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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:54

Observer les comportements, puis les traduire en mots dont naîtront des images, c'est tout le talent d'Odile Barski. C'est à elle que Claude Chabrol doit les scénarios de quelques-uns de ses meilleurs films : "Violette Nozière", "Masques", "Le cri du hibou", "Dr M", "Au coeur du mensonge", "L'ivresse du pouvoir", "Bellamy"... Elle aussi qui a adapté, pour André Téchniné, "La Fille du RER", la pièce de Jean-Marie Besset.

 

Pour la télévision, elle a signé une quarantaine de scénarios de téléfilms ("L'affaire Dominici", "Charlotte Corday") et de séries ( "Le tuteur", "Madame le juge"). Mais son métier de scénariste et de dialoguiste ne suffit pas à combler son appêtit d'écriture...

 

Entre deux films ou productions télé, Odile Barski se fait aussi romancière. Parce que les odileb.jpgtextes des romans, eux, restent, circulent, continuent de vivre. Il y a deux ans, elle nous avait régalés avec "Et tout à coup le rouge", enquête sans cadavre de l'inspectrice Ariane Messidor, dans ce même coin de Provence où Odile et son mari Marco Pauly, réalisateur, aiment se retirer entre deux films. Cette fois, dans "Héritage sanglant", son neuvième roman, autour des mêmes personnages principaux et dans les mêmes décors, de la même écriture riche et malicieuse, elle nous révèle des préoccupations plus graves, marquées par sa propre histoire familiale. Enquêtant sur l'évacuation d'une décharge, l'héroïne découvre que l'arrière-pays provençal héberge, avec des complicités locales, des rassemblements néo-nazis.

 

Fille d'un grand chercheur en génétique, Georges Barski, qui perdit tous les siens en déportation, Odile garde sans cesse les drames familiaux passés à fleur de mémoire. Sur une toile de fond qui nous rappelle des événements récents (cimetière ou mosquées profanées, agressions à caractère politique ou raciste), elle développe une écriture gourmande où le plaisir de jouer avec les mots, de les enchaîner comme au fil d'une charade, compte autant que le développement du récit. Exercice de funambule où l'auteur ne conserve l'équilibre qu'en préservant son élan. Styliste autant que conteuse, Odile Barski - par ailleurs mère de la chanteuse Adrienne Pauly et du comédien Rodolphe Barski - cultive sur les terres du roman noir un jardin original et unique, nourri par l'engrais le plus naturel qui soit : le plaisir des mots.

 

SITE : leparisien.fr

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:47

En 2009, le nombre de seniors au chômage a encore augmenté de 25,7 %." (La Voix du Nord, 28/01/10)

 

"Total annonce qu'une décision définitive sur l'avenir de sa raffinerie des Flandres, près de Dunkerque (Nord), devrait être prise d'ici à la fin du premier semestre. (...) Total publiera ses résultats annuels dans 10 jours, le 11 février. Les analystes anticipent en moyenne un bénéfice net de huit milliards d'euros au titre de 2009." (Reuters, 01/02/10)

 

Manager : n.m. ‹ 1896, manager cycliste ; empr. à l'anglais manager "celui qui s'occupe de qqch" (XVIè s.), de to manage "mener, diriger un cheval", empr. probable à l'ital. maneggiare (dont le déverbal maneggio a donné manège). (Dictionnaire culturel en langue française, Le Robert)

 

 

 

cadresnoirs couvMême si le chômage, les fermetures d'usines et le blues des cadres ne datent pas d'hier, on peut dire que le nouveau roman de Pierre Lemaitre est tristement d'actualité.

 

 

Alain Delambre, cadre de 57 ans, est au chômage depuis 4 ans. Son entreprise a été rachetée : fusion-restructuration-compression du personnel. Depuis, l'ancien DRH se serre la ceinture et enchaîne les p'tits boulots, entre deux visites au Pôle emploi.

 

Jusqu'au jour où un cabinet de consultants, chargés de recruter un responsable des ressources humaines pour une grosse boîte, retient sa candidature.

Alain n'ose y croire, mais malgré son âge, les désillusions, les innombrables refus, il ne peut s'empêcher d'espérer, c'est humain.

 

Il passe avec succès le test, est convoqué pour un entretien. La dernière épreuve : un jeu de rôles, grandeur nature. L'employeur va organiser une... prise d'otages ! Les candidats, dont Alain, seront jugés sur leur capacité à évaluer les cadres présents, la façon dont ils réagissent en situation de stress intense, leur loyauté à l'égard de l'entreprise.

 

Alain se prépare, Alain révise, il est prêt à tout pour décrocher le poste. A ravaler ses convictions, à contrarier sa femme, à impliquer ses filles. Sans se douter encore que ce jeu va l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'imaginait et qu'il n'est finalement qu'un simple rouage. Inversement, un simple rouage peut dérègler toute la machine.

 

 

Si Cadres noirs, comme Robe de marié, tient du thriller psychologique, la trame sociale est ici omniprésente, et en particulier le monde du travail, dans ce qu'il a de plus aliénant et de plus impitoyable, dominé par le rapport de forces, les luttes de pouvoir, la compétition effrénée.

 

 

Embarqué dans ce manège, on a un type ordinaire pris dans la spirale précarité-exclusion-chômage, un engrenage terrible que Pierre Lemaitre décrit avec beaucoup de finesse et de simplicité, où se mêlent pêle-mêle frustration, colère, culpabilité, perte de confiance et d'estime de soi, humiliation...

Un type qui se bat avec ses maigres armes, sa bonne volonté et des restes de dignité, mais un simple pion sur l'échiquier des grandes entreprises, qui font preuve d'une malfaisance et d'un cynisme absolus, surfant sur un capitalisme débridé qui saccage tout sur son passage. L'état des lieux est accablant.

 

D'accord, Karl Marx avait déjà théorisé tout cela, mais ça fait du bien de le rappeler !, et puis certaines choses ont changé, malgré tout. Par exemple, il ne suffit plus aujourd'hui de travailler pour l'entreprise, il faut adhérer à ses "valeurs". Dérive sectaire à la mode libéralisme. Nouvelles idoles : marketing & management, "les deux grosses mamelles de l'entreprise contemporaine". Pressurisation. Processus de déshumanisation.

 

 

Si le piège se referme sur Alain Delambre, impossible pour le lecteur de ne pas se laisser lui-même prendre au piège.

D'une part parce qu'on s'identifie immédiatement au personnage, d'autre part parce que le principe du page-turner fonctionne à merveille : on est véritablement happé dans la machine mise au point par Lemaitre, qui décidément s'y entend en intrigues bien ficelées.

Rebondissements et retournements de situation alimentent généreusement le suspense, la tension monte comme une poussée de fièvre et les pages défilent sans qu'on y prenne garde.

Bref, largement de quoi passer un excellent moment de lecture. Et de cogiter un peu.

 

SITE : Moisson noire

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:38

Second roman de l'américaine Gyllian Flynn après Sur ma peau, Les Lieux sombres devrait connaître un beau succès si l'on se réfère aux nombreux et élogieux papiers qu'elle inspire, notamment sur la toile.

 

Un roman édité chez Sonatine, la p'tite maison qui monte, après s'être rapidement faite une place sur le créneau pourtant encombré du thriller : des auteurs qui s'imposent (Ellory), de belles maquettes, voyantes sans être vulgaires.

Même si je continue à regretter leurs 4ème de couv. racoleuses, qui aguichent le passant à coups de superlatifs et de dithyrambes dégoulinantes, genre : "Allez monte chéri, j'vais te montrer des trucs que t'es pas près d'oublier, crois-moi !"

 

Ok, j'te suis. Après tout y a pas de raison que tout le monde en profite sauf moi ! Alors ? Alors rien d'inoubliable, mais un bon moment quand même.

 

 

G.FlynnLibby Day, la trentaine bien tassée et d'une paresse maladive, a une nette tendance à l'auto-apitoiement depuis que sa mère et ses deux soeurs ont été tuées à coups de couteau/hache/fusil (ça fait beaucoup...) il y a presque un quart de siècle. Elle seule y a réchappé.

A l'époque, son frère Ben, un adolescent solitaire et complexé, a été accusé des meurtres et purge depuis une peine à perpétuité. Le témoignage de Libby, sept ans, avait contribué à le faire condamner.

 

Libby ne se contente pas de se morfondre, elle a aussi su profiter de sa "day-vaine" et de la générosité des gens, émus par cette triste histoire qui a fait le tour du pays. Mais voilà, le pactole a pratiquement fondu, et elle doit trouver une solution pour poursuivre une vie oisive qui lui sied plutôt bien.

Justement, elle vient d'être contactée par un club un peu spécial : des fondus d'histoires criminelles et apprentis-détectives - convaincus de l'innocence de Ben - qui lui proposent de remonter un peu le passé contres espèces sonnantes et trébuchantes.

Peu à peu, Libby va se prendre au jeu et chercher à découvrir, enfin, ce qui s'est passée cette nuit-là.

 

 

Première remarque : Gyllian Flynn a le bon goût de ne pas faire de son héroïne une courageuse et émouvante victime. Non, Cosette (ou Dorothée, du Magicien d'Oz) est une sale peste qui n'inspire guère la sympathie, tout au plus une compassion de circonstance.

 

 

La construction du récit est ordinaire mais habile, alternant les points de vue et les époques, retraçant notamment la chronologie des événements qui ont émaillé la dernière journée précédant le massacre : une succession de malentendus, de hasards malheureux, d'actes stupides ou désespérés.

 

En arrière-plan, Flynn fait une peinture sans concessions d'un midwest pauvre et rétrograde, et d'une famille écrasée par la misère. L'action se situe en partie en 1985, mais on a parfois l'impression d'être dans les années 30, en pleine Dépression.

Beau portrait aussi que celui de Patty, la mère-courage qui n'en a plus beaucoup, et qui peine tellement à élever ses quatre enfants et à gérer la ferme. Les dettes s'accumulent, et quand ce ne sont pas les créanciers qui frappent à sa porte, c'est son raté d'ex-mari qui vient lui soutirer un peu de fric.

Hormis Runner, on a d'ailleurs droit à une belle brochette de raclures et de malades en tous genres.

 

Par contre, si l'auteur réussit, avec force détails et descriptions, à installer une ambiance, son récit perd en intensité au fil des pages et le suspense bat de l'aile, si bien que j'ai ressenti un peu de lassitude au bout d'un moment, et terminé "en roue libre".

Malgré tout, voilà du travail bien fait.

 

 

"Alors mon chou, tu reviendras ?

- Un de ces jours."

SITE : Moisson noire

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:30

Je ne suis pas un fan des romans à énigme. Ni un grand admirateur de Holmes, Rouletabille, et autres Poirot, même s’ils m’ont offert de belles heures de lecture il y a bien des années. Mais de temps en temps … Et puis là, il s’agissait d’un auteur japonais, traduit pour la première fois en France. De quoi exciter notre curiosité. Voici donc, en provenance du pays du soleil levant, Tokyo Zodiac Murders de Soji Shimada.

 

shimada Les Holmes et Watson japonais se nomment Mitarai et Ishioka. Mitarai est un dilettante. Astrologue, détective déductif, aimant par-dessus tout la tranquillité … Il est interpelé par une affaire vieille de plus de quarante ans : En 1936, Heikichi Umezawa, vieux peintre misanthrope est assassiné dans son atelier. Un atelier dont la porte est fermée de l'intérieur et dont les fenêtres sont protégées par des grilles. Près du cadavre, un texte, où la victime décrivait son fantasme : fabriquer en suivant les principes astrologiques Azoth, la femme idéale. Pour les morceaux, facile, les filles vivant sous son toit les fourniraient. Quelques jours plus tard, la fille aîné de sa seconde femme est violée et tuée chez elle. Puis ce sont les cadavres incomplets des six filles sensées composer Azoth qui sont trouvés, un peu partout dans le pays. L'affaire du tueur du zodiac est née. Elle va passionner le Japon jusqu'à cette année 1979 où une femme vient apporter un document inédit à Mitarai …

 

Je ne suis toujours pas un fan de ce style de roman, et je n’en lirais pas tous les jours. Mais je me suis quand même bien amusé. Parce que l’auteur, tout en écrivant un roman dans la grande tradition, a réussi également à écrire un roman totalement original.

 

De la tradition nous avons tous les éléments : un détective génial, son assistant faire-valoir, un meurtre en chambre close, un soupçon d'astrologie (pour rire), des déductions, des schémas, un final avec présentation de la solution devant les intéressés …

 

Totalement original à plus d’un titre : Tout d'abord nous ne sommes pas en Angleterre mais au Japon, un pays décrit dans son évolution de 1936 à la fin des années 70. Egalement parce qu’aux mystères « classiques » l’auteur associe le thème moderne du serial killer. Son détective est totalement décalé, hors norme. Non pas qu’il soit cocaïnomane, alcoolique … ou autre, de ceux là, on en a des wagons. Non il est bien plus étrange, surtout pour un japonais : figurez-vous que moins il travaille, moins il est connu, plus il est content. Il déteste avoir des obligations, devoir se lever alors qu’il a envie de rester au lit, et gagner de l’argent l’indiffère totalement. Travailler moins pour vivre mieux en quelque sorte.

 

Autre originalité, l’auteur interpelle directement le lecteur, le mettant au défi :

 

« Défi lancé au lecteur […] Il va sans dire que vous êtes désormais en possession de tous les éléments nécessaires. N’oubliez pas que la clé de l’énigme est limpide et qu’elle se trouve juste sous votre nez » (page 282).

 

Et plus loin : « Le second défi […] Nous avons maintenant un indice grossier […] Je suis pourtant sûr qu’un grand nombre de lecteurs restent encore dans l’incompréhension […] C’est pourquoi je lance mon second défi : qui est donc ,%%µ**** ? » (page 298).

 

Pour finir, la liberté de ton, en particulier dans les dialogues, est très moderne, ce qui crée un contraste plaisant avec la thématique. Pour vous donner un exemple, voici comment Mitarai l’iconoclaste ose parler de son illustrissime prédécesseur : « Holmes nous est présenté comme le roi du déguisement. Une perruque et des sourcils blancs, une ombrelle et le voilà qui traverse la ville déguisé en vieille femme. Tu sais combien mesurait Holmes ? Plus de six pieds, soit quasiment un mètre quatre-vingt-dix ! Tu imagines des gens qui se disent : « Tiens, voilà une petite vieille d’un mètre quatre-vingt-dix » ? Un monstre, oui ! En fait les gens devaient se dire : « Tiens, voilà ce pitre de Holmes, encore déguisé en bonne femme ! » Seul Watson se laissait avoir. »

 

En bref, une excellente récréation pour les amateurs de logique qui ne dédaignent pas une pointe d’humour et un filet d’exotisme.

 

SITE : Actu du noir



"Le défi lancé au lecteur.

Peut-être est-il un peu tard. J'espère évidemment que les lecteurs feront preuve de fair-play, mais je souhaite tellement qu'au moins un d'entre vous réussira à résoudre cette énigme que je ne peux m'empêcher de vous encourager avec ces quelques mots : il va sans dire que vous êtes désormais en possession de tous les éléments nécessaires. N'oubliez pas que la clé de l'énigme est limpide et qu'elle se trouve juste sous votre nez." (Shimada Sôji, p.282)

 

Sous votre nez, sous votre nez... Facile à dire quand on a écrit la fin ! Bon, est-ce que j'aurais fini par trouver "la clé de l'énigme"? J'en doute, mais de doute façon je ne me suis pas apesanti, trop pressé de découvrir le fin mot de l'histoire.

 

 

Tokyo zodiac murderEn 1936, les corps de six jeunes femmes ont été retrouvés mutilés aux quatre coins du Japon, enterrés à différentes profondeurs. C'est leur père, le peintre Heikichi Umezawa, qui avait consigné dans un journal son macabre projet : prélever un "tronçon" sur chacune de ses filles afin de créer la déesse "Azoth", selon un rituel ayant trait aux signes du zodiaque.

Problème : Heikichi a lui-même été assassiné avant le massacre de ses filles, qui plus est dans une pièce fermée de l'intérieur.

 

L'affaire, très célèbre, n'a jamais été résolue et donne lieu, depuis quarante ans, à nombre d'interprétations, plus farfelues les unes que les autres.

 

Jusqu'au jour où, à la faveur d'un témoignage écrit remis entre leurs mains, le détective amateur Kiyoshi Mitarai, assisté de son fidèle (et unique) ami Kazumi Ishioka, décide de s'y intéresser. La considérant comme un simple mais néammoins stimulant défi intellectuel, il fait même le pari d'élucider les crimes en une semaine. Alors que la police et le Japon tout entier échouent depuis tout ce temps ! Ne présume-il pas de ses formidables capacités d'analyse ?

 

 

Voilà un duo qui rappelle évidemment celui d'Holmes/Watson. Sherlock Holmes ? "Cet anglais inculte et menteur, ce charmant cocaïnomane...?".

De la même façon, Tokyo Zodiac Murders descend d'une longue lignée de romans d'énigme, une tradition d'ailleurs fortement ancrée au Japon.

Et sans faire injure à John Dickson Carr ou Ellery Queen, il est d'ailleurs agréable de troquer les manoirs anglais pour le Japon de l'ère Shõwa, d'autant plus que l'auteur en profite pour évoquer (voire railler), au détour d'une phrase, l'évolution des moeurs et du mode de vie des japonais entre les années 30 et 70.

 

 

On découvre pour la première fois en France Soji Shimada, avec la traduction - d'après une nouvelle version - de Tokyo Zodiac Murders ; son premier roman, paru au Japon il y a une trentaine d'années déjà, et qui fait figure de classique.

Depuis, ce très prolifique auteur - né en 1948 et lauréat du Prix Edogawa Ranpo - a écrit plusieurs dizaines de romans policiers, dont une quinzaine mettent en scène le brillant et déconcertant Mitarai.

 

 

S'il a réécrit son roman afin de gommer quelques maladresses, Shimada en a omis quelques unes à mon sens (je pense à quelques répétitions et longueurs, bénignes somme toute) et se montre parfois confus dans sa démonstration finale (prévoyez 2 aspirines page 328...).

Mais il a surtout élaboré une intrigue particulièrement ingénieuse et qui conjugue les trois questions inhérentes au genre policier : Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Et puis, le voisinage entre les thèmes classiques (la chambre close) et contemporains (la figure du tueur en série) donne à son roman un charme étrange.

 

C'est pourquoi on passe volontiers sur les inévitables invraisemblances du récit, puisque seul compte finalement le plaisir du mystère...

 

Saurez-vous le déchiffrer ? Et "n'oubliez pas que la clé de l'énigme est limpide et qu'elle se trouve juste sous votre nez."

 

SITE : moisson noire

 

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:23

Avec La variante Istanbul, Olen Steinhauer poursuit son excellente chronique de la vie du côté du Pacte de Varsovie entre 1946 et la fin des années 70.

 

steinhauer 1975. L'avion est parti de la Capitale, en direction d'Istanbul. Quatre arméniens le détournent, pour qu'on reconnaisse enfin le génocide de 1915. Mais les choses ne se passent pas comme prévu et l'un des pirates fait exploser la bombe qui se trouve en soute. A bord se trouvait Libarid, membre de la brigade criminelle de Brano Sev. Dans un contexte de guerre froide exacerbée, de groupuscules d'extrême gauche un peu partout en Europe, de luttes d'influences, cet incident va être le détonateur d'une série d'explosions en chaine dont l'origine se situe sept ans plus tôt, en 1968, à Prague.

 

Nous retrouvons ici Brano Sev, environ dix ans après 36, Boulevard Yalta. Nous retrouvons aussi quelques uns de ses collègues. Mais l'ère de jeu s'est agrandie, la partie est plus que jamais internationale, et les événements du monde entier ont leur importance.

 

Pour autant, Olen Steinhauer ne perd pas son soucis du détail, sa capacité à décrire la vie quotidienne de l'autre côté, celui du Pacte de Varsovie. On y découvre des flics finalement pas très différents des nôtres, qui doivent lutter contre des crimes dont les motivations sont, comme de l'autre côté, le pouvoir, le sexe, la jalousie …

 

En outre, ce volume offre un beau portrait d’Istanbul, vu à travers les yeux d’étrangers, étrangers de multiples façons. Etrangers en tant que communistes dans un pays qui ne l’est pas ; étrangers par la culture ; étrangers par la religion ; encore plus étrangère cette policière qui n’a pas l’habitude d’avoir chez elle le même regard envers les femmes …

 

En bref, la digne conclusion d'une série particulièrement originale.

 

SITE : Actu du noir

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 17:10

Nouveau titre de la collection Seuil Thrillers,Le vrai mondede Natsuo Kirino est ce qu’on appelle aujourd’hui un roman choral, à plusieurs voix. Ce qui permet d’approcher au plus près du vécu des personnages, de leurs sentiments face à une situation périlleuse. Par la justesse de sa tonalité et de son ambiance, une histoire très convaincante, vraiment passionnante.

Dans la banlieue de Tokyo, vivent quatre copines lycéennes d’environ dix-sept ans, de caractères fort différents. Bien qu’appartenant à une famille équilibrée, Toshiko trouve le monde actuel agressif. En ce mois d’août caniculaire, elle suit les cours intensifs de “l’institut de gavage”. Ce jour-là, on lui a volé son vélo, et elle a perdu son portable. Rentrant chez elle, Toshiko apprend que leur voisine a été assassinée. KIRINO-2010Le fils de la victime, que ses copines et elle nomment le Lombric, est le probable coupable. Toshiko a compris que c’est lui le voleur du vélo et du portable, mais n’en dit rien aux policiers. Elle contacte ses amies Yuzan, Kirarin et Terauchi, pour leur raconter ce qui s’est passé. Elles ne sont pas surprises quand le Lombric leur téléphone, grâce au répertoire du portable

Yuzan est la plus marginale du groupe. Peu féminine, elle se pense lesbienne, et fréquente des amies assez spéciales. À traîner dans des quartiers mal famés, elle a fini par être sévèrement agressée. Son avenir lui apparaît incertain. Ce qui rapproche Yuzan du Lombric, c’est que sa mère est aussi décédée, mais de maladie. Elle lui fournit un vélo et un autre portable, pour qu’il poursuive sa cavale. Ryo, dit le Lombric, ne regrette pas son geste. Élève moyen, il subissait la pression d’une mère croyant bien faire. Le Lombric se voit comme “l’héritier d’un péquenaud et d’une pouffiasse. Et n’était-ce pas elle qui m’avait large dans un endroit où il n’y a pas la moindre fille. Pourtant, voilà qu’elle me demandait si je tombais des nanas ! Elle me demandait ça parce qu’elle avait conscience que ses méthodes d’éducation étaient un échec.” Sa version de la “normalité” irritait le jeune Ryo. Les conflits étaient permanents, jusqu’au jour fatidique.

La plus allumeuse des quatre copines, c’est Kirarin. Elle participe à une autre bande de filles, les Joyeuses Drilles, qui aguichent les garçons. Seuls ses amours d’adolescente sont au cœur de ses préoccupations. Excitée par le cas du Lombric matricide, elle le rejoint bientôt. Bien qu’il ne soit guère à son goût, elle retient son côté “héros”. Pour dormir, le couple se réfugie dans un Love Hotel. L’esprit du Lombric dérape, il s’imagine en militaire, envisage de retourner chez lui pour tuer son père. “Qui sait, peut-être que je suis un génie, après tout ? Le problème, c’est que personne n’est au courrant […] J’aurais dû dire au monde quel génie j’étais, mais j’ai merdé en oubliant de laisser une lettre dans ma chambre.” Il téléphone à Terauchi, pour qu’elle rédige à sa place son message, son manifeste. Intelligente, la jeune fille a des idées compliquées sur la vie. Elle n’éprouve aucune pitié pour le Lombric, dont la cavale semble vouée à l’échec…

L’auteur fait dire au jeune fuyard : “Les romans sont proches de la vraie vie, c’est comme s’ils montraient le monde après en avoir épluché une couche, une réalité qu’on ne pourrait pas voir autrement. Ce que je veux dire, c’est qu’ils ne sont pas superficiels.” En effet, les portraits de ces adolescentes nous présentent une facette éloignée de cette perfection japonaise tant vantée. Il est naturel que des jeunes cherchent leur voie, leur équilibre, ce que la culture de ce pays n’admet peut-être pas. Ces jeunes filles aident le Lombric pour des raisons différentes, mais toujours par méfiance pour le monde adulte ("Le vrai monde"). Elles vivent une sorte d’expérience qui exprime un besoin de “hors norme”. En les comparant à des funambules sur un fil, leur jeu débute de façon quasi-ludique, mais pourrait finir par une série de brutales chutes.


Site : action suspens Claude Le Nocher

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 16:51

une histoire de tueur en série pas comme les autres : en un twist rappelant Ruth rendell, ce qui compte n’est pas la découverte du tueur, mais les terrifiantes conséquences de ses actes sur tout ceux qui sont directement ou indirectement touché. On pense aussi à une Carson McCullers British dans cette superbe histoire d’amitié aux personnages inoubliables. Il serait dommage que ce très beau roman poignant passe inaperçu, car c’est certainement une des révélations de la rentrée.


Site : Bibliosurf

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 16:09
Une crise sociale sans précédent a plongé la France dans le chaos et le désespoir. Partout, les voitures brûlent, explosent, des bandes de casseurs vandalisent les rues. La police débordée traverse une grave crise de confiance.
Dans cette atmosphère survoltée, le commissaire Kolbe, à la tête d'une unité spéciale chargée de lutte contre la pédophilie, est sur la sellette. Ses enquêteurs viennent de découvrir un container de cassettes particulièrement atroces. L'affaire doit être élucidée au plus vite.
Dans le même temps, au métro Porte des Lilas, deux jeunes filles se jettent ensemble sous le métro. Mais s'agit-il vraiment d'un double suicide ?
A rebours d'une société cynique dont la seule règle est le profit et la consommation, les protagonistes du roman affrontent avec l'énergie du désespoir leurs propres démons. Un thriller sombre, foisonnant, complexe, extrêmement bien construit et intelligemment mené.
"
La mystérieuse découverte de DVD pédophile : voici comment débutent les premières pages du récit. Qui, dans le même temps, donnent le ton. Il s'agit d'un roman noir, torturé. Ames sensibles s'abstenir, donc. POur ceux et celles qui restent, une très intéressante découverte au fil de la lecture. Le suspense est toujours présent, au fur et à mesure que divers protagonistes, diverses histoires, se resserent, et, sans surprise, fusionnent. Les indices sont semés au fur et à mesure du roman. Le lecteur impatient avance vite, car il sait, lui, tout ce que les personnages ne savent pas : c'est à dire les découvertes des autres, que les héros fictifs n'ont pas encore rencontrés.
L'enquête est complexe, et rudement bien menée. Vraiment, une fois commencé, il est difficile de décrocher. On irait presque jusqu'à s'attacher à certains personnages, qui, malheureusement, n'apparaissent qu'un peu chacun, vu qu'il en faut pour tout le monde. Les découvertes sont dures, sombres, macabres, mais la vie à côté, plus réjouissante pour certains protagonistes que pour d'autres empêche de tomber dans une description seulement sadique. Certes, il est nécéssaire d'avoir le moral, tout du moins d'éviter d'ouvrir ce roman seul, dans un bus un peu glauque à une heure du matin. Malgré tout, le sujet s'y prêterait pourtant, pas de violence ni de descriptions gratuites.
Le style enfin est très agréable à lire, simple mais fluide, vraiment naturel. Voilà qui n'aide pas à passer aux tâches ménagères plutôt que de rester blotti sur son canapé...
Sur un fond de France en crise, rien de très réjouissant donc, simplement un roman policier très bien écrit et déroulé, de la part d'un jeune auteur qui, s'il continue sur sa lancée, devrait rapidement faire parler de lui !

Site : Craklou


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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 16:04

Bennie Griessel est en pénitence. Sa femme Anna l'a viré pour alcoolisme récurrent : six mois de mise à l'épreuve avec « chambre à part, table à part, maison à part. »
Cent cinquante six jours qu'il tient le coup, même si cette dernière nuit il a quand même fauté — du côté chair — avec une certaine Bella. N'empêche, Bennie reste flic et ce matin-là, le téléphone a sonné de bonne heure pour lui annoncer la découverte d'un corps…
Bennie rejoint sur place Vusumuzi Nbabani — que tout le monde appelle Vusi — une jeune recrue de la police parmi un groupe de six qu'il est en train de former. Griessel n'est présent qu'en tant qu'observateur, comme une sorte de mentor, mais c'est Vusi qui mène l'enquête. Sa première affaire "blanche". En effet, la jeune femme découverte égorgée est blonde ; peut-être même une touriste. La tuile…
Au même moment, sur les hauteurs dominant la ville du Cap, dans la banlieue cossue, une autre jeune femme terrorisée tente de fuir ses poursuivants. Elle a vécu la nuit précédente de terribles événements et cherche par tous les moyens à y échapper, se cachant dans les jardins ouverts des villas, tandis qu'elle est traquée par une bande de jeunes hommes…
Ce même matin, Alexandra Barnard se réveille douloureusement d'une nuit trop arrosée sous les cris de sa femme de ménage. À ses côtés, elle découvre une arme et, plus loin, son mari, mort…

Dès l'entame de son récit, Deon Meyer donne le ton et le rythme : le chrono est lancé, on ne va pas traîner en route, et si on prendra quand même le temps d'explorer certains personnages, ce sera plus tard, en passant, sur le chemin de l'enquête.
Deon Meyer, en reprenant le personnage de Bennie Griessel, le flic alcoolique, renoue également avec l'intrigue policière "pure", abandonnant (pour un temps, on l'espère) le portrait de l'Afrique du Sud post-apartheid qu'il dresse roman après roman.
Car même si avec 13 Heures sont abordés quelques volets de la société sud-africaine — comme les problèmes rencontrés par les métis, ou encore les difficultés de la police avec ses trop nombreuses jeunes recrues sans expérience — il faut bien reconnaître que ce sixième roman traduit en France joue plus sur le suspense que sur l'aspect social qu'on apprécie chez cet auteur.
Bennie Griessel se trouve ici confrontés à deux intrigues, deux enquêtes, qui se chevauchent, se superposent, s'entremêlent tout au long de cette journée menée à un train d'enfer. C'est à une longue course-poursuite contre le temps que nous sommes conviés, parfaitement maîtrisée avec un suspense toujours entretenu au fur et à mesure que les heures s'égrainent, avec des personnages attachants comme sait si bien en trouver l'auteur, mais…
Quand bien même Deon Meyer nous livre un roman réussi, ses lecteurs habituels ressentirons, je pense, comme un sentiment d'insatisfaction. 13 Heures n'a pas la puissance de L'Âme du Chasseur, du Pic du Diable ou de Lemmer, l'Invisible, alors forcément, on est un peu déçu.
Il reste cependant, dans son genre, un excellent suspense, servi par une excellente traduction.

Site : Pol'art noir

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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 15:43

John Petersen professeur d'espagnol danois, vit mal son veuvage récent et décide de faire un pèlerinage qu'à l'époque sa femme trouvait stupide : partir sur les traces d'Hemingway. L'histoire commence dans un cimetière américain : il fait chaud, Petersen a un léger malaise et s'écroule entre deux tombes. Carlos Guteriez, émigré cubain, interdit de séjour dans son pays qui était à ses côtés, lui donne de l'eau et ils commencent à parler du grand romancier américain pour qui ils se découvrent une passion commune. Ils se revoient régulièrement pendant une semaine jusqu'au jour où, apprenant Petersen part à Cuba, Guteriez lui demande un service : il a une fille qui vit toujours à La Havane et dont il n'a plus de nouvelles depuis longtemps. Guteriez se sent vieux, il ne sait pas pour combien de temps il en a et il lui demande de faire passer un message à sa fille. Tout paraît simple, mais les choses vont se corser lorsque Petersen va se faire approcher par la CIA avant son départ. On ne lui demande rien de particulier, jouer son rôle de touriste entiché de littérature, remettre le message à la fille de Carlos et en délivrer un autre...
Si Guteriez lisait des polars, il saurait qu'il faut se méfier de la CIA lorsqu'elle vous dit que votre couverture est parfaite...


L'avis du libraire

Changement de ton et de décor pour Leif Davidsen, qui explore la Havane avec une traque castriste et amoureuse sur les traces du grand Hemingway. Le livre, calé sur les flâneries de Petersen, est calme, avec une belle accélération finale. De la littérature au contexte politique, tout est minutieusement décrit – une des marques de fabrique de l’auteur – et le rebondissement narratif avec les écrits d’Hemingway ravira les fans de littérature.

Site : Entre 2Noirs

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