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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 16:45

Fin des vacances. C’est la rentrée, chez rivages aussi. Et d’emblée un choc avec ce premier roman magistral d’un anglais : Avec Né sous les coups de Martyn Waites ça commence très fort et très noir.

 

1984, quelque part dans le nord de l’Angleterre, les mineurs se mettent en grève pour combattre la fermeture de leur mine pourtant rentable, décidée par le gouvernement Thatcher. Tony Woodhouse, tout jeune homme, est le héros de la ville grâce au but qu’il a marqué contre Arsenal. Larkin est un jeune journaliste en colère, prêt à combattre par la plume au côté des mineurs, sa sœur Louise va tomber amoureuse de Tony. Tommy Jobson se taille une réputation de violence et de cruauté dans l’empire du caïd du coin.

 

Ils ne savent pas encore que Thatcher et ses alliés ont décidé d’écraser tous les mouvements populaires, dans le sang, les charges de police et une propagande massive. La solidarité ouvrière vit ses derniers instants, mais elle l’ignore encore.

 

Vingt ans plus tard, la ville est à moitié morte, les centres de réinsertion tentent de sauver quelques junkies et alcooliques. Tony boite et dirige un de ces centres, Tommy est le patron de la pègre locale, et Larkin revient, avec l’intention de dresser un bilan des années qui ont suivi la répression sanglante des grévistes. Le passé remonte, avec ses fantômes, et quelques vieux comptes vont devoir se payer.

 

Si j’en crois la quatrième de couverture, Né cous les coups est le premier roman de Martyn Waites. Il en est d’autant plus impressionnant. Pour un coup d’essai, c’est vraiment un coup de maître. Un très grand roman noir, dans le sens premier du terme, dans la lignée des deux romans de Stéphanie Benson sur la grève des mineurs de Liverpool (Brumes sur la Mersey et Sombre Liverpool).

 

Tout est magnifiquement maîtrisé et réussi dans ce roman.

 

La construction de l’intrigue, faite de va et vient entre « avant » et « maintenant », entre les années 80 du thatchérisme et le début des années 2000 de la désillusion complète est impeccable. L’auteur distille les faits et les indices, crée petit à petit une trame de suspense et de mystère là où l’on ne perçoit au début qu’une chronique, et les pièces du puzzle se mettent en place sans même qu’on se rende compte, jusqu’au dernier moment, qu’il y avait un puzzle. Très fort.

 

Les personnages sont de vrais personnages de roman noir. Fragiles, blessés, cassés, et pourtant toujours debout. Tous sont touchants à un moment ou un autre, tous sont agaçants ou même haïssables à un moment ou un autre. Tous ont été brisés par la politique libérale de la mère tape-dur. Même s’il les présente bien comme des victimes, l’auteur ne les exonère à aucun moment de leur responsabilité. Il montre juste ce qui les a amené où ils sont.

 

Là où l’auteur fait très fort, c’est de mettre en rapport, dans sa construction, la violence de la politique anglaise des années 80 et les conséquences désastreuses 20 ans plus tard. Il montre ce qui a été écrasé et ne sera jamais (du moins pour l’instant) reconstruit. Comment toute solidarité, toute idée de lutte, une certaine forme de dignité ont été détruits. Il montre les ravages sur les enfants de ceux qui ont vécu cela. Comment voir des parents démolis, voir un monde sans valeurs et sans espoir, sans appartenance à un groupe, un monde individualiste où on ne se bat plus que pour soi change la vie de ces mômes.

 

Un roman noir social impressionnant, et comme je l’ai lu dans un article, si avant vous n’aimiez déjà pas Maggie, après vous la haïrez encore davantage. Et vous saurez encore mieux pourquoi.

 

Site : actu du noir

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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 14:09

C’est la rentrée aussi chez Gallmeister. Avec une nouveauté, un nouvel auteur de nature writing. Génial. Je me suis donc précipité sur Animaux solitaires de Bruce Holbert que j’aurais vraiment voulu adorer. Mais non, à mon grand regret.

 

Nous sommes dans les années trente, quelque part dans le nord-ouest des US. Russel Strawl qui a été policier pour le compte de l’armée est retraité dans son ranch, et il s’ennuie ferme. C’est pourquoi il accepte de reprendre du service quand un shérif vient lui demander de trouver un tueur qui sème des cadavres soigneusement mutilés. Une traque s’engage, mais Russel sait qu’il est à la fois chasseur et gibier. Gibier car son passé de violences au service de l’armée fait de lui un suspect potentiel. Gibier car, comme il le dit lui-même, quand on part à la chasse à l’ours, il faut parfois être prêt à ce que l’ours aussi soit en chasse.

 

Voilà, j’ai attaqué ce roman tout à fait disposé à être emballé. Et ça a failli être le cas. Mais dans l’ensemble je suis plutôt perplexe.

 

Tout d’abord parce que du début à la fin je n’ai pas réussi à comprendre les motivations et les ressorts des personnages. Je suis peut-être bouché, ou c’est voulu, mais je ne vois aucune cohérence dans leurs actions. Et j’avoue que les quelques pages concernant leurs philosophies de vie m’ont parues assez fumeuses.

 

Ensuite j’ai trouvé qu’il y avait un manque de lien entre les différentes scènes du roman. Ce qui est fort dommage car grand nombre d’entre elles sont impressionnantes (j’y reviendrai). Mais j’avoue avoir eu du mal à relier un morceau de bravoure à l’autre.

 

Pour finir, je sais que les auteurs américains sont les champions du dialogue à double sens, à sens caché, à ellipse … Mais là c’est trop, j’ai souvent été complètement largué au point de sauter certains échanges, ce qui est un comble, car, comme le disait le grand Elmore Leonard, on n’a jamais vu personne sauter les dialogues dans un roman.

 

Et je regrette car l’écriture a une grande force, certains personnages, à commencer par Strawl sont particulièrement marquants, et surtout il y a des scènes inoubliables. Comme celle où il lâche un taureau fou de rage dans le bureau de la police tribale, ou le lever de soleil contemplé depuis un banc en haut d’un arbre. Des scènes qui révèlent une puissance d’imagination et d’écriture remarquable. A se demander si l’auteur n’aurait pas mieux fait d’écrire un recueil de nouvelles.

 

Bref, je suis dépité d’être déçu, et très désireux de voir ce que vous en avez pensé, et de lire comment vous le défendez ou faites part d’une perplexité semblable à la mienne.

 

SITE : Actu du noir

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 11:00

A Cuba on connaît bien entendu Leonardo Padura (d’ailleurs qu’est-ce qu’il devient Padura ? Et Mario Conde ?). On connaît moins Lorenzo Lunar. Il a pourtant gagné dans son pays le prix de l’écrivain cubain le plus lu, après Daniel Chavarria (et qu’est-ce qu’il devient Chavarria ?) et, justement Leonardo Padura. La vie est un tango est l’occasion, de le découvrir en France. Une excellente occasion.

 

Leo Martin est flic, responsable du quartier le plus populaire de la ville de Santa Clara (célèbre pour un des hauts faits d’armes du Che, mais c’est une autre histoire). Un quartier qui vit au rythme des coupures d’électricité et des arrivées aléatoires de marchandises diverses. Un quartier comme tant d’autres où les flics font semblant de ne pas voir qu’il y a de la prostitution et mille petits trafics qui permettent de contourner la pénurie. Impossible par contre de fermer les yeux sur le meurtre de Maikel Diaz Martinez. Quand son chef tente de lui faire croire que l’assassinat est motivé par un trafic de lunettes de soleil, même en temps de pénurie, Leo a du mal à le croire et commence à penser qu’on lui cache quelque chose.

 

Amateurs d’intrigues avec fausses pistes, ou de thrillers frénétiques, ce roman n’est pas pour vous. La vie est un tango pourrait s’appeler Chroniques d’El Condado, le quartier de Santa Clara où se déroule l’histoire. L’auteur en postface écrit qu’il lui suffit d’écouter les conversations autour de lui pour avoir toute la matière nécessaire à l’écriture.

 

Il est trop modeste. C’est bien d’avoir de la matière autour de soi. Encore faut-il savoir la façonner, l’agencer, donner corps et chair aux personnages, faire un écrin aux dialogues entendus, structurer le récit … Et faire d’une matière informe un roman qui se tient et enchante le lecteur. En bref, il faut mettre cette matière entre les mains d’un vrai écrivain.

 

Au travers de son histoire, Lorenzo Lunar nous fait connaître, aimer, désirer et haïr ses personnages. Il nous fait ressentir la lassitude, la force de l’amitié, la dureté de la vie, les trafics petits et grands, le bruit, la musique, les odeurs …

 

Il nous fait aussi toucher du doigt l’absurdité et la presque touchante ingénuité d’un système : S’il faut que la police cache absolument le délit central, ce n’est pas parce que des policiers, ou des politiques sont corrompus (comme ce serait le cas à Paris, Naples, New-York ou Mexico). Non, c’est parce que ce type de crime (vous verrez bien lequel), ne peut pas exister dans un Cuba révolutionnaire et socialiste, parce que ce serait admettre un échec. On touche à une telle absurdité qu’on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer.

 

A côté de ça, il est étonnant de voir comme les mécanismes humains sont les mêmes, quel que soit le système. Ici, pour s’acheter une respectabilité, on rentre au comité de la révolution, ou on prend sa carte, ailleurs on va à l’église ou on participe aux bonnes œuvres …

 

Bref, pour toutes ces bonnes raisons, n’hésitez pas, découvrez le Santa Clara de Lorenzo Lunar.

 

SITE : Actu du noir

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 10:32

Au risque de me répéter, l’été est l’occasion de ressortir des bouquins qui étaient un peu restés enterrés sous les piles de l’année. Comme ces Trottoirs du crépuscule de l’écossaise Karen Campbell.

 

Anna Cameron, la trentaine, belle, cassante, ambitieuse prend la tête de la Flexi, la brigade d’intervention rapide des quartiers chauds de Glasgow. Son chef veut une chose, une seule, du chiffre, des résultats. Que des prostituées se fassent régulièrement défigurer ne le préoccupe guère. Comme ne le préoccupe pas le meurtre d’un petit vieux solitaire, un vieux juif polonais qui vivait là depuis la fin de la guerre. Ce sont pourtant ces deux affaires qui vont occuper Anna et son équipe, au fil des nuits passées à arpenter le bitume, parfois à leurs risques et périls.

Voilà un roman que je suis vraiment enchanté d’avoir exhumé. Et que je vous encourage vivement à extraire de piles en sommeil, ou à demander à votre libraire ou bibliothécaire préféré. Cette chronique de vies de femmes vaut vraiment le détour.

 

Karen Campbell, ex flic si j’en crois la quatrième de couverture parle ici de ce qu’elle connaît : des vies de femmes, flics comme elle, femme de flics comme celles de ses collègues, et « clientes de flics », prostituées droguées, femmes battues, immigrées, misérables … Et elle en parle admirablement.

 

Ne venez pas chercher ici de super profiler, de serial killer démoniaque ou de coups de théâtres à répétition. Trottoirs du crépuscule est une chronique, celle de ces vies de femmes, centrée bien entendu sur Anna Cameron qui s’impose d’emblée comme un personnage très attachant que l’on aurait très plaisir à revoir. Dure, froide, pas toujours très respectueuse de la procédure et de la hiérarchie, souvent mal vue parce que femme, et parce que femme qui a du succès, mais en même temps très seule. A la fois méprisante et envieuse envers celles qui choisissent de privilégier la vie de famille, elle qui n’en a pas, capable d’être une vraie peau de vache avec les prostituées, mais capable aussi d’empathie … Bref un vrai personnage de chair et d’os avec ses hauts et ses bas, ses peurs et son courage.

 

Et surtout une « héroïne » centrale entourée d’une très belle galerie de personnages secondaires. Avec une véritable empathie et une tendresse réelle mais sans sensiblerie ni complaisance l’auteur construit et anime ses personnages, tour à tour exaspérants, pathétiques, courageux, minables, attendrissants ou éblouissants.

 

La quatrième de couverture sous-entend que ce roman est le début d’une série. Ce serait une excellente nouvelle. Il y avait le Glasgow d’un prolétariat en train de disparaître, violent et viril de William McIlvanney. Des années plus tard Karen Campbell complète le tableau, côté femmes.

 

SITE : Actu du noir

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 09:24

Rivages a eu l’excellente idée de traduire Texas Forever, roman historique de James Lee Burke, très différent de la série Dave Robicheaux. Une lecture pleine de fureur, de tripes, de crasse et de sang.

 

Début du XIX siècle, Son Holland est envoyé dans un camp de prisonniers en Louisiane. A la première occasion, il s’évade en compagnie d’un vieux de la vieille, High Allison après avoir tué un gardien. Poursuivi par le frère qui était directeur de la prison, ils fuient vers le Texas, où ils se retrouvent pris dans la guerre qui oppose les armées texianes et les mexicains du général Santa Ana, à la veille de la fameuse bataille de Fort Alamo.

 

Si j’avais lu ce roman en aveugle, j’aurais été prêt à parier que c’était du James Carlos Blake. Un peu plus de 200 pages de souffrance, de sang et de sueur, de crasse et de cris, de lâchetés et d’héroïsme … Un peu plus de 200 pages de l’histoire d’un pays qui, peut-être plus encore que d’autres, c’est construit sur la violence, sur la loi des armes.

 

On reconnaît l’intérêt pour l’histoire de James Lee Burke, mais pas sa façon d’approcher ses personnages. Autant il nous installe dans la tête de Robicheaux, autant on fait corps avec lui, autant ici il reste à distance de Son Holland et High Allison, sans jamais nous dire ce qu’ils pensent et ressentent. Mais peut-être dans ce tourbillon de violence et de mort qu’est leur vie n’ont-ils guère le temps de penser …

 

Cela n’empêche pas le roman d’être passionnant, à la manière disais-je d’un James Carlos Blake, ou de la démystification de l’ouest de Pete Dexter dans Deadwood. A lire, non pas pour retrouver le James Lee Burke qu’on connait, mais pour découvrir une autre facette de son talent et découvrir (ou redécouvrir) un pan de l’histoire américaine.

 

SITE : ACTU DU NOIR

 

 

 

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:56

Surnommée Lizzie depuis son enfance, Elizabeth Martin est une provinciale de 29 ans qui débarque à Londres par le train, en 1864. Elle vient du Derbyshire, région minière où son défunt père était médecin. Humaniste, ce docteur ne s'est jamais enrichi. La jeune Lizzie a été obligée de vendre leurs modestes biens, avant de s'en aller vers la capitale. Elle y sera dame de compagnie auprès de Mrs Parry. Veuve âgée de 42 ans, celle-ci habite le quartier huppé de Dorset Square. Elle était la seconde épouse du financier M.Parry. Cet ami du docteur Martin fut le parrain de Lizzie. C'est à ce titre que la veuve a accepté de l'engager. Et parce que sa précédente dame de compagnie, Madeleine Hexham, lui a fait faux-bond.

 

Francis Carterton, neveu désargenté de Mrs Parry, habite chez sa tante. Employé au Foreign Office, le jeune Frank attend son affectation en Russie. Sa désinvolture affichée tranche avec le rigorisme du Dr Tibbett, habitué à dîner chez Mrs Parry. Ce strict religieux aux idées passéistes est directeur d'école. Peut-être Tibbett espère-t-il épouser un jour la veuve, mais Frank est convaincu que sa tante n'y tient nullement. Le personnel de maison est ici plutôt aimable. N'ayant plus d'autre attache, Lizzie s'adapte bientôt à sa nouvelle vie. Pourtant, elle aimerait en savoir davantage sur la disparition de Maddie Hexham.

 

Benjamin Ross est inspecteur de police à Londres. C'est le fils d'un mineur du Derbyshire. La mort d'un enfant dans une galerie de mine décida de son destin. Grâce au docteur Martin, il eut droit à une base éducative suffisante pour tenter sa chance ailleurs. À Scotland Yard, sa ténacité et son intelligence lui permirent de devenir inspecteur. On vient de découvrir le cadavre d'une femme dans l'ancien quartier miséreux de Agar Town. L'endroit est un vaste chantier, car on démolit les masures pour y construire la nouvelle gare, StPancras. Il est plutôt étrange qu'on ait retrouvé un corps dans une de ces maisons condamnées.

 

L'inconnue a été tuée avec violence, par une canne ou un bâton de marche muni d'un embout en fer. Un détail aide à identifier Madeleine Hexham. L'enquête de Ben Ross agace M.Fletcher, responsable de la Compagnie de chemin de fer, car cela retarde le chantier. Si le constable Biddle fait une chute malencontreuse, les autres policiers continuent leurs interrogatoires. Ben Ross se rend chez Mrs Parry. Pas seulement pour lui annoncer la mort violence de Maddie. La veuve est aussi la propriétaire de plusieurs maisons d'Agar Town. Le policier se demande si la lettre que Maddie adressa à Mrs Parry était bien authentique.

 

Lizzie Martin ne reconnaît pas Benjamin Ross. Elle ne le rencontra qu'une fois, il y a plus de vingt ans. À cette occasion, il lui offrit un fossile qu'elle conservé tel un fétiche. En ce temps-là, la fillette bénéficia de notions scolaires, car son père avait pris une gouvernante française à leur service. Elle se cultiva ensuite en autodidacte. Même si personne ne se montre très coopératif, Ben Ross poursuit son enquête. Lizzie s'y intéresse discrètement de près, au risque de mettre sa vie en danger. La mort suspecte d'un nommé Adams et des déductions bien réfléchies vont offrir à Ben Ross une sérieuse piste...

 

Site : action suspens

 

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 17:09

John Cleaver, adolescent sociopathe travaillant à ses heures perdues dans un funérarium, provoque Nobody, une entité maléfique, via le portable d’un démon qu’il a occis. A peine le gant jeté, des meurtres étranges au rituel particulièrement macabre se succèdent dans la bourgade. Aidé de sa petite amie Stacy, populaire et jolie fille du shérif, il va tenter de remonter la piste menant à l’assassin tout en redécouvrant des pans de sa personnalité qu’il pensait à jamais perdus.

 

 Ne partez pas ! Moi non plus, je n’ai pas été emballé par le résumé, m’imaginant coincé entre Twilight et le club des 5 plus de trois cents pages durant. Je me voyais même refiler l’objet à l’un de mes confrères que j’aurais préalablement poussé à la boisson… Par bonheur, en guise de référence, c’est davantage du côté du Bourbon kid qu’il faut lorgner avec des personnages épais, un humour omniprésent et l’indéniable talent qu’a l’auteur de rendre compte d’une certaine adolescence.

 

L’intrigue progresse au gré de l’initiation du héros qui se trouve enfin du bon côté de la marge, prenant le temps d’approfondir chaque relation, autant de liens qui donnent corps à cette banlieue qu’on imaginerait bien filmée par David Lynch. Et devant un tel déploiement, on occulte le fait qu’il s’agit de l’ultime pan d’une trilogie, tout à un univers qui ne saurait mieux se laisser découvrir qu’en ces délicieux moments d’abandon que permettent encore les congés payés.

 

Site : Unwalkers

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 16:33

Athun est un grand roi viking, craint et respecté car nul ne peut le battre en combat singulier.

Mais Athun n’a pas d’héritier, pas de fils à qui léguer son royaume et son épée. Passant un marché avec des sorcières, il est censé trouver un petit garçon - mais au lieu de trouver un bébé, il va en trouver deux, des jumeaux…

Le premier roman de M. D. Lachlan nous fait essentiellement suivre ces deux garçons. Ils vont grandir chacun de leur côté et de façon très différente, mais le destin va surtout leur jouer bien des tours. Le destin mais aussi la volonté divine. Car à cette époque, celle des Vikings, les dieux Odin, Loki et Thor interviennent beaucoup dans les affaires des hommes.

Vali a été élevé comme le fils d’Athun et il est destiné à être son héritier. Si on lui a inculqué dès le plus jeune âge la science du combat, il a bien du mal à accepter certaines conceptions de son peuple relatives notamment à la violence et il se retrouve donc considéré comme un couard. De plus, Vali refuse de se marier à la fille du roi Fourchebarbe parce qu’il lui préfère Adisla, la fille d’un fermier. Bref, Vali n’est sans doute pas l’héritier qu’Athun attendait.

Feileg, son frère jumeau, a lui été élevé d’abord par des Berserks, puis abandonné aux loups. Sa vie n’est en rien comparable à celle de Vali. Quand le second vit dans le confort et conte fleurette aux belles demoiselles, l’autre chasse, tue et traque. Deux caractères bien différents donc, mais que le destin va pousser l’un vers l’autre ou l’un contre l’autre…

De la fantasy viking, pleine de batailles, de bruit et de fureur. Mais de la fantasy qui contient également son lot de sortilèges, de prophéties et d’intrigues de la part de dieux qui finalement s’amusent en faisant fi des hommes. Les deux héros principaux sont effectivement très éloignés l’un de l’autre, par leur caractère, leur façon de vivre et leur passé. Mais plus ils vont se rapprocher géographiquement parlant et plus les points communs vont faire leur apparition. Ils vont s’aimer, se détester, faire front commun ou se battre, se reconnaître sans savoir qui ils sont. Bref, deux destins que le lecteur suit avec énormément de plaisir.

La lecture est fluide et on se plonge vraiment dans ce monde viking à mi-chemin entre réalité et fantasy. Même si tout semble parfois « normal », le surnaturel est toujours prêt à surprendre le lecteur au détour d’un sentier. Le tout est parfaitement dosé et l’auteur sait vraiment comment happer le lecteur pour l’entraîner à la suite de ses héros. L’univers crée par Lachlan se veut réaliste et ancré dans une certaine historicité. Les personnages secondaires eux aussi sont parfaitement dépeints : leur présence illumine le roman, à tel point parfois que l’on aimerait les suivre davantage.

Le roman se révèle construit comme un immense puzzle dont on ne comprend le dessein qu’à la toute fin. Les pièces s’emboîtent petit à petit et on se rend compte que les humains ne sont que peu de choses entre les mains des dieux, sacrifiés sans le moindre remords. On se prend à les apprécier, tous, pauvres créatures qu’ils sont : que ce soit Bodvar Bjarki le Berserk, pourtant une brute invétérée et sanguinaire, ou la belle Adisla, tous demeurent soumis à leur destin. Rajoutez à tout ça un loup-garou qui est sans doute l’un des plus réussis qui soit et vous comprendrez que La Rune du loup se lit avec beaucoup de plaisir, gardant le lecteur en haleine du début à la fin.

Une bonne surprise piochée par J’ai lu, alors que l’on pensait le roman oublié des éditeurs français.

 

Site : Elbakin

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 16:17

Petete est camé. Il est aussi trop paranoïaque tandis que son acolyte, Gringalet, ne l’est sans doute pas assez. Ce n’est en tout cas pas la perspective de se retrouver avec les flics aux trousses qui l’a empêché de fracasser le crâne du pauvre caissier de la station-service qu’ils ont voulu braquer. Manque de chance, la même nuit, une bombe a explosé dans une banque et la ville est bouclée par la police et Petete et le Gringalet sont coincés dans les rues de Saint-Jacques de Compostelle.

 

On avait complètement raté Land Rover, du même auteur, publié aussi chez Rivages il y a quelques années et c’est donc une surprise que nous a réservé cette Ambulance, ou plutôt cette déambulation dans les rues de Santiago de Compostela avec un Petete dont, a priori, on ne rechercherait pas la compagnie. Parano, donc, looser aigri aimant à laisser divaguer ses pensées vibrantes d’ignorance crasse et de bêtise ordinaire, le personnage principal du roman, s’il peut fugacement faire pitié, a tôt fait d’éveiller chez le lecteur une sorte de légère indulgence amusée qui finit par se transformer en antipathie tant Petete révèle une personnalité égoïste, lâche et acrimonieuse. Plus proche du Gollum du Seigneur des anneaux que de mère Theresa, il exerce clairement sur le lecteur cette combinaison de fascination et de répulsion.

 

Et il faut bien dire que ceux qui gravitent autour de Petete, son complice comme le flic ripoux à sa poursuite ou le truand censé l’aider, ne relèvent pas le niveau et ne vont pas capter le capital d’empathie du public.

 

Mariant l’humour noir à cette cavale pathétique, Suso de Toro réussit, malgré le faible potentiel à provoquer sympathie ou empathie de ses personnages, à brosser en moins de deux cents pages poisseuses un roman malgré tout fascinant qui continue, comme un vieux chewing gum, à vous coller aux semelles après qu'on l'a lu. Une expérience de lecture que l’on ne renouvellerait pas forcément tous les jours mais vraiment singulière.

 

Site : Encore du noir

 


 

 

Suso de Toro est un auteur espagnol très discret. Du moins en France où Ambulance vient de sortir chez Rivages. Seul un autre titre Land Rover avait été traduit auparavant.

 

Le polar nous a habitué à croiser la route de paumés, de perdants parfois pathétiques, parfois flamboyants. Petete et Gringalet sont de la famille des pathétiques. Le jour même où ils sortent de prison ils attaquent une station service avec un flingue non chargé mais tuent le gardien d’un coup de barre de fer. Pas très malin. Manque de chance, au même moment, une bombe explose dans une banque de la ville. Tous les accès sont bloqués par les flics, et Petete c’est fait une entorse. Les voilà coincés dans Saint-Jacques de Compostelle grouillante de flics. Sans amis, sans argent et sans endroit où se réfugier. La suite était « courue d’avance ».

 

« C’était couru d’avance », c’est le titre de trois des sept chapitres du roman. Et c’est vrai que les deux zigotos sont tellement pitoyables, bas de front et, pour couronner le tout, malchanceux, que la fin était inévitable …

 

Une dérive au gré de la douleur de la cheville de Petete, de ses choix tous plus catastrophiques les uns que les autres. Au gré de ses monologues aigris et geignards. Au gré aussi de la traque menée par un flic asthmatique, ripoux et méchant comme une teigne. Presque aussi bête que méchant d’ailleurs. Le lecteur oscille entre un léger sourire (jaune, mais sourire) devant l’avalanche d’emmerde et la stupidité des réflexions de Petete, et une pitié tintée de dégoût, ou pour le moins de mépris.

 

Ils sont tous affreux, sales et méchants, il pleut sur Saint Jacques, les témoins sont mesquins … Bref il n’y a rien ni personne à sauver, sauf un brave corniaud. Une vraie pépite noire au goût bien acidulé.

 

SITE : Actu du noir

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 16:02

En pleine guerre civile libyenne, un groupe disparate – un archéologue, un pilote de chasse dont l’appareil a été abattu, une femme enceinte, un médecin anglais alcoolique, une actrice de théâtre, un réfugié tchadien, un enseignant opposant à Kadhafi et un banquier – tente de fuir Tripoli et de rejoindre la frontière tunisienne. Mais tout le monde n’est pas forcément ce qu’il paraît, chacun à quelque chose à cacher et les embuches s’accumulent.

 

Huis-clos, dans une voiture d’abord, dans un hôtel en ruines ensuite, de facture classique, Libyan Exodus tire une grande part de son intérêt du fait qu’il est un des premiers romans (avec deux SAS de Gérard de Villiers) à mettre en scène la guerre en Libye, fut-ce de manière finalement marginale. Il n’en demeure pas moins qu’à travers les destinées de ses huit personnages, Tito Topin nous dresse en creux un portrait partiel mais intéressant de la société libyenne d’avant la révolution et nous livre quelques explications sur les graines de la révolte.

 

Surtout, il met en place, comme il est de coutume dans ce genre de huis-clos, des relations entre les personnages qui permettent de révéler la complexité des relations, des engagements et, plus généralement, de la nature humaine. Si les ressorts dramatiques demeurent sans surprise, ils sont néanmoins parfaitement maîtrisés, rendant le roman fluide et captivant.

 

Comme on n’est pas à une contradiction près, on regrettera toutefois une présentation parfois un peu rapide des personnages et de leurs histoires respectives tout en saluant la relative brièveté du roman (un peu plus de 200 pages) qui lui confère un rythme agréable et évite longueurs et lourdeurs. Bref, voilà de quoi passer intelligemment et agréablement quelques heures de lecture.

 

Site : Encore du noir

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