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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:24

Alors qu’il revient à son domicile à Coulaines près du Mans, après deux ans et demi d’absence, Gwen ne se sent pas à l’aise de même que sa femme Nicole qui echarde-au-coeur.jpg accueille ce retour avec détachement. Sa petite fille Justine le reconnait à peine. Seul Argo le chien lui montre des signes de joie manifestes à le revoir. Quant à Antoine, le fils que Nicole a adopté lors de son précédent mariage, il n’est pas là. Si Gwen vient de passer deux ans et demi en prison, c’est justement à cause d’Antoine qui à l’époque n’avait que quinze ans. L’homme et l’enfant ne se sont jamais vraiment bien entendus. Gwen ancien médecin militaire se montrant trop sévère, trop rigoureux envers l’enfant qui n’avait jamais accepté le remariage de Nicole. Nicole lui apprend aussi que Guillaume, leur voisin septuagénaire, et parrain d’Antoine, suite à des problèmes de santé, a préféré finir sa vie dans une maison de retraite. Gwen, n’ayant plus rien à espérer à Coulaines auprès de sa femme Nicole, tous deux envisageant le divorce, décide de s’installer dans la maison familiale héritée de ses parents à Pouldavid, près de Douarnenez. Arrivé non loin de chez lui, accompagné du fidèle Argo, Gwen aperçoit dans ses phares une jeune femme enveloppée dans des vêtements de récupération. Mara explique qu’elle avait eue envie de se baigner, il était vingt deux heures passées, dans une petite crique, qu’on avait tenté de la noyer, qu’elle avait réussi à mettre son agresseur en fuite mais qu’elle n’avait pas retrouvé sur la plage ses effets ni son sac contenant ses clés. Elle ne pouvait donc plus utiliser sa voiture garée en haut de la falaise et s’était résignée à faire du stop, mouillée, habillée de son seul maillot de bain et d’une tenue empruntée à un épouvantail. Gwen sent que Mara ne lui dit pas l’exacte vérité mais il l’emmène toutefois chez lui et lui propose l’hébergement. Mara ne peut pas ou ne veut pas retourner chez elle, et surtout elle est affolée à l’idée d’effectuer une déclaration auprès de la police. Peu à peu le lendemain elle rectifie le tir et dévoile une autre version moins édulcorée. Gwen a du mal à démêler le vrai du faux mais peu à peu il apprivoise son hôtesse. Elle raconte alors une histoire qui semble encore plus invraisemblable que sa première fable, pourtant les accents de sincérité de Mara font fléchir Gwen. Il décide de l’héberger autant qu’elle voudra et récupère dans la voiture de la jeune femme son sac et les clés de son appartement. Mara consent à dévoiler qu’en réalité elle avait rendez-vous avec son amant, dont elle ne connait que le prénom, Yvan, et n’en établit qu’une description assez vague. Gwen lui se refuse à se confier, préférant garder pour lui ses secrets. Par exemple la disparition d’Antoine et l’anxiété de Nicole, les divagations de Guillaume qui demande sa présence puis se montre désagréable comme pris de folie lorsque Gwen se rend à son chevet.


écharde au coeur Deux êtres que le destin a malmené, renfermés sur eux-mêmes mais qui peu à peu vont apprendre à se connaître, et à s’apprécier, déjouant les pièges qu’un inconnu glisse sous leurs pas, leur vie étant en danger au fur et à mesure que Gwen avec obstination remonte le filet de cette énigme qui s’avère une machination diabolique, tels sont les deux personnages principaux que Jean-François Coatmeur met en scène avec son habilité habituelle. Il tisse sa toile avec malignité, dévoilant peu à peu, comme avec réticence, les pans de la toile et le lecteur est subjugué, grillant d’impatience, tournant les pages avec fébrilité, pressé de voir affiché le mot épilogue. Qui est double d’ailleurs.

 

 

 

 


Jean-François Coatmeur, natif de Pouldavid sur mer et Breton dans l’âme n’a que rarement transporté ses lecteurs en dehors de sa Bretagne. Il trouve dans cette région les plus beaux thèmes de ses romans et ceci depuis 1963, date à laquelle parait son premier ouvrage au Masque Chantage sur une ombre. Maître incontesté du suspense, Jean-François Coatmeur n’a en rien perdu de son efficacité dans la trame de ses intrigues pour notre plus grand plaisir.

 

SITE : Mystèrejazz

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:20

Dans l'esprit de "Dexter", "Un employé modèle" de Paul Cleave est un ouvrage jubilatoire pour tous les inconditionnels de polars un peu tordus


Dans l'univers des fictions autour des tueurs en série, la série télévisée "Dexter" a apporté un souffle nouveau : le personnage principal est un tueur en série...
Partant de cette idée, le Néo-zélandais Paul Cleave propose un ouvrage rare dans lequel Joe Middleton contrôle les moindres aspects de son existence. Il travaille comme homme de ménage au département de police, sous l'apparence d'un simple d'esprit. Une place qui lui permet d’être au fait des enquêtes criminelles de la ville et en particulier celle relative au Boucher de Christchurch, le sérial-killer sanguinaire accusé d’avoir tué dans des conditions atroces, sept femmes ces dernières semaines. Sauf que Joe sait qu’une de ces femmes n’a pas été tuée par le Boucher de Christchurch, pour la simple raison que c'est lui, le Boucher de Christchurch.
Le voilà parti pour tenter de découvrir l'auteur de ce meurtre et pourquoi pas tenter de lui mettre les autres crimes sur le dos...
La force de Paul Cleave, c'est de parvenir à être original de bout en bout. Lorsque le confort s'est installé pour lecteur, il le travaille et le traumatise, ne le laissant finalement jamais tranquille.
Une réussite dûe aux personnages d'"Un employé modèle". Si Joe est aussi improbable qu'attachant et crédible, que dire des personnages secondaires féminins? Sa mère omniprésente, la jeune Sally beaucoup moins idiote qu'il n'y parait mais surtout la terrible et enigmatique Melissa sont parfaitement ciselés...
Un ouvrage jubilatoire pour tous les inconditionnels de polars un peu tordus, riche d'humour sacrastique et de surprises en tous genres.

 

David Tapissier

 

SITE : Le progrès.fr

 


 

Le premier roman de Paul Cleave sort en août 2010 chez Sonatine Éditions. Un employé modèle fait voyager les lecteurs jusqu’en Nouvelle-Zélande, au gré d’une histoire riche en péripéties et en meurtres.


Âgé d’une trentaine d’années, Joe Middleton est un brave garçon. Célibataire pas gay, doté d’une mère radoteuse et insistante, il habite avec ses deux poissons rouges, Cornichon et Jéhovah. Joe est agent d’entretien au commissariat de Christchurch. On l’a engagé quatre ans plus tôt, à cause de son handicap mental. L’inspecteur Schroder, le commissaire Stevens, tout le monde apprécie ici Joe-le-Lent. Surtout sa collègue, la grassouillette Sally, jeune femme pieuse dont la famille a été marquée par le décès prématuré de son jeune frère Martin. Sally est à la fois protectrice et attirée par Joe. Actuellement, la police de Christchurch est monopolisée par la traque d’un tueur en série, auteur de sept meurtres. En réalité, il n’en a commis que six, le meurtre de Daniela Walker étant l’œuvre d’un copieur. Joe est bien placé pour le savoir, puisque c’est lui, le tueur surnommé Le Boucher de Christchurch.

CLEAVE-2010Bien qu’il joue les attardés, Joe s’estime assez intelligent. Il ne pense pas être un illuminé ou un pervers : Je ne suis qu’un type normal. Un Joe moyen. Avec un hobby. Je ne suis pas un psychopathe. Je n’entends pas de voix. Je ne tue pas pour Dieu ou Satan, ou le chien du voisin. Je ne suis même pas religieux. Je tue pour moi. C’est aussi simple que ça (…) En tuer une par moi, ce n’est pas grand-chose. C’est juste une question de perspective.

Se posant des questions sur le cas Daniela Walker, Joe profite d’avoir accès au dossier pour l’étudier. Il visite l’appartement de cette victime. Il remarque un détail, un simple stylo. En bonne logique, seul un flic a eu accès au lieu du crime. Donc, il doit chercher l’assassin parmi eux. Parmi les 94 enquêteurs concernés, Joe en cerne une dizaine, et fouille : Je compulse un vieil agenda de bureau, et je vois la même chose. Il n’y a pas la moindre note disant : "tuer pute ce soir, acheter du lait"...

Après avoir épié un policier gay et son ami, Joe renonce à les buter. Il s’avoue prendre un grand plaisir à enquêter. Est-ce la conséquence du vide habituel de mon existence ? Dois-je résoudre un meurtre pour enfin m’amuser ? Et voilà la nouvelle qui tue je m’amuse terriblement !. Pourtant, la suite est bien moins joyeuse. Dans un club du Strip, quartier chaud de Christchurch, Joe rencontre la jeune architecte Melissa, nouvelle en ville. Au cœur de la nuit, il l’entraîne dans un parc désert afin de poursuivre sa série criminelle. Mais Melissa renverse la situation, menaçant Joe de son propre Glock. Elle se dit fétichiste de l’univers policier. Ayant compris qu’il est le tueur recherché, Melissa l’attache, le torture. Elle finit par l’abandonner, blessé mais libre. Joe parvient à retourner chez lui. Il appelle Sally (qui tenta d’être infirmière) pour l’aider et le soigner.

Après une semaine de repos, Joe est sûr de tenir la bonne piste. Confirmée par le témoignage d’une prostituée, qu’il élimine. …une fois que son corps est tombé sur le béton froid avec un petit bruit sourd, je remets les 2000 dollars dans la poche de ma veste. J’essuie le couteau sur sa minijupe et je remonte en voiture. Toujours gentleman jusqu’au bout. Hélas pour Joe, Melissa rôde de plus en plus près de lui. Et Sally s’intéresse aussi à des détails cachés de sa vie…

Notre ami Joe Middleton est un personnage bien sympathique ! Sa conception du bien et du mal est, admettons-le, légèrement différente du commun. Si l’envie de tuer le prend, il n’éprouve toutefois aucune haine envers ses victimes. Il joue avec la police, même pas capable de détecter le cadavre qu’il a laissé depuis longtemps dans un coffre de voiture. Tout ça n’est qu’un bon moyen d’éviter une vie trop routinière, finalement. Et puis, Joe a des qualités : simulant le handicap mental, son talent de comédien est indéniable. En outre, il aime sa maman, les vieux chauffeurs de bus et les animaux au point de sauver un chat (avant de vouloir le tuer, il est vrai).

 

On aura compris que cette histoire est délicieusement amorale, menée par un héros qui n’est pas animé par un froid cynisme, mais par un état d’esprit plus subtil. Fluide, le récit enjoué nous offre de multiples rebondissements, plutôt souriants que dramatiques. Ce qui alimente un suspense très excitant. Bienvenue dans le petit monde de Joe Middleton !

 

SITE : Action-suspense

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:14

Ce roman a une sacrée gueule d’atmosphère, plombante et délétère. Ça commence comme un cauchemar : une prostituée est retrouvée sauvagement assassinée, un dimanche de Pâques de l’année 1989, dans la zone des docks de Cardiff. Jack Farrissey, un pharmacien trentenaire se relève d’une nuit lourde de frasques, d’alcool et substances diverses, sans en garder de souvenirs plus précis sinon le constat de ses vêtements ensanglantés. Qu’a-t-il donc fait en compagnie de son vieux pote, Jess Simonds, musicien aussi déjanté que lui ?

Puis, c’est le soleil noir de la mélancolie qui s’attache aux pas de Jack, acharné à mener aussi loin que possible des expériences hallucinatoires et qui boit « tout simplement pour passer ses journées entre le néant et le calme ». Professionnel doué d’une compétence certaine dans son domaine, il met manifestement à profit ses connaissances pour aller aussi loin que possible dans le champ de la destruction. À cette description, qui, je le conçois pourrait déprimer un lecteur sensible, s’ajoute le constat, évident parallèle, de la dégradation du quartier de Cardiff dans lequel il vit. Quartier nous dit l’auteur qui « entretenait un attachement pervers à sa propre destruction ». Tout est ainsi écrit…Sean Burke se fait alors l’historien véhément des paris architecturaux qui, souhaitant moderniser les vieilles rues des docks, ont surtout cherché à en détruire les racines communautaires, au prétexte d’en éradiquer ainsi la criminalité. Au bout des docks est le livre d’un contre apprentissage, d’un « no future ! » qui claque au vent d’un lyrisme noir.

 

SITE : Bibliosurf

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:11

Le cinquième roman de Jérôme Bucy vient de paraître aux Éditions Belfond.La colonie des ténèbresest un suspense riche, précis, avec ses étrangetés et ses mystères, comme aime les concocter cet excellent romancier.


Andersen Olchansky est consultant en informatique. Un métier peu fiable pour son autoritaire grand-mère Nilsonne, qui l’a élevé depuis le décès de ses parents à l’âge de sept ans. La véritable passion d’Andersen, ce sont les chauves-souris. Il consacre du temps à étudier celles qui nichent à Paris, dans le tunnel de la Petite Ceinture, sous l’hôpital Broussais. Il protège et soigne celles qui hibernent dans les combles de son immeuble. Avec son ami et voisin Martin, ils ont créé un forum Internet s’adressant aux défenseurs des chiroptères, des pipistrelles, de toutes les chauves-souris. Le réseau a même des contacts en Allemagne.

BUCY-2010 Le groupe chimique Naturalis lance un nouvel insecticide non polluant, le Nat-Green, et associe son image à transformation de la Petite Ceinture parisienne en “voie verte”. Leur site Internet ayant déjà été victime de piratage, ils font appel à Andersen pour contrer les attaques. L’informaticien note que ses interlocuteurs ne jouent guère la transparence avec lui. Il a pu enregistrer le film-pirate passé sur le site Naturalis, montrant la mort d’un couple, y associant la société. C’est dans la région de Bourges que se trouve la plus grosse usine Naturalis, près du village de Vornon. Andersen s’y rend, afin de mener une enquête sur d’éventuels décès suspects liés aux insecticides. Sans doute quelques employés sont-ils morts, mais nul n’admet reconnaître le couple apparaissant dans le film-pirate.

Seule Éphémère, jeune femme d’une vingtaine d’années qui rôde dans de l’église local, pourrait le renseigner. Par nature solitaire, elle cherche bientôt à savoir ce qui s’est réellement passé ici seize ans plus tôt. L’institutrice fut massacrée par son mari, M.Ziegel, employé chez Naturalis, qui se suicida. Éphémère garde le sentiment imprécis qu’elle fut proche de ce couple. Elle pense que ce fut Ziegel qui l’initia à l’observation des chauves-souris. Et ces bottes d’enfant que l’on aperçoit sur le film-pirate, ne seraient-ce pas les siennes ? À Paris, des batailles entre chauves-souris dans le tunnel sous l’hôpital Broussais intriguent Andersen. Un militant écologiste accuse les insecticides Naturalis, ceux produits naguère en Allemagne par la société Roder. Andersen connaît les rassurants rapports de toxicité diffusés par Naturalis. À la Faculté des Sciences, il fait autopsier des cadavres de chauves-souris, mais les résultats sont assez peu probants.

Au temps de la Guerre Froide, en 1962 à Berlin, le Dr Sterz fut consulté dans deux affaires criminelles. Pour le policier Kelmann, ces femmes torturées furent victimes d’un militaire américain nommé Ferning. C’est surtout le cas des fils de ces femmes qui intéressa le Dr Sterz. Amadouer le petit Wolfgang pour le sortir de son mutisme n’était pas aisé. Plus mûr, le jeune Hans finit pas fuir sa famille d’accueil. L’omniprésente Stasi, la police politique, empêcha Sterz d’approcher les enfants pour les aider concrètement. Imaginer que la Stasi avait élaboré un complot visant l’innocent Ferning, impossible à démontrer dans le contexte… Tandis que la jeune Éphémère cherche d’autres traces dans son passé, Andersen poursuit son enquête à Spandau, près de Berlin. Il existe là-bas un centre de recherches sur les chauves-souris. Celles du Bloc3 sont aussi agressives que les chiroptères de la Petite Ceinture…


Résumer un roman de cet auteur est toujours un plaisir. Car, plus on donne d’éléments, moins on en dit sur l’histoire elle-même, finalement.

 

Depuis Batman, la chauve-souris symbolise souvent la lutte entre le Bien et le Mal, idée reprise et développée ici de façon très personnelle. Même s’il nous offre quelques scènes-choc, Jérôme Bucy n’est pas un adepte des descriptions sanguinolentes, de la violence complaisante. L’enquête empirique de son héros progresse autant dans l’action que par la réflexion, grâce aux situations auxquelles il est confronté. La logique scientifique côtoie ici les comportements humains, à la psychologie moins facile à cerner. Si Andersen n’entre pas dans le militantisme écologiste, il souligne quand même les méfaits certains des produits chimiques non contrôlés. L’esprit perfectionniste de Jérôme Bucy se vérifie cette fois encore, notamment lorsqu’on arrive au point de convergence des deux récits. On approche alors de la vérité, mais elle attendra le dénouement.

Évoquons aussi Éphémère, personnage fantomatique. “Elle se sentit profondément solitaire ce soir-là, avec l’intuition que ce serait toujours ainsi. Affamée, sans l’espoir d’être rassasiée un jour. Toujours à l’affût, cachée dans l’ombre, mangeant l’autre des yeux, se nourrissant de ses mots mais le cœur vide et sec. Recluse sous la table, tout près de l’autre mais loin de lui, à l’écart de la tendresse et du bonheur. Recroquevillée sur elle-même, les bras repliés sur ses jambes maigres, sans personne à serrer ou a aimer (…) Jamais vers la vie. Comme sa mère et sa grand-mère. Une malédiction familiale qui ne s’éteindrait jamais.”

 

SITE : Action-suspense

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:07

Ancienne journaliste au Miami Herald, Edna Buchanan est l’auteur de nombreuses nouvelles et surtout de seize romans à suspense, alternant ceux de sa série Britt Montero et ceux classés sous l’appellation La Brigade des affaires non résolues.
Dans L’Amour tueur en série, elle réunit en un seul les deux séries autour du fil conducteur qu’est le personnage de Britt Montero, journaliste d’investigation à Miami - toute ressemblance avec une personne réelle précédemment citée pourrait ne pas être totalement fortuite.

Dans les Everglades, un bulldozer déterre les restes d’un kidnapper en série mystérieusement disparu plusieurs mois auparavant. C’est la Brigade des affaires non résolue qui est chargée de rouvrir l’enquête. Or la dernière personne à avoir vu la victime vivante n’est autre que Britt. Les policiers cherchent en vain à la joindre.
Elle panse ses blessures sur une île paradisiaque, essayant de se remettre de la mort de son fiancé (mort dans l’explosion d’une maison quelques opus en arrière). Sa meilleure amie, la photographe Lottie Dane, vient la rejoindre et la convainc de rentrer avec elle à Miami. Avant de partir, toutes les deux trouvent sur la plage un appareil photo jetable. Il contient les clichés d’un couple d’amoureux en lune de miel. Mais de retour à Miami, elles apprennent que les jeunes mariés sont portés disparus. Son flair indique à Britt que cette histoire d’amour brisé qui lui rappelle tragiquement la sienne fera un de ces coups médiatiques dont elle a le secret.

Edna Buchanan combine avec talent deux enquêtes palpitantes, des personnages attachants ou drôles dont les vies s’entrecroisent, des rebondissements, et en fil rouge l’histoire de Britt, enceinte de son amant perdu, qui s’interroge sur le sens de sa vie mais ne perd jamais de vue son boulot, tour à tour déprimée et pleine d’autodérision. Intrépide et tenace, le personnage rappelle forcément son auteur, dont la parfaite connaissance des mondes du journalisme d’investigation - comment mettre ses interlocuteurs en confiance, savoir exactement où s’arrêter et où appuyer, repérer entre toutes l’histoire que tout le monde s’arrachera, affronter le danger aussi parfois - et de la police donnent à ses romans toute crédibilité.
Celui-ci a la particularité de mener en parallèle deux histoires, de les faire se recouper mais pas par leur contenu - les deux enquêtes ne mèneront pas au même tueur comme on pourrait s’y attendre -, par leurs personnages. Ce sont eux les liens, ces êtres abîmés, à la fois atypiques et terriblement normaux, aux relations difficiles, tendues, aux passés communs, aux tragédies partagées alors qu’il appartiennent normalement à deux mondes différents, deux séries de romans distinctes.

L’Amour tueur en série est de ces livres qui vous agacent car ils vous entraînent jusqu’aux petites heures de la nuit sans que vous parveniez à le refermer une fois la moitié passée.
L’histoire prend son essor, les personnages et les faits sont subtilement mis en place, puis tout s’accélère, en une succession de scènes où le suspense sait laisser place à l’humour. Du pur bonheur, malgré un titre et une couverture peu engageants.


Agathe de Lastyns, le 13 août 2010

SITE : Le littéraire.com



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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:02

Sur les instances de Dot, Keller a accepté un dernier travail avant de se retirer définitivement du métier. Ce contrat l'amène à Des Moines, Iowa, où son contact, après lui avoir indiqué sa cible, lui demande de patienter. En regardant les informations, il apprend qu'on l'accuse d'avoir abattu le gouverneur de l'Ohio et que toutes les polices du pays sont à sa recherche.

Comme la plupart des hitmen, Keller est un solitaire, mais aussi un inadapté social. C'est ce qu'il constate amèrement, alors que le piège tendu pas son commanditaire s'est refermé sur lui. Recherché pour un meurtre qu'il n'a pas commis, il ne peut s'en défendre tandis que son unique contact avec le monde, la coriace Dorothea, ne donne plus signe de vie.

Le lent retour vers New York City, qu'il pense assez naïvement être pour lui un asile, est l'occasion de s'initier à la survie avec les moyens du bord, lui qui ne sût jamais faire que deux choses : collectionner les timbres et tuer son prochain. Keller en cavale, roman totalement atypique, est un parcours initiatique, celui de la naissance ou de la renaissance d'un presque quinquagénaire, qui va devoir s'inventer un avenir à partir de rien.

Lawrence Block raconte avec un certain détachement nonchalant, mais non dépourvu d'un humour glacé, les tribulations de son héros. Quelques rares et violentes fulgurances rappellent, tout au long de ce chemin, la personnalité de notre tueur que les hasards de la vie amèneront à bon port. Désormais coulé dans le quotidien d'un homme normal, aimant et aimé, Keller entreprendra un dernier voyage pour un surprenant et brutal dénouement.

Keller en cavale, n'est sans doute pas le meilleur roman du vétéran Lawrence Block, mais il s'écarte, au moins, des motifs qui dominent la production polardière du moment. Rien que pour cela, il mérite le détour.

 

SITE : Le vent sombre

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:00

Un bon polar solide, de facture classique, qui nous plonge dans l’une de ces petites villes américaines bien paisibles, où les auteurs de polars mettent en scène tellement d’horreurs qu’on aurait peur d’y habiter. Pas un chat dans les rues, pas de murs autour des jardins, des maisons avec des baies vitrées, vous voyez le tableau. A Promise Falls, les voisins de Jim Cutter sont assassinés. A leur tour, Jim et sa famille vont être à la fois menacés et suspectés par la police. Derek, le fils de Jim, témoin involontaire,  risque de gros ennuis. Qui leur en veut ? Cela a-t-il un rapport avec l’époque où Jim était le chauffeur du très tordu maire de la ville ? Jim, devenu simple jardinier,  est un héros malgré lui très crédible, le criminel aussi et la machination est bien ourdie.

 

SITE : Cahier de note

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 16:54

Un premier point qui n’a l’air de rien mais qui est surprenant : le titre et l’image de la couverture sont trompeurs et n’ont aucun point commun avec le récit !! A première vue on pense à un roman à la Dan Brown et à des fantasmes sur les fonds reculés des monastères.
Fausse piste, ce n’est absolument pas le sujet !!
Ensuite, ce roman est bien plus que militant et partisan, il est partial et manichéen : les gentils sont vraiment très gentils et les méchants sont vraiment très méchants. D’ailleurs,ces derniers n’ont pas le droit à la parole pour expliquer leur point de vue, seul les accusateurs peuvent s’exprimer : un véritable tribunal révolutionnaire.
Sans prendre parti entre les deux positions extrêmes et caricaturales qui sont présentées ici, on peut quand même trouver que de la part d’un homme d’Eglise, le procédé manque d’élégance !!

Sortons de la polémique et regardons le roman en tant que tel : la trame est quand même bien tirée par les cheveux (capillo-tractée dirions nous pour faire chic) et le style de l’écriture, sans être complètement plat n’est pas flamboyant non plus...
Vous l’aurez compris, pour vos lectures de cet été, je ne saurais que trop vous conseiller de vous orienter ailleurs !! (Un polar sur un sujet complètement différent : Ici par exemple)

 

SITE : liremoi

 


 

Pendant dix-huit mois, Francis Ayliès s'est enfermé dans un appartement rue des Faussets. Le presbytère de sa paroisse de Bordeaux-Nord était en travaux et son livre en chantier. Ou plutôt en gestation : « Je pensais qu'un éditeur était surtout un imprimeur. J'ai appris qu'il est d'abord un accoucheur. »

« Le Corps du crime » (Lattès, 19 euros) a une histoire où beaucoup, à commencer par ses amis du Grand Parc qui seront au moins 600 à la soirée de lancement du livre (1), reconnaîtront ce prêtre hors du commun qui a lancé sa croisade marketing sur les plateaux du « Grand Journal. »

« Au moment de l'affaire de l'église Saint-Éloi et du Bon Pasteur, j'ai dit à l'évêque que j'avais l'impression d'être le personnage d'un mauvais roman. » Francis Ayliès a commencé à jeter sur le papier des bribes - « plutôt axées sur l'intégrisme aujourd'hui » - puis a eu l'occasion de rencontrer Laurent Laffont, éditeur de Lattès, via Albéric de Bideran, paroissien admiratif et opportunément agent littéraire. Le « mauvais roman » est devenu un bon roman. Et même un excellent roman à clés puisque l'affaire des « Infiltrés » lui donne un relief spécial dans sa ville de Bordeaux noyautée par les « tradis », mouvance qu'Ayliès connaît de l'intérieur pour y avoir débuté son parcours dans sa région de Bayonne.

Personnages authentiques

Écrire a été difficile pour ce prêtre qui ne rédige jamais ses sermons. Convier des personnages dans l'intrigue l'a été un peu moins : il a puisé son inspiration dans ses rencontres. « Mario, c'est un jeune héroïnomane bordelais au visage d'une beauté incroyable et d'une tristesse épouvantable. » Clara existe aussi, c'est… une statue de terre cuite offerte par des prostituées quand il a quitté Tours pour Bordeaux. Paola, Vittorio… ceux-là aussi se reconnaîtront. Quant aux autres, ils sont devenus presque réels : « Je me surprends à avoir envie d'aller prendre un café avec Giancarlo. »

La trame s'appuie sur les errances géographico-spirituelles de Marcia, professeur à l'université de Bordeaux. Son jeune amant vient de mourir, elle part bercer son désarroi dans la solitude aseptisée d'une croisière. À Gênes, elle rencontre un curé, Stéfano, des jeunes en vadrouille, un cadavre dans une église, des documents perdus… et Giancarlo.

Autant de situations qui permettent à Ayliès de bâtir des dialogues impressionnants qui éclairent bien mieux qu'un exposé les dissensions de fond entre progressistes et traditionalistes. Une petite révision des conséquences de Vatican 2 s'impose néanmoins. Au bout de ce roman, le lecteur aura sans doute reçu quelques réponses sur le fondement de la foi. Et les habitués du Grand Parc comprendront mieux ce qu'ils perçoivent comme des paradoxes chez leur curé, qui peut aussi bien célébrer des mariages mondains que se décarcasser pour des drogués et des clochards.

Quant à se demander comment un prêtre peut avoir choisi une femme pour héroïne, c'est oublier que « nous rencontrons surtout des femmes dans le cadre de notre ministère ». Son art de la démonstration, ce prêtre extravagant qui éclaire ses sermons en mimant le toréador ou Marie enceinte, en enlevant le haut ou en jouant avec des entonnoirs, n'avait pas à le prouver. Un roman ? « Parce que la vie passe par des choses très banales. Je fais volontiers l'éloge de la futilité. Chacun peut s'y reconnaître. Un roman parle à tout le monde, même de choses difficiles comme la spiritualité. »

 

SITE  : Sud-ouest

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 16:49
Guilhem d'Ussel, un nouveau héros avec qui il faudra compter !

Le viguier Hugues de Fer, premier magistrat de Marseille, est chargé de l'administration, de la police, de la justice, de la ville et du port. Il a été nommé par le vicomte Raymond. À la mort de ce dernier, son frère Roncelin, ancien moine, faible et jouisseur l'a confirmé dans sa charge. Il fait son inspection quotidienne sur le port quand, à la poupe d'une sagette, une silhouette réveille des souvenirs. Il se précipite et tombe dans les bras d'Ibn Rushd. Celui-ci, cadi à Marrakech, est en fuite, mis en disgrâce par la jalousie de religieux. Précédemment médecin à Damas, il avait sauvé, en 1091, Hugues de l'esclavage.
Alors qu'ils évoquent les temps anciens, l'intendant de Roncelin vient annoncer la découverte d'un massacre dans la tour où le vicomte avait l'habitude de retrouver des dames. Sur place, les deux amis trouvent les cadavres des serviteurs et le corps violenté de Madeleine Mont Laurier, une veuve, une des femmes les plus riches de la ville. Mais le vicomte a disparu. Or celui-ci est au centre d'une lutte féroce pour le contrôle de Marseille. En effet, la maîtrise des richesses de celle-ci favoriserait celui qui voudrait s'emparer du comté de Provence. Parmi les principaux candidats qui magouillent, on trouve Hugues des Baux, le comte de Toulouse et le pape Innocent III.
Chacun a mis en place des pions : Raymond de Saint-Gilles a envoyé Guilhem d'Ussel pour estimer la capacité guerrière d'Hugues des Baux. Le pape fait transmettre à Roncelin, par un couple de ménestrels, une offre d'achat de ses droits...
Entre temps, revenant de croisade pour se mettre au service de Richard Cœur de Lion, Robert de Locksley se fait dévaliser de son butin par son écuyer, à Marseille.
D'informations en renseignements hasardeux, Hugues et Ibn Rushd arrivent à la conclusion que le vicomte doit être emprisonné aux Baux. Pour conserver la paix et un commerce florissant, il faut le faire évader. Autour d'eux, ils regroupent Guilhem, Robert Locksley et les deux ménestrels. Ils reçoivent également l'appui d'un Perse de Damas qui maîtrise l'usage d'une poudre explosive. Réunis par les circonstances et des intérêts spécifiques, les sept personnages se mettent en route. Mais les enjeux sont si importants que toutes les traîtrises sont possibles...

Avec la saga de Guilhem d'Ussel, Jean d'Aillon fait revivre l'époque de Philippe II, quand on commence à appeler celui-ci Philippe Auguste. Le roi de France est en conflit avec Richard Cœur de Lion qui, bien que roi d'Angleterre est son vassal pour la province d'Aquitaine. Il explicite fort bien les ambitions de ceux-ci : la volonté du roi d'Angleterre d'ouvrir, à travers le comté de Toulouse, une voie vers la méditerranée et celle de Philippe II de prendre en tenaille le Poitou et le Périgord. Il énonce les incidences sur les vassaux. Il expose, avec brio, une situation politique rendue fort complexe par les liens entre vassaux et suzerains. Mais toute ambition passe, pour sa réalisation, par la possession de moyens financiers suffisants. Marseille, ouvert sur l'Orient depuis les croisades, a développé une activité marchande très lucrative.
Jean d'Aillon restitue toute la vie administrative des principales classes sociales de l'époque. Il met en valeur toutes les relations complexes entre les familles nobles et régnantes, l'écheveau presque inextricable des droits qui régissent les possessions territoriales et des liens qui unissent les familles par des mariages, des traités, des achats de droits sur un territoire. Il donne une vision didactique de ces réseaux et des droits divers qui les régissent. Il éclaire également les enchevêtrements financiers que pouvaient construire les marchands pour équiper des bateaux, acquérir la marchandise.
En tenant compte de ces éléments historiques, il élabore une intrigue subtile, mais machiavélique, qui prend en compte toutes ces soifs de pouvoir, toutes ces ambitions qui spéculent sur la complexité des droits et règlements divers.
Avec Guilhem d'Ussel, l'auteur a construit un personnage fascinant, tant par son passé que par son comportement actuel. Celui-ci a été fait chevalier par le capitaine de la bande d'écorcheurs à laquelle il appartenait. Ces bandes, recrutées par les rois et les grands seigneurs, ne vivaient que pour le massacre et le pillage des populations. Il montre, ainsi que le mélange des genres, le mépris du peuple et ses souffrances, ne sont pas nouveaux de la part de dirigeants.
Il équilibre sa galerie de protagonistes entre personnages historiques et de fiction, les faisant cohabiter naturellement. Il intègre, ainsi, Robert de Locksley, proposant un panachage des visions d'Alexandre Dumas et de Walter Scott. Il en ressort un héros magnifique d'humanité.
Il montre la réalité d'une époque où la notion du temps, des délais, semble aujourd'hui effarante. Comme à son habitude, il donne une description très terre à terre de la vie quotidienne, comme le partage du lit dans une chambre d'auberge, par deux inconnus.
L'auteur éclaire la véritable face de l'Église Catholique avec sa soif de domination, son intégrisme, sa volonté de tout régenter, même le comportement quotidien. Au détour d'un paragraphe, il montre l'utilisation du sacrement de la confession faite par les religieux, la plus belle machine à espionner inventée par l'homme.
Marseille 1198, le premier volet de la nouvelle série de Jean d'Aillon, nous entraîne sur les pas d'un héros attachant, dans une suite d'aventures haute en couleurs. Ce roman, servi par une érudition sans faille, une écriture souple et nerveuse, une intrigue menée avec dynamisme, est un nouveau succès à inscrire à l'actif d'un auteur au précieux talent de conteur.

Citation

Nous avons appris par l'évêché que le vicomte en titre, un ancien moine défroqué, est couvert de dettes. Il serait prêt à vendre ses droits sur la vicomté contre vingt mille sous d'or.

 

SITE : K-libre

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 16:43

L'histoire de ce livre est hallucinante. Il a été mis en ligne sur internet par quelqu'un, dont on ne connaît pas l'identité. Il a connu un énorme succès avant d'être publié en Grande Bretagne puis aux Etats Unis. Nouveau succès. Le voici donc en France, Sonatine ayant décidé d'éditer ce roman culte.

C'est l'histoire d'une pierre bleue, l'Oeil de la lune, qui rend invincible. Cette pierre a été volée et tout le monde pense que c'est un tueur du nom de Bourbon Kid (titre original du livre) qui a fait le coup. Cet homme fait peur à tout le monde car c'est un tueur redoutable, capable de tuer cinquante personnes avec une main ficelée dans le dos.

Cinq ans auparavant, Bourbon Kid est entré dans un bar, le Tapioca. Ce bar est un repère d'êtres malfaisants (c'est un euphémisme) tenu par Sanchez. En cinq minutes, après avoir avalé un bourbon, il a assassiné plus d'une quarantaine de truands. La légende dit qu'il a détenu la pierre bleue, et qu'il tue tous les gens qu'il rencontre. Seule une jeune femme s'en est sortie, c'est Jessica, et elle est dans le coma depuis.

Revenons à aujourd'hui : La pierre bleue était conservée dans un monastère par des moines spécialistes de karaté et autres arts martiaux. Elle vient d'être dérobée et une grande partie des moines décimés. Père Taos, le gardien de temple, décide d'envoyer deux jeunes moines à sa recherche, Kyle et Peto.

Avec tout cela, j'ajouterai que cette histoire se déroule à Santa Mondega, une ville reconnue pour son taux de criminalité record, que Jessica va sortir de son coma, que l'on y rencontre des personnes aussi sympathiques que Marcus la Fouine ou Elvis, des tueurs à gages, Jefe un chasseur de primes ou des flics Jensen et Somers, qui ne sont pas très nets non plus ! Et le livre sans nom, me direz vous ? C’est un livre qui, quand on le lit, vous assure une mort prochaine.

Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? C'est effectivement ce que je me suis dit au début de ce roman. Parce que, avec la pléthore de personnages, les lieux délirants, les personnages hauts en couleurs, les situations toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres, j'ai été un peu surpris (et le terme un peu est faible).

Ce livre est en fait une gigantesque encyclopédie synthétique de tout ce qui a connu du succès populaire ces vingt dernières années, en terme de musique et cinéma. Et tout est passé en revue, de Seven à Kayser Sözé (Usual suspects) sans oublier La Guerre des Etoiles pour le cinéma, de Elvis Presley aux Fine Young Cannibals pour la musique. Ce livre est un gigantesque hommage délirant envers tout ce que nous avons aimé.

Le meilleur résumé que je pourrais trouver pour ce roman, c'est que c'est une oeuvre de fou, un scénario de film qui aurait pu être écrit par Tarantino, (Tendance Boulevard de la mort ou Kill Bill) dans une ville dessinée par Frank Miller (Sin City), réalisé par Robert Rodriguez  ou Guillermo Del Toro sur une bande son de ... B52's. Pas le temps de respirer, les scènes d'action se suivent au rythme d'une Ferrari lancée à fond sur l'autoroute sans frein, le sang coule à flot comme aux chutes du Niagara.

Le style permet d'aller vite, les dialogues sont uniquement là pour se mettre au service de l'action. La question est : Est-ce que ça marche jusqu'au bout ? Car le livre fait quand même 460 pages. Eh bien oui ! Ça ne ralentit jamais, ça n'est même pas répétitif. C'est fou, débile, déjanté, délirant mais ça fait du bien parfois. Les scènes s'enchaînent et l'ensemble est très bien construit, avec logique. C'est un comble. C’est résolument un livre à réserver à ceux qui ont gardé une âme d’adolescent nostalgique, fan de cinéma, musique pop et bande dessinée. Une bonne définition de livre culte.

Alors si vous êtes prêt à faire un voyage sous amphétamines, en oubliant tout sens des réalités, montez dans ce TGV sanglant, en ayant pris votre dose de café, vous passerez un bon moment de lecture; et je vous garantis que vous oublierez vos problèmes présents.

Un grand merci aux Editions Sonatine pour l'avant première. 

 

SITE : Black novel


Décrit comme « original » et « culte », Le Livre sans nom évoque sans difficulté d’autres mystères pop-culturels tels que Ring, le Necronomicon ou Le Projet Blairwitch. Le piège est connu mais reste terriblement difficile à éviter quand l’éditeur n’hésite pas à affirmer la filiation de l’ouvrage avec le cinéma de Carpenter et Tarentino. Cerise sur le gâteau, une bande-annonce d’une minute quatorze secondes tente d’apporter la preuve par l’image que la lecture du Livre sans nom peut provoquer de plus grandes sensations de plénitude que la vision d’un Sergio Leone sous stupéfiants.
Une nouvelle fois le chaland découvre une boîte qu’il se réjouit d’ouvrir malgré la mention « À vos risques et périls » qui figure sur le couvercle. La déception l’attend au bout du chemin.

Les sociopathes les plus crasseux de la planète ont élu repaire dans la petite ville de Santa Mondega, point de rencontre des deux Amériques, à l’ombre du reste du monde. L’époque reste indéterminée, en proche orbite de la nôtre, mais ce qui compte surtout, c’est le Tapioca Bar, centre névralgique de ce qui pourrait bien être l’antichambre de l’enfer. Tel une scène de théâtre de boulevard, le Tapioca, endroit interlope et sordide où l’on sert de la pisse bien froide aux nouveaux venus, restera le lieu principal de l’ouvrage, plutôt calme avant l’arrivée d’un mystérieux étranger au visage enfoui sous une capuche : le Bourbon Kid. Ce dernier a en effet la fâcheuse habitude de dézinguer tout ce qui bouge une fois son verre de bourbon avalé. Y a-t-il un rapport entre son retour et l’arrivée de ces deux moines à la recherche de l’Œil de la lune, talisman aux propriétés magiques qui leur a été dérobé et attire les convoitises les plus avides.
Dès lors, une alternance perpétuelle de tensions/explosions chahute le lecteur. Les personnages s’accumulent, parfois pittoresques mais souvent proches du ridicule. Un tueur professionnel sosie d’Elvis Presley, un boxeur de foire en mission pour Dieu, des truands petits et grands d’un stéréotype grand millésime, des créatures des ténèbres un peu trop à la mode en ce moment… L’auteur n’a pas lésiné sur les moyens au risque de provoquer l’écœurement. Dans Le Livre sans nom, tout le monde s’agite, trahit, étripe et défouraille à un rythme effréné qui peine parfois à masquer l’énorme faiblesse de l’intrigue.

L’indigestion finale vient en fait de la méconnaissance qu’a l’auteur de la différence entre une référence et un cliché. La référence est le plus souvent d’essence subtile et se distille avec finesse dans un texte. Elle crée une forte connivence entre l’auteur qui la dissimule et le lecteur qui la détecte, permettant à ce dernier de s’immerger au plus profond de l’histoire. Le cliché, lui, intervient sans prévenir, avec force et brutalité, il se veut marquant, le plus souvent drôle, et doit, comme le piment de Cayenne, s’utiliser avec parcimonie. L’auteur anonyme du Livre sans nom assène au lecteur une multitude de clichés, parfois expliqués à outrance par le traducteur, qui annihilent le plaisir de lecture tant ils deviennent énervants. Loin des finesses de Tarentino et sur un plan de réalité différent de celui de Carpenter, Le Livre sans nom a certainement reçu un bon accueil Outre-Manche, mais force est de constater qu’il n’est qu’un divertissement de piètre qualité : une histoire cousue de fil blanc et écrite dans un style des plus indigestes. Sa suite, intitulée The Eye of the Moon, risque de ne pas faire mieux.

 

La réclame a encore frappé. Le Livre sans nom, porté par un marketing transparent qui reprend à son compte l’accumulation de gimmicks chère à son auteur anonyme, s’étend sur 460 pages qui se lisent aussi facilement qu’un journal télé mais s’oublient encore plus vite. Jetable.

 

SITE : Cafard cosmique

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