Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 14:18

En de bonnes mains est déjà le onzième roman de Bill James qui permet à ses deux personnages de flics, Harpur et Iles, de résoudre des enquêtes sans que l'on puisse savoir vraiment comment. Au lieu de "déjà", on aurait pu écrire "seulement" car ce roman jusque-là inédit en français date de 1994, et son auteur en a écrit dix de plus depuis. "Sans que l'on puisse savoir comment" : l'expression est ou fausse ou biaisée. Bill James, avec une ironie féroce décrit une société anglaise à travers des personnages gris qui ont très vite tendance à virer au noir.

Dans le présent roman, deux malfrats sont retrouvés morts dans une mise en scène censée rappeler un autre double-meurtre. Un même mode opératoire est souvent synonyme d'un même meurtrier seulement il peut y avoir un copycat. Au commissariat, tout le monde se demande si l'assassin n'est pas l'adjoint au chef de la police, Desmond Iles, un homme qui a tendance à faire justice lui-même en toute impunité avec causticité à l'appui. D'autant que le mobile serait à coup sûr la vengeance, les deux gangsters ayant été impliqués dans le meurtre d'un inspecteur de police infiltré. Dans une intrigue classique où l'on suit les trajectoires peu classiques de nombreux individus qui se demandent tous qui est à l'origine du meurtre originel, Bill James use de facéties, et place ses personnages au même niveau moral, flics ou voyous.

Deux autres malfrats envisagent le casse de la maison d'un troisième. Seulement voilà : l'un des deux corps initiaux retrouvés par la police est celui du Très Sympathique Original. Un original sympathique dont trois personnes avaient des motifs valables de vouloir sa mort : Iles, pour les raisons expliquées, le propriétaire de la maison que l'on envisage de braquer, et le père de sa petite amie mineure. Aussi tout le monde joue-t-il à la loterie à commencer par les deux loufiats cambrioleurs d'opérette.

Bill James mène son roman comme une pièce de théâtre. Les dialogues percutants s'imposent. Certains lieux - les blockhaus - font l'objet d'une mise en scène particulière, chaque couple de personnages y allant à tour de rôle pour livrer ses pensées, ce qui renforce l'idée que tous sont aussi pourris les uns que les autres. Il prend le temps d'en éliminer un certain nombre tout au long de ce roman qui se termine de façon totalement amorale. Le lecteur, lui, conserve le choix qu'il avait dès le début, mais ne peut s'empêcher de penser que Bill James a créé l'un des flics les plus pourris d'Angleterre à être aussi sympathique.

 

Site : K-libre

Partager cet article
Repost0
17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:58

Je parlais il y a peu de ces personnages récurrents que l’on a plaisir à retrouver régulièrement. Dave Robicheaux en fait indéniablement partie. C’est pourquoi tout nouveau roman de l’immense James Lee Burke est attendu avec impatience. Le dernier s’appelle L’arc-en-ciel de verre.

 

Dave et son ami Clete Purcell sont de retour du Montana . A New Iberia la vie reprend son cours. Un cours agité. Dave enquête sur des meurtres de jeunes femmes. Des femmes souvent paumées, se prostituant parfois pour payer leurs doses, des femmes toujours pauvres. Des mortes qui n’intéressent guère les autorités. Clete décide de l’aider, et ils commencent à tourner autour de Herman Stanga, maquereau, dealer, pourris jusqu’à la moelle. Le problème est que Clete ne contrôle pas toujours, et c’est peu de la dire, et il abime sérieusement Stanga qui porte plainte. Les choses se corsent quand le dealer est retrouvé assassiné chez lui. Côté familial, Dave a du mal avec sa fille Alafair qui est tombé amoureuse du fils d’une des grandes familles de Louisiane. Une famille qui a bâti sa fortune sur le sang et les larmes des esclaves, puis des ouvriers pauvres. Le genre de famille contre laquelle Dave est en guerre depuis toujours.

Quand on lit un nouveau James Lee Burke, on se dit de temps en temps qu’on devrait s’embêter. Toujours les descriptions de la nature, toujours les emportements de Clete et de Dave, toujours les doutes de Robicheaux, son envie d’alcool, sa guerre incessante contre les grandes familles corrompues … Et bien entendu, on ne s’ennuie jamais. Au contraire on en redemande.

Parce que les descriptions du bayou sont toujours aussi belles. Parce que l’indignation, la rage de Robicheaux, que l’on sent très proche de son créateur, sont contagieuses. Parce que le personnage évolue d’un roman à l’autre et que l’auteur est maître en l’art de rendre perceptibles ces changements. Parce qu’il n’a pas son pareil pour nous faire sentir l’odeur de la pluie, entendre le bruit des sauts de poissons. Parce que c’est un conteur hors pair.

 

En bref, parce que James Lee Burke est un immense écrivain, doublé d’un humaniste qui n’abandonne jamais, qui ne renie jamais ses idées, ses origines. Vivement le prochain.

 

Site : Actu du noir

Partager cet article
Repost0
17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:30

J’en ai beaucoup voulu à Olivier Norek. Par sa faute, il m’a fallu une énergie folle pour ne pas m’endormir sur mon bureau. La veille, j’avais entamé dans les transports la lecture de Code 93. Et je n’ai pu m’arrêter de la nuit.

C’est donc peu dire que j’ai aimé Code 93.

Tout y est. Une équipe de flics aux histoires personnelles diverses et variées, souvent difficiles, la médecin légiste qui nous offre notre lot d’autopsies, les vrais méchants qui s’entretuent, les vrais gentils qui se battent comme ils peuvent contre (dans le désordre) leur hiérarchie, certains collègues, un tueur en série, parfois eux-mêmes, et surtout des meurtres mystérieux, violents de préférence et qui pourraient nous faire croire aux zombies et à l’autocombustion.

Ajoutez deux personnages qui font beaucoup à la saveur du livre, le capitaine Victor Coste accroché à sa banlieue et à son métier comme à une seconde peau, et la banlieue de la Seine Saint-Denis, où la violence est si quotidienne qu’elle en devient banale.

Il faut dire qu’Olivier Norek en connaît un rayon en la matière puisqu’il est lui-même policier depuis 14 ans en Seine Saint-Denis. Une expérience qui rend Code 93 encore plus savoureux (et angoissant) puisqu’on l’imagine possible…

Toulousain et donc flic en banlieue parisienne, Olivier Norek nous livre un premier roman (écrit dans la maison familiale en Aveyron) d’une grande réussite, à l’écriture précise qui laisse la place à la fois à une belle maîtrise des sentiments et la création d’un suspense efficace.

Un livre haletant et extrèmement prometteur.

 

Site :  Blog france3

Partager cet article
Repost0
17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:24

Alalalala Jacques et moi c'est une grande histoire d'amour...
Je vous raconte, ou pas? Allez, si juste pour le plaisir!
De Jacques, j'ai lu "La femme du monstre", il y a quelques années. Roman qui m'a laissé totalement de marbre. Pas aimé, mais pas détesté... J'ai aussi lu bien sûr "Adieu", fin 2011. Là, j'ai été incapable de le terminer. J'ai trouvé ça chiant, mais chiant!! Un truc pas possible.
Je m'étais juré de ne plus jamais lire de Expert. Jamais de la vie!
Et là... à quelques jours de la sortie, son nouveau roman chez sonatine est arrivé dans ma boîte aux lettres. J'ai d'abord ris (un peu jaune). Puis à la lecture du synopsis, je me suis dis "pourquoi pas?"...
J'ai essayé. J'ai été au bout. J'ai aimé.
Alors Jacques, mon ami, voici mon plus gros MEA CULPA!

 

Le livre se déroule sur une durée d'une heure. Le temps d'une émission.
Une émission qui revient sur le meurtre de Laetitia. De chapitre en chapitre on change de personnage et donc de point de vue. On reste toujours enfermé dans ce cercle de ces 4 couples.
Chacun leur tour, ils vont raconter ce qu'ils ont vécu avant et après ce meurtre. Comment se sont déroulées ces 19 années. Les conséquences sur leur vie, leur couple. Mais aussi la vie du quartier en apparence tranquille.
De temps en temps lors d'un chapitre c'est "Elle" ou "Lui" qui parlent.
"Elle", ce n'est autre que la femme du "monstre". Elle est au courant depuis peu de ce qu'a fait son mari. Quand elle parle, elle ne donne pas de nom. Tous les indices qu'elle lâche peuvent convenir pour n'importe lequel des 4 hommes. Tout ce qu'elle attend, c'est que l'émission se termine pour que son mari avoue enfin son crime.
Et quand c'est "Lui", qui parle, même principe. Il parle de son crime, de ses agissements, mais là encore tout concorde avec les faits et gestes des 4 hommes.
On assiste donc à un vrai jeu de pistes. On cherche qui a pu faire le coup.
D'indices en fausses pistes on fait des suppositions. Lui? Non, lui, plutôt. Ou alors lui. Non, non, pas lui, lui! C'est lui! Haa non. Et c'est comme ça sur tout le long du livre.
Bien vite je me suis pris au jeux avec un certain plaisir.
On navigue donc entre l'émission et les souvenirs des acteurs de cette histoire. Entre mensonges, semi vérités et non-dits.
Le rythme est assez lent mais agréable, c'est le genre de livre qu'on aime lire en prenant son temps. Essayer d'attraper le plus d'indice pour démasquer le tueur.
Au final, c'est un roman à tiroir, ou une sorte de poupée russe. On ouvre une page et on découvre des indices. On ouvre un autre chapitre et on en apprend encore plus. La page d'après détruit nos suppositions et nous fait tout reprendre à zéro.

J'ai eu de grooos soupçons sur un de ces quatre hommes. J'étais presque sûr que c'était lui. Et au final... je me suis fais avoir. Je ne détenais pas la vérité.

En plus de ça, Jacques Expert dénonce le pouvoir qu'ont les médiats. Le mal et les ravages qu'ils peuvent faire. Mais aussi la présomption d'innocence !!

Si vous aimez les roman à énigme ou il faut réfléchir un minimum et si vous n'êtes pas très friand des grosses scènes d'action, ce livre est fait pour vous.
Un bon moment de lecture!

Je vous invite vous aussi à mener votre enquête et tenter de découvrir QUI se cache derrière ce "LUI".

 

Site : Serial lecteur

Partager cet article
Repost0
3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 18:07

Ce roman est un piège ! En fait, en le commençant, nous avons l’impression de tomber dans le polar glauque venu du froid, avec une histoire tragique qui lancera une action plus psychologique que physique... mais rapidement, nous nous laissons totalement emportés par une intrigue au rythme surprenant. En fait, les deux auteurs danois semblent avoir compris ce qui fait la qualité du polar à l’américaine, soit une efficacité et une tension en constante accélération jusqu’au paroxysme et ils ont totalement su intégrer cette qualité à leur roman.

Ce livre est tout bonnement captivant : de courts chapitres où l’on voit Niels et Hannah (couple apparu dans le dernier homme bon, précédent roman de Anders Ronnow Klafund et Jacob Weinreich, soit A.J. Kazinski) singulièrement touchés par cette histoire, bien plus personnellement qu’ils ne pouvaient s’y attendre. Niels se focalise sur ce suicide suspect pour oublier que son épouse se renferme mystérieusement sur elle, alors que Hannah tente de régler un énorme problème inattendu.

Toute la partie concernant Hannah n’étant pas "policière" pourrait ralentir le rythme, or, les auteurs ont la très bonne idée de la construire comme un suspense. Cela approfondit en plus ce personnage intéressant de surdouée asociale qui a bien du mal à affronter la réalité et les aléas de l’existence. Si bien que son angoisse fait entièrement partie de l’intrigue. Hormis ce duo, des personnages secondaires attirent notre attention et bien évidemment, en premier lieu, Leon, le collègue de Niels, qui apporte une vraie force "vive" à ce récit.

S’agissant justement du thème choisi, celui de de la vie après la mort selon la pensée de Socrate, il est justement loin des idées actuelles du polar qui font état du mal être social ou alors qui se focalisent sur l’éternel et trop récurrent serial killer. Là au moins, même si cela a déjà été traité, les deux auteurs savent parfaitement se réapproprier de façon très intéressante ce "mystère" qui passionne toujours nos scientifiques.

Excellent !

 

Site : Blue moon

Partager cet article
Repost0
3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 18:00

On ne peut pas reprocher à la série noire de ne pas prendre de risque … Cette année, après La nuit de Frédéric Jaccaud, Le bon père de l’américain Noah Hawley une fois de plus, ne caresse pas le lecteur dans le sens du poil. Malgré cela (ou plutôt, à cause de cela), ce serait dommage de passer à côté.

 

 

Le Docteur Paul Allen mène une vie réglée et confortable du côté de New-York. Médecin reconnu (et donc fort bien payé), époux et père comblé, il vit dans une banlieue tranquille et cossue. Jusqu’au soir où, loin de là, à los Angeles, un déséquilibré tire sur le candidat démocrate à la Présidence, l’homme qui rassemblait l’espoir de tout le pays. La nouvelle est choquante. Cinq minutes plus tard deux hommes sonnent à sa porte. L’assassin a été arrêté. C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années. Le fils de Paul Allen, né d’un premier mariage. Un fils qu’il n’avait pas vu depuis des mois. Incapable de se rendre à l’évidence, Paul Allen va basculer dans la paranoïa et remonter dans le passé de ce fils qu’il croyait connaître pour trouver la faille, prouver son innocence … Ou se résoudre à l’impensable.

Commençons par évacuer une question rigolote. Je ne sais pas qui a décidé de cataloguer ce roman dans « thriller » en quatrième de couverture, mais vraiment, c’est plutôt drôle. Parce que s’il y a en ce moment un roman qui n’a rien du « thriller » tel que l’entendent les vendeurs de best sellers, c’est bien celui-là !

Passons donc. Un roman absolument passionnant. Tant par la forme, que par les questions qu’il pose.

On dit d’un morceau de musique que si l’ouverture et le final sont réussis, le tour est joué. C’est aussi vrai pour un roman. Et ici les deux chapitres, le prologue et l’épilogue sont très forts. Très émouvants. Vraiment. Je n’ai pas envie de les reprendre ici (j’ai la flemme) et vous pouvez aller voir chez Yan le final du prologue.

Entre les deux, le récit est parfaitement distribué entre le présent de ce père qui cherche à savoir, le récit des derniers mois du fils et les retours quelques cas célèbres d’assassinat d’hommes politiques ou d’anonymes.

Une mise en forme au service de deux questions : Comment peut réagir un père à une telle nouvelle ? Et pourquoi dans ce pays autant de jeunes hommes, un jour, prennent une arme et tirent sur quelqu’un, sénateur, président ou passant ?

Deux questions, aucune réponse … Et c’est la grande force du livre.

La première, bien évidemment, va continuer à tourner, tourner, tourner dans la tête de tous ceux qui ont des gamins. Elle rejoint la thématique d’un autre roman extraordinaire, Les feuilles mortes du grand Thomas Cook. Le récit ici prend une autre direction, mais il partage avec celui de Cook la finesse dans la description d’une situation qui pourrait se prêter au pathos le plus lourd et le plus larmoyant. Je sais que cette question restera longtemps dans un recoin de mon cerveau, et resurgira sans doute aux moments les plus inattendus …

La seconde question évidemment ne trouve pas non plus de réponse. Quel disfonctionnement, quelle frustration, peuvent-ils expliquer que dans le pays qui se définit lui-même comme la plus grande démocratie du monde, la lumière qui doit guider le reste des nations, autant de jeunes hommes prennent un jour une arme pour tirer sur un sénateur, un président ou des anonymes ? Comment en sont-ils arrivés là ? Qu’est-ce qui dans l’Histoire, et dans leurs histoires a abouti à ce geste irréversible ? Des éléments, des fragments de réponses sont apportés, mais il est clair, tout au long du roman qu’aucun n’apporte une explication satisfaisante. Ni pour les cas réels exposés, ni pour l’histoire inventée par Noah Hawley.

Ce qui laisse le lecteur, comme le pauvre docteur Allen, perdu, troublé (et c’est peu dire) et durablement marqué par cette histoire.

 

Site : actu du noir

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Poignante quête d’un père à la recherche désespérée de l’innocence de son enfant, Le bon père, de Noah Hawley est un roman singulier qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses.

S’il prend la forme d’un roman d’enquête visant à éclairer un éventuel complot qui aurait eu pour but de faire accuser un innocent, le lecteur à tôt fait de se rendre à l’évidence : l’auteur n’est pas là pour le brosser dans le sens du poil et mettre en avant l’innocence présumée de Daniel. Tout l’accuse et la raison ne peut que nous amener à croire à la culpabilité du jeune homme là où, pour Paul Allen, rien ne peut vraiment convaincre de sa culpabilité. Car Daniel est son fils et qu’il a toujours été pour lui un enfant puis un jeune adulte équilibré. Car reconnaitre la culpabilité de Daniel, se serait sans doute aussi reconnaitre sa culpabilité propre, parce qu’il l’a – même si ce n’est que de loin en loin – élevé, parce que la manière dont il l’a éduqué ou celle dont il ne s’est pas toujours occupé de lui sont de sa responsabilité.

La question se pose donc pour Paul Allen : « Ai-je été un bon père ? Aurais-je pu être un meilleur père ». Car face au drame, Allen, homme équilibré qui s’est longtemps targué d’avoir un fils particulier, certes, mais libre, remet en cause le libre arbitre de son enfant. S’il a commis un acte odieux, ce ne peut être que la faute de quelqu’un d’autre ; un complot, ou, à défaut, une éducation sans doute ratée à un moment ou un autre. Daniel perd dès lors toute indépendance aux yeux de son père pour n’être que le produit d’une éducation ou, pire, un objet manipulé par des forces obscures.

En développant l’histoire de cette quête de vérité que l’on sent vouée à l’échec, Noah Hawley aborde par ailleurs, au travers de chapitres revenant sur quelques célèbres meurtres ou tentatives de meurtres (Bobby Kennedy, Ronald Reagan, Virginia Tech ou l’université du Texas) dans lesquels Paul comme Daniel cherchent une explication aux actes de ce dernier. Une façon de parler de la manière dont une société armée jusqu’aux dents, où l’individu prime mais où il est parfois isolé et en butte à un système dans lequel il ne peut s’intégrer, transforme des citoyens en assassins.

Tout cela est fait avec une finesse et une certaine élégance qui n’est pas sans rappeler parfois Thomas H. Cook et donne un roman noir tout en nuances, avec un certain suspense, mais avec surtout des questions destinées à rester longtemps en suspens.

 

Site : Encore du noir

Partager cet article
Repost0
3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 17:50

Dernier roman de Didier Daeninckx, Têtes de maures est à la fois dans la veine de ses précédents polars sans, toutefois, aborder trop frontalement l'actualité corse (cf I Cursini, d'Alex Deniger). Car oui, pas difficile, à imaginer, Têtes de maures se passe en Corse. Et pour une première incursion sur l'Ile de Beauté, l'auteur de Meurtres pour mémoires ne s'en tire pas trop mal. L'intrigue se tient bien même si assez rapidement ce fameux secret qui tient le livre vient à l'esprit. Donc, si le lecteur ne fonce pas tête première dans des chausse trappes, des fausses pistes et ce n'est pas le style de Daeninckx de toute façon, il est bien pris par l'histoire, celle de 1931, qui correspond à la chasse aux tristement célèbres bandits d'honneur. Et là...

Là, le roman regorge d'informations. Très simplement, Melvin reçoit le faire part d'obsèques d'une fille qu'il a aimé il y a une poignée d'années sur le sable fin de Propriano. Mu par la curiosité, ce demi-sel, du Xe arrondissement parisien, se rend en Corse, manque de se prendre une balle pendant l'enterrement et comprend qu'il y a quelque chose de pas clair dans le suicide de son ancien amour. Daeninckx balance alors le résultat des recherches de Melvin, notamment sur la période 1931. Epoque des bandits d'honneur, Bartoli, Caviglioli et Spada qui rackettaient ni plus ni moins, les établissements touristiques de leurs micro régions respectives. Après un énième drame, cette fois à Guagno les Bains, Laval, ministre de l'Intérieur, président du Conseil, envoie les forces armées passer le maquis au peigne fin...

L'auteur n'est pas sot et renvoie cette histoire à l'actualité brûlante de la Corse, aux rodomontades du ministre Valls. Dans le style " déjà il y a 80 ans..." Surtout que Têtes de Maures est rythmé par une fausse revue de presse de Corse-Matin où presque quotidiennement, en 2012, un assassinat serait perpétré. Daeninckx ose le parallèle, le saut dans le temps. Et ça fonctionne. La malédiction qui frappe le clan des Dalersa semble finalement celui de cette île, portant un héritage pesant, fait de secrets, de sang, de trahisons aussi.

Didier Daeninckx aime visiblement cette région, il la connaît assez bien et la traite, en littérature, avec une belle justesse, n'omettant pas ce qui la fracture tout en sublimant ses meilleurs aspects. Ne serait-ce l'intrigue un peu basique, Têtes de Maures livre sa part de vérité sur la violence qui est en chacun, la violence inconsciente parfois, la violence qui jalonne, finalement, quasiment toute société occidentale. A fortiori latine.

 

Site : Nice matin

Partager cet article
Repost0
30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 16:00

Voilà, j’étais donc englué dans la lecture de La nuit de Frédéric Jaccaud, sorti à la série noire. Je ne sais pas si c’est un polar, ce n’est certainement pas ce que le public qualifie de « thriller » même si c’est ce qu’il y a écrit en quatrième de couverture. Ce qui est certain par contre, c’est que c’est totalement cohérent avec les choix d’Aurélien Masson depuis qu’il est à la tête de cette maison. Une maison qui, avec les Chainas, Stokoe et maintenant Jaccaud nous a offert ce que le « polar » offre de plus original et de plus crépusculaire ces dernières années … A défaut d’être le plus aimable et le plus accessible …

 

 

Tromso, quelque part très au nord de l’Europe. L’hiver, propice à toutes les déprimes. Le froid, la nuit perpétuelle, un monde futur (proche) au bord de l’abîme (sans qu’on sache trop quel abîme). Des destins vont se croiser dans ce monde où les animaux de compagnie ont remplacé les enfants, et au moment où ces animaux, justement, semblent mourir en proportion inquiétante.

 

 Karl, vétérinaire urgentiste dépressif, alcoolique et auteur d’un ouvrage désespéré qu’il n’a jamais fait lire à personne ; Maze et Dix, deux gros bras d’une entreprise qui traquent ceux qu’on leur dit de traquer ; Cherry, pute africaine ; Aleksy, ado attardé, informaticien génial qui s’amuse à semer le chaos informatique et à voir les effets sur la vraie vie ; Lucie, militante de la protection des animaux … Et bien d’autres. En quelques jours ils vont se croiser, se télescoper, jusqu’à l’apocalypse.

 

 J’ai écrit dans mon billet précédent que je ne savais pas quoi en penser. C’est toujours en partie vrai. En général, quand je n’avance pas dans la lecture d’un bouquin, quand je ne suis pas impatient de l’ouvrir de nouveau, quand je n’arrive pas à en lire plus de 30 à 40 pages en suivant, c’est mauvais signe. Et souvent je ne vais pas au bout.

 

 Mais pas là. Tous les symptômes étaient là, mais je n’ai jamais cessé d’être étonné, et surtout curieux de voir où voulait aller l’auteur. Le morcellement de la lecture est favorisé par la suite de chapitres très courts, et par la succession rapide des points de vues. Etonnamment, même si on ne peut pas dire que l’auteur recherche l’empathie du lecteur, on veut savoir comment ça va mal finir (car il n’y a aucun doute, ça va mal finir). Et encore plus étonnamment, malgré la noirceur du propos, la cruauté de certaines scènes, il y a aussi un certain humour. Humour noir, mais humour.

 

 

A mon goût, il manque dans toute la première partie de ce puzzle une tension dramatique et narrative qui par contre nous tombe dessus sans préavis dans la sixième et avant dernière partie, sobrement nommé « extermination ». Là tout se noue, tout s’accélère et on est, enfin, happé par le récit.

 

 

Ce qui ne veut pas dire qu’on s’ennuie avant. Mais on n’est pas impatient. J’imagine que c’est voulu, que la structure éclatée et en apparence peu connectée, sans fil conducteur, est là en écho à un monde où les liens entre les gens ont presque entièrement disparus, mais où leurs faits et gestes ont quand même des interactions qui deviendront évidentes (et catastrophiques) dans la sixième partie. Tout semble donc maîtrisé, très réfléchi, extrêmement intéressant, pas forcément très facile à lire.

 

Ajoutons qu’on est noyé sous les thématiques (manipulation de l’information, fin du monde, bêtise d’une écologie sans réflexion, drame de la solitude, dérive sécuritaire …), mais que la qualité d’écriture de chaque chapitre et la puissance d’évocation des fragments fait qu’on s’accroche, et qu’on prend plaisir à la lecture par petits bouts.

 

Un livre étonnant, exigeant, intrigant, passionnant, à lire quand on est en forme.

 

Actu du noir

Partager cet article
Repost0
30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 15:51

Action action action maitre mot des premières pages, et réflexion basique à la clef, sur l’écologie, la religion, sur un panel étoffé, de toute l’information qui nous entoure ou nous entraine à penser unidirectionnelle.

 

Remarque on n’a pas trop le temps de réfléchir, tellement le récit vous saute à la gorge et vous serre.

 

Le net est devenu le champ de bataille entre Freeman et croisé, mais du virtuel il faut passer au terrain. Et c’est comme cela que l’action débute sont pris dans le feu un couple d’anciens activistes, par le lien d’un de leur ancien compagnon hackers et activiste aussi. Leurs vie bascule en un moins que rien, ils sont recherches par la justice et sont aidé par les free men. Flingue, course poursuite tous les ingrédients sont là et la mayo prend. Le récit est usant par l’action non-stop, usant dans le bon sens de bien entendu

 

Plus les pages se tournent, plus l’auteur amène à la réflexion, sur un tas de trucs, l’ami peut devenir l’ennemi et vice versa, who is who, ressortez moi, Confucius, Sun Tsu, lao Tseu, Machiavel etc.

 

Apres on se retrouve tous un peu dans les tribus décrits par l’auteur, bobos, écolo, activistes, hackers, fondamentalistes et tous les autres, presque tous, pas moi et d’autres, mais j’en reparlerai avec l’auteur.

 

Ce qui restera très étonnant avec le livre c’est la non-stop action réflexion aussi bien amené, ce qui est peu courant !!!

 

Un petit côté matrix philosophique, ça part dans tous les sens, bobo, écolo extrémiste, anar, et d’autres tous les mouvements sont conviés, l’analyse se fait en temps réel, tout lecteur sera interloqué, et convié Noam Chomsky dont je fais connaissance, ce qui m’ enchanté.

 

La force du texte au-delà de l’histoire mettant en scène plusieurs camps pour diriger ou influer sur le monde c’est cette manière de tailler dans les mots, et de la façon dont il a choisi de travailler en forme tweet, 140 mots pas plus.

 

Cela donne une nervosité à ce texte, du rarement lu.

 

Site : Unwalkers

Partager cet article
Repost0
30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 15:44

La logique d’un massacre. Ta mort sera la mienne met tout de suite les nerfs de son lecteur à rude épreuve. Un homme, habillé d’une combinaison de cuir, le visage dissimulé par un casque de moto, se livre à un massacre dans un motel de luxe dans les plaines de l’Utah. Toutes les personnes présentes (des étudiants en séminaire) sont éliminées avec une précision méthodique et une absence de pitié. Nul refuge ne semble être possible. Le tueur voit tout. Le tueur est ultra efficace. Une balle, un mort. Il effectue ses gestes de manière robotique, comme s’il était un véritable Terminator.

 

La tension est aussi créée par le style syncopé de l’auteur, fait de phrases courtes, tranchantes, qui étouffe le lecteur, l’empêche de reprendre son souffle. L’utilisation du présent renforce l’effet.

 

On n’est pas loin de James Ellroy ou de Chuck Palanhiuk dans le phrasé. Une fièvre se dégage et qui, c’est à souligner, ne faiblira quasiment pas tout au long du roman.

 

Ce livre est l’histoire d’un massacre comme il en arrive tant aux Etats-Unis. Un forcené surarmé réalise un carnage sur des gens sans défense, coincé dans un endroit d’où ils ne peuvent s’échapper. On saura gré à Fabrice Colin de n’évoquer à aucun moment les armes et leur libre circulation aux Etats-Unis. Elles sont là et c’est tout. Il se concentre sur l’action, sur ses personnages.

 

L’action prend pour cadre les plaines de l’Utah, le « pays de la préhistoire », avec « ses vues à couper le souffle ». Une expression qu’il va bientôt falloir prendre au pied de la lettre… Les grands espaces n’ont jamais paru aussi refermés. Le paysage s’étend à perte de vue, mais il n’y a aucun moyen de fuir.

 

Le cauchemar a une explication. Et Fabrice Colin de nous la livrer de manière horizontale et verticale.

 

Horizontale, en s’appuyant sur trois personnages Karen, Donald, et le tueur Troy.

 

Une étudiante, Jilian, se réfugie dans une chambre où se terre déjà sa conseillère d’éducation, Karen. Les deux femmes engagent la conversation à voix basse. Karen est sûre d’une chose : elle connaît le tueur.

 

Donald est le chef de la police locale, qui estime étrange que ce massacre arrive dans ce motel-là, précisément aujourd’hui. Il se précipite sur les lieux, en sachant très bien qu’il arrivera trop tard…

 

Les voix alternent et elles ne sont pas traitées de la même manière. Karen est décrite à la troisième personne. Donald parle à la première. Quant à Troy, c’est à la deuxième qu’il rend compte de son massacre.

 

La dimension est aussi verticale, car Fabrice Colin remonte le temps, explore les biographies de ses personnages, se livre à une véritable reconstruction de leurs itinéraires, pour nous expliquer comment ils sont tous arrivés là, à ce moment-là.

 

Petit à petit, le puzzle se reconstitue. Petit à petit, une logique apparaît.

 

Le brio de Fabrice est de commencer fort et de parvenir à maintenir la tension tout au long de son roman. On peut même dire qu’il fait preuve d’une certaine virtuosité dans ses descriptions de l’ultra-violence, en se montrant précis, clinique, si bien que l’horreur en vient à dégager une véritable beauté. Ces descriptions sont contrebalancées par le cadre des plaines de l’Utah et ses somptueux paysages, rendues par une plume qui sait aussi se faire lyrique.

 

Site : La cause littéraire

 


Partager cet article
Repost0