Peu de temps avant que l'adoption d'Angelina devienne définitive, Garrett, son père biologique, qui n'avait pas renoncé à ses droits, demande à reprendre l'enfant à Jack et Melissa. Il est fort de l'appui de son père, un juge fédéral, respecté et influent. Or Garrett est un malade, qui traîne avec les pires gangsters de Denver. Dans trois semaines, la fillette devra lui être rendue (traduction d'Aline Weill).
Abandonnant, pour un temps, Joe Pickett et les montagnes giboyeuses du Wyoming qui firent sa réputation, C.J. Box nous offre, avec Trois semaines pour un adieu, un roman profondément manichéen, sans aucune nuance, sans aucune subtilité, dont le but est de nous vendre l'expéditive justice finale comme une chose normale dans un pays civilisé.
D'un côté, les gentils parents et leur mignonne petite fille accompagnés de leurs amis fidèles qui vont tout faire pour empêcher l'inéluctable. Blancs, honnêtes, polis, travailleurs, ruraux, ils sont ces Amerlocains de base qui estiment que la Loi ne les défend pas ou plus, les véritables laissés pour compte face à ces hordes de métèques à qui l'on offre tout (dixit l'oncle Jeter), ces propriétaires ou ces patrons absents ou incompétents pour lesquels ils sont obligés de trimer dur (dixit le père de Jack), ces prédateurs sexuels que l'on relâche dans la nature (dixit la vox populi).
De l'autre côté, on trouve l'alliance entre un serial-killer pédophile, un réseau international du même métal, un adolescent psychopathe trainant avec un gang de Mexicains dealers de drogues, protégés par un juge intouchable qui a tous les politiques et les flics dans sa poche. Tous représentent la corruption et la dérive d'un système qu'il faudrait purger, purifier par le feu et par le sang (car nous sommes en terre blanche et chrétienne).
Ainsi balisé, Trois semaines pour un adieu tire en ligne droite, depuis l'indignation qui va saisir forcément le lecteur devant la détresse de ces parents ordinaires, jusqu'à son acceptation que la “ Justice ” – assimilée ici à une destruction d'animaux nuisibles – ne peut être rendue que par les intéressés, directement, sous le regard complice de la police.
Les coups que se donnent alternativement les deux camps dissimulent assez mal le caractère totalement invraisemblable de la plupart des situations et l'exceptionnelle fadeur des personnages. Qu'importe. Trois semaines pour un adieu, roman à mon sens profondément politique, ravira le nombreux (é)lectorat avide de justice expéditive et de revanche à bon compte. (en librairie le 3 juin 2011)
SITE : Le vent sombre