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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 14:38

Second roman de l'américaine Gyllian Flynn après Sur ma peau, Les Lieux sombres devrait connaître un beau succès si l'on se réfère aux nombreux et élogieux papiers qu'elle inspire, notamment sur la toile.

 

Un roman édité chez Sonatine, la p'tite maison qui monte, après s'être rapidement faite une place sur le créneau pourtant encombré du thriller : des auteurs qui s'imposent (Ellory), de belles maquettes, voyantes sans être vulgaires.

Même si je continue à regretter leurs 4ème de couv. racoleuses, qui aguichent le passant à coups de superlatifs et de dithyrambes dégoulinantes, genre : "Allez monte chéri, j'vais te montrer des trucs que t'es pas près d'oublier, crois-moi !"

 

Ok, j'te suis. Après tout y a pas de raison que tout le monde en profite sauf moi ! Alors ? Alors rien d'inoubliable, mais un bon moment quand même.

 

 

G.FlynnLibby Day, la trentaine bien tassée et d'une paresse maladive, a une nette tendance à l'auto-apitoiement depuis que sa mère et ses deux soeurs ont été tuées à coups de couteau/hache/fusil (ça fait beaucoup...) il y a presque un quart de siècle. Elle seule y a réchappé.

A l'époque, son frère Ben, un adolescent solitaire et complexé, a été accusé des meurtres et purge depuis une peine à perpétuité. Le témoignage de Libby, sept ans, avait contribué à le faire condamner.

 

Libby ne se contente pas de se morfondre, elle a aussi su profiter de sa "day-vaine" et de la générosité des gens, émus par cette triste histoire qui a fait le tour du pays. Mais voilà, le pactole a pratiquement fondu, et elle doit trouver une solution pour poursuivre une vie oisive qui lui sied plutôt bien.

Justement, elle vient d'être contactée par un club un peu spécial : des fondus d'histoires criminelles et apprentis-détectives - convaincus de l'innocence de Ben - qui lui proposent de remonter un peu le passé contres espèces sonnantes et trébuchantes.

Peu à peu, Libby va se prendre au jeu et chercher à découvrir, enfin, ce qui s'est passée cette nuit-là.

 

 

Première remarque : Gyllian Flynn a le bon goût de ne pas faire de son héroïne une courageuse et émouvante victime. Non, Cosette (ou Dorothée, du Magicien d'Oz) est une sale peste qui n'inspire guère la sympathie, tout au plus une compassion de circonstance.

 

 

La construction du récit est ordinaire mais habile, alternant les points de vue et les époques, retraçant notamment la chronologie des événements qui ont émaillé la dernière journée précédant le massacre : une succession de malentendus, de hasards malheureux, d'actes stupides ou désespérés.

 

En arrière-plan, Flynn fait une peinture sans concessions d'un midwest pauvre et rétrograde, et d'une famille écrasée par la misère. L'action se situe en partie en 1985, mais on a parfois l'impression d'être dans les années 30, en pleine Dépression.

Beau portrait aussi que celui de Patty, la mère-courage qui n'en a plus beaucoup, et qui peine tellement à élever ses quatre enfants et à gérer la ferme. Les dettes s'accumulent, et quand ce ne sont pas les créanciers qui frappent à sa porte, c'est son raté d'ex-mari qui vient lui soutirer un peu de fric.

Hormis Runner, on a d'ailleurs droit à une belle brochette de raclures et de malades en tous genres.

 

Par contre, si l'auteur réussit, avec force détails et descriptions, à installer une ambiance, son récit perd en intensité au fil des pages et le suspense bat de l'aile, si bien que j'ai ressenti un peu de lassitude au bout d'un moment, et terminé "en roue libre".

Malgré tout, voilà du travail bien fait.

 

 

"Alors mon chou, tu reviendras ?

- Un de ces jours."

SITE : Moisson noire

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