chiant!! Un truc pas possible.
Je m'étais juré de ne plus jamais lire de Expert. Jamais de la vie!
Et là... à quelques jours de la sortie, son nouveau roman chez sonatine est arrivé dans ma boîte aux lettres. J'ai d'abord ris (un peu jaune). Puis à la lecture du synopsis, je me suis dis "pourquoi pas?"...
J'ai essayé. J'ai été au bout. J'ai aimé.
Alors Jacques, mon ami, voici mon plus gros MEA CULPA!

 

Le livre se déroule sur une durée d'une heure. Le temps d'une émission.
Une émission qui revient sur le meurtre de Laetitia. De chapitre en chapitre on change de personnage et donc de point de vue. On reste toujours enfermé dans ce cercle de ces 4 couples.
Chacun leur tour, ils vont raconter ce qu'ils ont vécu avant et après ce meurtre. Comment se sont déroulées ces 19 années. Les conséquences sur leur vie, leur couple. Mais aussi la vie du quartier en apparence tranquille.
De temps en temps lors d'un chapitre c'est "Elle" ou "Lui" qui parlent.
"Elle", ce n'est autre que la femme du "monstre". Elle est au courant depuis peu de ce qu'a fait son mari. Quand elle parle, elle ne donne pas de nom. Tous les indices qu'elle lâche peuvent convenir pour n'importe lequel des 4 hommes. Tout ce qu'elle attend, c'est que l'émission se termine pour que son mari avoue enfin son crime.
Et quand c'est "Lui", qui parle, même principe. Il parle de son crime, de ses agissements, mais là encore tout concorde avec les faits et gestes des 4 hommes.
On assiste donc à un vrai jeu de pistes. On cherche qui a pu faire le coup.
D'indices en fausses pistes on fait des suppositions. Lui? Non, lui, plutôt. Ou alors lui. Non, non, pas lui, lui! C'est lui! Haa non. Et c'est comme ça sur tout le long du livre.
Bien vite je me suis pris au jeux avec un certain plaisir.
On navigue donc entre l'émission et les souvenirs des acteurs de cette histoire. Entre mensonges, semi vérités et non-dits.
Le rythme est assez lent mais agréable, c'est le genre de livre qu'on aime lire en prenant son temps. Essayer d'attraper le plus d'indice pour démasquer le tueur.
Au final, c'est un roman à tiroir, ou une sorte de poupée russe. On ouvre une page et on découvre des indices. On ouvre un autre chapitre et on en apprend encore plus. La page d'après détruit nos suppositions et nous fait tout reprendre à zéro.

J'ai eu de grooos soupçons sur un de ces quatre hommes. J'étais presque sûr que c'était lui. Et au final... je me suis fais avoir. Je ne détenais pas la vérité.

En plus de ça, Jacques Expert dénonce le pouvoir qu'ont les médiats. Le mal et les ravages qu'ils peuvent faire. Mais aussi la présomption d'innocence !!

Si vous aimez les roman à énigme ou il faut réfléchir un minimum et si vous n'êtes pas très friand des grosses scènes d'action, ce livre est fait pour vous.
Un bon moment de lecture!

Je vous invite vous aussi à mener votre enquête et tenter de découvrir QUI se cache derrière ce "LUI".

 

Site : Serial lecteur

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 15:53

Ce court roman (le troisième de cet écrivain finnois) construit sous forme de course contre la montre, alors que le monde est en train de s’écrouler, ne peut laisser personne insensible. Ce qui est assez remarquable, c’est que Antti Tuomainen parvient avec habileté à nous plonger dans cette atmosphère apocalyptique avec habileté en quelques paragraphes.

 

Trois jours de la vie de Tapani... amoureux fou de sa femme qui tente, qui sait qu’il doit la secourir envers et contre tout, alors que les dérèglements climatiques entraînent la destruction, la misère, la maladie, la mort. Quelque part, Tapani n’a plus qu’un espoir, Johanna et il n’a pas l’intention de se laisser déposséder de la seule chose qui compte à ses yeux, son amour pour elle.

 

C’est ce parallèle qui est passionnant : les sentiments forts et fous qu’il éprouve pour Johanna, et le regard résigné, presque détaché qu’il a pour le reste de la planète qui s’écroule... Lui, cela fait des années maintenant qu’il vit en dehors de cette société inhumaine de consommation. Rythme, tension extrême dès le premier paragraphe, Antti Tuomainen va droit au but, nous plongeant dans son récit qui ressemble à un coup de poing : réveillez-vous !

 

Ce suspense semble vraiment être écrit dans l’air du temps, sur fond de crise économique et de désespoir. Pourtant, l’auteur évite toute leçon lénifiante ou didactique pour privilégier son intrigue et notamment l’évolution de son héros, son attachant et désespéré Tapani, auquel nous nous identifions, tout comme les personnages qu’il croise dans sa quête. Il trouvera alors ce qu’il veut... ou ne cherche pas : aide, trahison, résignation, égoïsme, meurtre, violence gratuite... l’âme humaine.

 

Un récit qui provoque un malaise salutaire ! Décidément, ces polars qui nous viennent du froid, n’ont pas fini de nous surprendre !

 

Site : blue moon

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