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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 15:31

Imaginez un mélange entre Google, General Electric et Monsanto. L’image et la croissance de la première, le développement tentaculaire de la seconde, les expérimentations de la troisième. Imaginez que cette transnationale, Cleer, dispose d’un service de contrôle, Cohésion Interne, à mi-chemin entre le département Qualité/RH habituel d’une grande entreprise et la police secrète d’une quelconque dictature.

Au sein de ce service arrivent deux nouvelles recrues : Vinh Tran, venu de l’extérieur, ambitieux, froid et sans guère de scrupules, et Charlotte Audiberti, promotion interne, hypersensible, dotée d’une intuition à la limite de la précognition. Leur mission : régler les problèmes les plus délicats pouvant survenir dans la société ou dans une filiale, car Cleer, obnubilée par la lumière, possède une part d’ombre à la hauteur de son obsession.

Genre épris de dépaysement et d’aventures extraordinaires, la SF n’utilise que très rarement l’entreprise comme terrain d’action. On se souviendra de l’excellent Imprécateur, de René-Victor Pilhes, avec cette compagnie déshumanisée et sa direction sombrant dans la folie collective à la marge du fantastique, ou plus récemment, de Dans la dèche au royaume enchanté, de Cory Doctorow, dont le personnage principal a voué sa vie à un parc d’attractions Disney. LL Kloetzer choisit de nous faire partager le quotidien professionnel un peu particulièr d’un duo de choc agissant en plein cœur d’une entreprise moderne, progressant mission après mission dans la connaissance de cette mystérieuse société.

Plutôt qu’un roman, Cleer est un fixup regroupant plusieurs enquêtes distinctes, dont l’une est déjà parue en nouvelle séparée dans Bifrost n° 48 (un texte qui prend sa véritable dimension au sein du livre). Et si ces missions commencent classiquement, dépeignant petit à petit une face cachée peu reluisante de l’entreprise, le dernier texte évolue vers un mini apocalypse now, laissant le lecteur en plein doute sur la véritable nature de la société.

Même si Cleer est une entreprise fantasmée, la justesse de ton de LL Kloetzer ne pourra qu’impressionner ceux qui travaillent au sein de grandes sociétés. Du vocabulaire corporate aux luttes de pouvoir entre collègues, des petits problèmes quotidiens aux meetings impromptus, tout est efficace et agrippe le lecteur jusqu’à la fin, avec, comme toujours dans les textes de Laurent Kloetzer, une écriture d'une fluidité totale. Alors certes, si le duo Tran/Audiberti cumule les stéréotypes (l’asiatique froid et brutal face à la jeune fille frêle et sensible), et si le format fixup de cinq textes (précisons que seul celui paru dans Bifrost n’est pas inédit) ne permet peut-être pas de plonger aussi profondément dans les entrailles de la compagnie qu’un roman, Cleer, transfiction d’entreprise, par son originalité, son souci de réalisme et les idées qu’il développe est une expérience unique, et l’on ne peut qu’espérer que LL Kloetzer y revienne dans d’autres récits pour nous dévoiler les autres visages de cette multinationale.

 

Site : Noosfere

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:26

 


Dix ans après les aventures du Vertov, les proches de Child Kachoudas n’ont toujours pas fait leur deuil de la disparition du jeune homme. Partagé entre résignation et espoir, chacun a repris le cours de son existence, gardant aux tréfonds de sa mémoire le peu d’informations qu’il a pu glaner sur les circonstances précédant son départ.
Les choses auraient pu en rester là si un fonctionnaire d’une officine confidentielle de l’ONU ne les avait pas contactés, apportant dans ses valises d’antiques manuscrits découverts au cours de fouilles archéologiques dans le Néguev. Voilà notre groupe en route pour Israël : Sphinx l’ex-compagne de Child, leur fille Emma, Yove l’acolyte de Sphinx, un trio de papys rockeurs parmi lesquels figure le père de Child et Théo Masterson, cet énigmatique fonctionnaire. Tous sur la piste du messie et, espèrent-ils, sur celle de Child.

 

 

En musique, le deuxième album apparaît souvent comme une étape essentielle, surtout lorsque celui-ci suit un succès. Détaché de l’étiquette « découverte », on peut s’appesantir sur ses composantes artistiques ou intellectuelles, juger de la maîtrise de l’outil technique et mettre celui-ci en perspective avec le reste de l’œuvre. Il en va de même en littérature, même si le médium diffère.
Avec ce second roman, Frédéric Delmeulle choisit de revenir dans l’univers de La Parallèle Vertov, faisant des Manuscrits de Kinnereth le deuxième volet d’une série désormais intitulée Les Naufragés de l’Entropie. Un titre à même de séduire les amateurs de La Patrouille du Temps, cycle auquel on pense plus d’une fois en cours de lecture...
Histoire de baliser davantage le terrain, l’auteur aborde aussi un des sujets les plus rebattus de la littérature occidentale de ces dernières années, civilisation judéo-chrétienne oblige, une thématique déclinée sous toutes ses facettes – mystique, ésotérique, métaphysique, historique – , offrant une gamme étendue de traitement, de l’humour (on pense à L’agneau de Christopher Moore), en passant par le thriller (indiquez ici le titre de votre choix), voire le pamphlet (Voici l’Homme de Michael Moorcock, évidemment)...
Bref, on parle bien ici de la supposée existence historique de Jésus Christ et accessoirement de la foi en découlant.
Avant d’aller plus loin, confessons, c’est de circonstance, quelques craintes, l’auteur chargeant sa barque au maximum... L’embarcation prend-t-elle l’eau de toute part ?

À vrai dire : oui et non.
Certes, on se réjouit de retrouver tous les ingrédients ayant attiré notre attention dans le précédent volume.
Un style efficace, non dépourvu de quelques envolées poétiques, parfois un peu lourdes, il faut en convenir aussi.
Une intrigue rondement menée, fertile en fausses pistes et rebondissements, même si les parties ultra-explicatives ont tendance à ralentir le rythme. Ici, elle lorgne nettement du côté du techno-thriller, rappelant par ailleurs Jésus vidéo d’Andreas Eschbach, du moins au départ.
Une fiction spéculative convoquant l’Histoire pour mieux s’aventurer dans ses angles morts, le hors-champ de Clio. Ce n’est un secret pour personne, bien entendu. Les Évangiles et la rareté des sources évoquant le Christ ouvrent un boulevard aux spéculations les plus fantaisistes. Heureusement, Frédéric Delmeulle jongle habilement avec les unes et les autres, de manière à enrichir sa propre hypothèse science-fictive.
Enfin, un goût avoué pour l’intertextualité, l’auteur usant et abusant des clins d’œil en direction du lectorat de science-fiction et de sa connaissance du genre.

Mais voilà, il s’agit du deuxième roman et l’on attendait sans doute davantage qu’un approfondissement, certes de dimension cosmique, du dénouement de La Parallèle Vertov. Et ce manque d’enjeu fait ressortir davantage les faiblesses sur lesquelles on passait allègrement auparavant : légèreté de la psychologie des personnages, théâtralisation des révélations (ne manque plus que les trompettes sonnant l’Apocalypse), multiplication des poncifs...
En conséquence, on ressort un tantinet déçu, avec une impression d’insatisfaction lancinante nous faisant dire que Les Manuscrits de Kinnereth, sans être un roman honteux, ne transforme pas complètement l’essai.

 

Au final, la fraîcheur imprégnant La Parallèle Vertov n’est hélas plus de mise. On se trouve devant un banal page-turner, ce qui n’est déjà pas si mal, mais toutefois pas suffisant pour s’enthousiasmer une nouvelle fois. Comme on dit : qui aime bien, châtie bien.
Et l’on nous souffle déjà dans le creux de l’oreille qu’un nouveau tome est en préparation...


SITE : Cafard cosmique

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:23

Contraint à l’exil depuis la défaite du Reich en 1945 face à l’Armée rouge, l’ex-chancelier Adolf Hitler vit désormais, sous la surveillance du FBI, dans un appartement de South Brooklyn. Une existence de reclus, partagée entre une épouse qu’il délaisse et des rêves toujours de fer.
Nous sommes en 1949, l’homme est âgé de soixante ans. Chef d’un État fantoche, abandonné de ses fidèles et en proie à la maladie, il nourrit pourtant des projets grandioses pour l’avenir, surtout depuis que l’URSS a attaqué Pearl Harbor, provoquant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

 

Roman grinçant et uchronie minimaliste, Le Dernier Dimanche de M. le Chancelier Hitler illustre s’il en est besoin le talent de satiriste social de Jean-Pierre Andrevon. Aucune surprise sur ce point, la dédicace à Norman Spinrad annonçant d’emblée la couleur.
Écrit au vitriol, ce court roman se présente comme une tragicomédie jouée par des acteurs grotesques sans se forcer. En personnage principal, l’ex-chancelier du IIIe Reich, vieil homme terne, radotant ses rêves de grandeur et de pureté, apparaît pathétique, suscitant plus le dégoût que la pitié.
Nul ne sort indemne du regard empreint de cruauté et malgré tout fort drôle de Jean-Pierre Andrevon. Que ce soient Éva, l’épouse du führer en berne, relookée ici en bimbo typique des films de Billy Wilder, ou Hermann Goering, présenté comme un arriviste grossier et jouisseur, en passant par la société américaine, il est vrai décrite à gros traits via le regard d’Hitler, tous provoquent l’hilarité. Un rire tenant plus du ricanement sardonique qu’autre chose, il faut en convenir.

Le dispositif narratif impressionne par sa simplicité et sa sobriété, le lecteur étant convié par Adolf Hitler lui-même à vivre les trois dernières journées de son existence de pré-retraité du totalitarisme. On s’attache aux pas du dictateur cacochyme, immergé à ses côtés dans les tracas quotidiens, les douleurs – il vit sous la contrainte d’une prostate tyrannique –, tourmenté par la maladie de Parkinson et un Alzheimer naissant.
Confronté aux humeurs changeantes du personnage, sans cesse traversé par les mêmes obsessions, ressassant son dégoût de l’humanité et pourtant enclin à concevoir un avenir meilleur pour celle-ci, on ressent la totale médiocrité guidant le cours de sa vie et de son combat politique.

En conséquence, l’uchronie sert ici de révélateur. Elle dessine en creux le portrait d’un vieux maniaque, accréditant par là-même la thèse de la banalité du mal, développée par Hannah Arendt à l’occasion du procès d’Eichmann.
Pour autant, Jean-Pierre Andrevon ne disculpe pas Hitler des crimes découlant de l’idéologie nazie. Bien au contraire, il en dévoile toute l’inanité, pour ne pas dire le nihilisme intrinsèque, sans omettre de préciser que le nazisme n’a sans doute pas le monopole en ce domaine.

 

Lecture bienvenue, pour ne pas dire salutaire, Le Dernier Dimanche de M. le Chancelier Hitler est évidemment à recommander aux habituels esprits pessimistes. Car comme d’aucuns le devinent, ils sont les plus attachés au progrès, trouvant dans le spectacle de la noirceur de l’humanité et celui de l’absurdité des conventions sociales, un moyen de conjurer leur angoisse et d’espérer du meilleur.

 

SITE : Cafard cosmique

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:19

 


Poul Anderson a longtemps souffert d’un certain ostracisme en France ; il n’est d’ailleurs qu’à voir son étique fiche d’auteur sur le néanmoins beau site du Cafard cosmique pour s’en persuader, laquelle ose dire que « son œuvre n’est pas réellement impérissable »… Allons bon ! Heureusement, de l’eau a coulé sous les ponts depuis et, notamment grâce à l’exégète Jean-Daniel Brèque et aux éditions du Bélial’, on a pu revenir sur cette image défavorable. On leur doit ainsi la parution intégrale du cycle de « La Patrouille du temps » (enfin !), entre autres ; et aujourd’hui, la fine équipe nous concocte une sorte de best of science-fictif de l’auteur, sur son format de prédilection qu’est la novella. Un beau pavé comprenant neuf textes, qui totalisent six prix Hugo, un prix Locus et trois prix Nebula, oui, rien que ça. « Pas réellement impérissable » ? C’est ce qu’on va voir…


Le recueil obéit à la chronologie de la publication des textes, ce qui explique peut-être sa tendance au crescendo : s’il démarre sur un mode plus ou moins mineur, il ne cesse au fil des nouvelles de gagner en puissance, jusqu’à l’apothéose constituée par les trois dernières, toutes titulaires d’au moins deux prix. Aussi les premières novellae peuvent-elles sembler anodines, ou juste sympathiques ; c’est particulièrement le cas de « Sam Hall », nouvelle écrite dans le contexte du maccarthysme, et qui décrit une révolution conduite par un personnage imaginaire généré par ordinateur ; pas inintéressant, cela dit, et cela présage sur certains points le fameux Révolte sur la Lune de Robert Heinlein.

« Jupiter et les centaures » retient cependant davantage l’attention… surtout aujourd’hui, dans la mesure où un certain film à grand succès très récent dont le titre commence par un « A » et finit par un « R » ressemble largement à cette nouvelle très inventive, pour le reste assez influencée, comme le note Jean-Daniel Brèque dans sa note d’introduction, par un fameux épisode du classique de Clifford D. Simak Demain les chiens. On notera aussi que l’on peut y voir une forme de résurgence mythologique, ce qui reviendra plusieurs fois dans les textes ultérieurs, et notamment les meilleurs. Tout à fait intéressant.

Avec « Long cours » (prix Hugo 1961), on attaque les textes primés. Poul Anderson nous livre ici une sorte de texte post-apocalyptique très particulier, un tantinet vancien, et qui vibre tout entier d’un thème qui lui est cher : la liberté de choisir son destin. Là encore, c’est quelque chose qui reviendra dans le recueil.

Et ce dès le texte suivant, « Pas de trêve avec les rois ! » (prix Hugo 1964), nouvelle bien plus complexe et ambiguë qu’il n’y paraît au premier abord, et qu’il serait triste de balayer du revers de la main en la qualifiant bêtement de « réactionnaire », comme on a pu le faire en France à l’époque. Ce récit de guerre civile déchirant une famille dans une Amérique post-cataclysmique est une réussite indéniable, qui vaut bien plus que ça.

« Le Partage de la chair » (prix Hugo 1969) est un texte également assez subtil, sur les différences culturelles et la difficulté du jugement, ici poussée à son paroxysme puisque portant sur un acte vraiment atroce : le cannibalisme. Bien vu.

Mais c’est sans doute avec le pourtant non primé « Destins en chaîne » que l’on attaque les très grands textes de ce recueil. Il s’agit à l’origine d’un projet initié par l’écrivain Keith Laumer, qui rédigea un prologue, et mit au défi quatre de ses confrères de poursuivre le récit… dont le protagoniste venait de mourir. Poul Anderson, Gordon R. Dickson, Harlan Ellison et Frank Herbert relevèrent le gant. Mais Anderson s’amusa en outre à pasticher Philip K. Dick, qui l’avait lui-même mis en scène dans sa nouvelle « Projet Argyronète ». Le résultat est une excellente satire et une parodie de la plus belle eau, qui devrait régaler tous les amateurs des deux grands écrivains de science-fiction.

Arrive maintenant le tiercé gagnant du recueil, avec tout d’abord ce qui constitue probablement son sommet, « La Reine de l’Air et des Ténèbres » (Prix Hugo 1972, Nebula 1971, Locus). Un vrai chef-d’œuvre que cette novella mêlant avec une adresse exemplaire enquête policière, science-fiction et mythologie celtique, et où l’on retrouve en outre le thème de l’autodétermination. La quintessence de l’art de Poul Anderson, qui livre ici une de ses plus belles pièces. Un monument impérissable (si).

Suit « Le Chant du barde » (prix Hugo 1973 et Nebula 1972), très belle relecture science-fictive et rebelle du mythe d’Orphée, le harpiste étant ici confronté à un dieu informatique. Bien vu et très fin.

Et le recueil de s’achever sur une longue pièce visionnaire et palpitante, « Le Jeu de Saturne » (prix Hugo 1982 et Nebula 1981), où une mission d’exploration spatiale se trouve parasitée par une sorte de jeu de rôles médiéval-fantastique… avec les avantages et les inconvénients que ce « psychodrame pour adultes » peut présenter.

 

Le bilan est sans surprise : Le Chant du barde est bien un excellent recueil, indispensable aux amateurs de Poul Anderson, et constituant probablement une bonne porte d’entrée pour ceux qui souhaiteraient découvrir cet auteur que l’on aurait sans doute tort de vouloir enterrer trop vite. Il fut bien un des très grands auteurs américains de science-fiction, et les neuf textes ici repris en témoignent amplement.

 

SITE : Cafard cosmique

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:13

Chevaucheur d’Ouragan de Sam Nell

Je viens de terminer "Chevaucheur d’Ouragan" de Sam Nell (collection Icares, Mnémos) : premier roman de l’auteur, il faut saluer son imagination et son écriture !
C’est là un très beau roman de fantasy nous contant le conflit, aux confins de l’empire d’Atlantys, entre Atlantes, Minotaures, sorciers-pyromants et autres protagonistes pour la possession d’un artefact à la puissance incommensurable. Sam Nell met en scène des personnages attachants et complexes comme le Prince Vortex Trestan Vortigern, Chevaucheur d’Ouragan et commandant d’un avire atlante (un vaisseau aérien), Abel de Tyr, son chroniqueur, Arkange cyclonide et d’autres inquiétants comme Albion l’Apatride ou le sorcier Drago Ilianar, des créatures de toutes sortes y compris des forces élémentaires tout à fait originales, tous pris dans un enchevêtrement d’intrigues et d’intérêts contradictoires, qu’ils soient personnels ou nationaux - qu’ont fait les Onze Félons pour le devenir, que veulent les passagers inconnus et invisibles de l’avire du Prince, quel but poursuit Minos le bâtisseur de la Grande Muraille -. L’histoire, se déroulant dans des paysages grandioses bien dépeints par Sam Nell - on n’oubliera pas de sitôt l’architecture minotaure ou l’observatoire d’Ar-Zalaach - et qui nous font rêver, se révèle absolument passionnante. L’auteur fait preuve d’une imagination très poétique pour caractériser ses personnages : Drago Ilianar "qui marchera sous la pluie des météores" ou les grandes maisons atlantes, toutes nommées après des phénomènes atmosphériques - ceux-ci jouent d’ailleurs un grand rôle dans le roman et certains sont mêmes des personnages !

Ce roman a des envolées que je n’avais pas trouvé depuis longtemps chez un auteur français de fantasy et une écriture fort agréable, une clarté d’exposition permettant de bien suivre le fil des intrigues malgré leur complexité. Bref, une belle réussite pour un coup d’essai ! J’attends maintenant avec impatience de savoir qui sont les marionnettistes se cachant derrière le paravent de la "constellation du Serpent Borgne"...
 
Jean-Luc Rivera

 

SITE : Actu SF

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:09

Une visite guidée dans les méandres du métro moscovite après une guerre nucléaire...

Né en 1979, Dmitry Glukhovsky est journaliste expert en relations internationales. Il est aujourd’hui reporter free-lance pour Russia Today’s. Dans Metro 2033, il s’attache à décrire un monde post-apocalyptique, qui a connu une adaptation en jeu vidéo sortie sous nos contrées en mars 2010.

Un monde ravagé

Une guerre nucléaire a ravagé la Terre. Les derniers survivants moscovites se sont réfugiés dans le métro où ils ont formé des micro-sociétés qui habitent les différentes stations. Le sous-sol de la capitale russe a vu naître de nouvelles religions et croyances, mais l’équilibre précaire de cette nouvelle société est menacé par les dangers qui planent à l’extérieur.

Artyom, l’un de ces survivants, est chargé de transmettre un message en rapport avec l’un de ces dangers, et devra traverser les méandres du métro moscovite pour atteindre Polis, l’un des derniers endroits qui conservent les vestiges de la civilisation humaine.

Une quête initiatique

Le roman se présente sous la forme d’une quête initiatique : le lecteur découvre pas à pas avec le héros, Artyom, les rouages de cette nouvelle société née des cendres de la guerre qui a ravagé la surface. On voit se succéder les stations avec leurs lots de fous, de laissés pour compte, dans une photographie saisissante de la société actuelle : si le cadre est différent, les hommes persistent à commettre les mêmes erreurs, des personnes avides de pouvoir cherchant à contrôler le peu qu’il reste de civilisation.

Chaque rencontre est ainsi l’occasion pour l’auteur de s’attaquer à ce qui compose la société humaine : religions, militarisme, soif de pouvoir… Le décor sombre et désespéré ne fait qu’accentuer l’horreur et la vanité de l’ensemble : l’homme persiste à rejeter la faute sur ce qui est autre et ce qu’il ne comprend pas. L’auteur décrit un monde sombre et désespéré, qui ne laisse que peu d’espoir aux survivants.

On se trouve face à un roman intéressant sur bien des points, mais qui souffre de nombreuses longueurs : l’auteur use et abuse des dialogues explicatifs, qui contribuent à alourdir le récit. Et l’impression d’avoir droit (du moins au début du roman) à une visite guidée de toutes les stations du métro moscovite rend le récit un peu trop linéaire. 

Passés les quelques passages et personnages dispensables, on est devant un roman correct, à l’ambiance lourde et pesante.
Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le roman ait connu une adaptation en jeu vidéo : l’ambiance étouffante de cet univers s’y prêtait à merveille. Le récit est cependant trop long, et le livre aurait gagné à être allégé.

Métro 2033
est un roman post-apocalyptique classique, qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui ne manque pas de qualités.
Site : ActuSF
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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:07

Pour son troisième roman, Yann Quero signe un thriller écolo-ufologique

Auteur d’origine irlandaise, Yann Quero a déjà, à ce jour, écrit trois romans, dont le dernier en date, comme les précédents, paraît aux éditions Arkuiris, structure spécialisée dans la publication d’ouvrages sur l’environnement et l’Asie (on trouve à son catalogue plusieurs essais sur le Timor Oriental). Après avoir mis en scène le premier et dernier des hommes dans L’Ère de Caïn (2004), puis avoir fait Le Procès de l’homme blanc (2005), Yann Quero traite, avec L’Avenir ne sera plus ce qu’il était, du réchauffement climatique au travers de questions conspirationnistes.

La Terre surchauffe, mais pas de panique, les E.T. sont là.

Le 1er janvier 2036, les extraterrestres entrent en contact avec l’Humanité, et leur message n’est pas rassurant : la Terre est au seuil d’une phase critique de son réchauffement, causé par le développement de l’homme, sans aucun respect de sa planète. Bientôt, l’effet de serre sera tel qu’il ne sera pas possible de faire machine arrière et toutes les formes de vie sur Terre seront irrémédiablement destinées à disparaître.
Heureusement, les extraterrestres sont là. La FAPU (Fédération Amicale des Planètes Unies) a décidé d’agir et d’aider les Humains – mais aussi les cétacés, autre race intelligente vivant sur Terre – en inversant le processus de réchauffement climatique et en dépolluant la planète. Toutefois, les extraterrestres imposent diverses conditions qui ne sont pas sans déranger les dirigeants des différentes nations. De plus, derrière des intentions altruistes, la FAPU semble dissimuler d’autres objectifs. Pour découvrir si les aliens ne veulent pas simplement stériliser les Humains – ainsi que les chiens et les chats ! –, plusieurs personnes vont mener l’enquête. C’est, aidés par un renégat extraterrestre qu’un économiste et sa jeune fille, un physicien, une ufologue et un général de l’armée américaine vont enquêter, en suivant un indice laissé par Steven Spielberg dans Rencontre du troisième type...

Un livre avec de gros défauts

Risible est sans aucun doute un qualificatif que le lecteur pourrait donner à L’Avenir ne sera plus ce qu’il était en entamant le livre.
Dès les premières pages, en effet, l’auteur le confronte à une multitude d’éléments caractéristiques d’un mauvais roman de science-fiction : personnages extraterrestres aux noms à rallonge, pour ne pas dire illisibles (WaláGwond’úr LaK’íno Iráça, RahôTríeg’mòZánxenthýl), dont l’un dans « sa combinaison d’apparat argentée, bordée d’un filet magenta et ornée de l’insigne de curateur admonestique ». Ces aliens appartiennent d’ailleurs à des races dont on ne pourrait pas, même avec toute la bonne volonté de l’univers, réussir à prononcer les noms tant leurs transcriptions contiennent de voyelles accentuées (et pas seulement de façon aigüe, grave ou circonflexe) et de lettres de l’alphabet grec. Yann Quero ne se montre pas non plus très original quant à l’apparence de ses personnages venus d’autres planètes : hommes à six doigts et trois yeux côtoient des lézards humanoïdes et des créatures apparentées aux pieuvres, vivant dans des aquariums enfumés ; tous ont un comportement caractéristique de leur espèce et chaque race possède sa spécialité ou une prédisposition pour un type de tâche (les extraterrestres s’apparentant aux « petits gris » de Roswell sont par exemple d’excellents artistes) qui restreint l’intérêt qu’on peut porter à ses membres. Quant à l’alien qui va interagir le plus étroitement avec les héros humains, Faek, il est physiquement semblable aux habitants de la Terre, ce qui est bien pratique...

Le lecteur aura sans doute également à plusieurs reprises le sentiment que l’auteur force sa plume : « Sous un plafond lourd de nuages denses et noirs, dissimulant une lune à peine naissante, une nappe de brume basse dérivait entre les immeubles aux façades centenaires, fog pénétrant les vêtements et la peau des rares qui osaient s’aventurer dans le quartier ». Ce type de fulgurances stylistiques à la lourdeur particulièrement prononcée n’est en effet pas représentatives du travail de Quero, qui emploie dans le reste de son roman un style classique. Ce qui n’est pas pour autant un mal, l’auteur brillant dans la mise en scène de ses personnages, comme nous le verrons plus tard.
Yann Quero donne également l’impression, au début du roman, de vouloir étaler ses connaissances sur les États-Unis. Ainsi, Cécilia Arnold est jeune adolescente difficile qui emploie un slang que ne comprennent pas ses interlocuteurs, lui permettant de reformuler et au lecteur de comprendre. L’auteur a de plus choisi d’employer le système des poids et des mesures anglo-saxon (pouces, pieds, miles...) et l’échelle de température Fahrenheit qui font gagner au roman le pittoresque qu’ils lui font perdre en clarté. Mais cela n’est rien face à la quantité phénoménale de coquilles et noms propres écorchés qui émaillent le texte et réduisent le confort de lecture.

Toutefois, avec un scénario au premier abord peu original, puisque le thème principal du récit est l’arrivée subite d’extraterrestres organisés en une fédération de planètes, afin de sauver la Terre de la pollution qui la menace et sauver – un peu à ses dépens – l’humanité ; avec sa scène de mission spatiale sur la Lune mettant en première ligne des hommes et femmes absolument pas entraînés pour ce genre d’opération ; avec ses personnages archétypaux (les extraterrestres, mais aussi un général jusqu’au-boutiste et des Japonais à l’extrême rectitude morale, entre autres), L’Avenir ne sera plus ce qu’il était réussit quand même à intéresser le lecteur. Yann Quero, en effet, fait sourire, voire rire, avec son roman, mais ce n’est que – tout du moins est-ce ainsi que nous l’avons perçu – parce qu’il le veut bien. Car l’auteur emploie un humour au second degré plutôt subtil, qui s’exprime à plusieurs reprises et offre un regard nouveau sur le récit et ses personnages.

Une histoire divertissante

Cette impression que l’auteur se moque des figures du roman ufologique en les mettant en scène de façon caricaturale n’est pas le seul élément qui justifie la lecture entière du roman. On se surprend ainsi à ne pas abandonner la lecture de L’Avenir ne sera plus ce qu’il était, notamment parce que Yann Quero y distille un suspense qui croît au fil des pages et qui est émaillé – surtout vers la fin – de coups de théâtre. Difficile pour le lecteur de deviner, avant la conclusion du récit, si les aliens sont venus pour sauver les Terriens ou pour les éliminer.
Mais l’histoire racontée par l’auteur est surtout portée par des personnages qui sont quasiment tous, si ce n’est attachants, tout du moins marquants. Le narrateur du roman n’est pas tout à fait omniscient et bascule d’un personnage à un autre, les points de vue changeant d’une scène à l’autre. Ces alternances s’accompagnent surtout de variations dans le ton du récit, le niveau de langage, et cætera., qui font vivre les protagonistes bien au delà de leur mise en scène. Ainsi les déboires sentimentaux du général Kevin Springfield ou le comportement inconséquent de l’adolescente Cécilia Arnold sont-ils bien plus compréhensibles. On ne peut d’ailleurs, en terme de personnage, que tirer son chapeau à l’auteur en ce qui concerne Pol Arnold, économiste dont les compétences ne sont pas à la hauteur de sa renommée et dont les positions conservatrices et l’étroitesse d’esprit sont à la source de bien des situations cocasses. Il est d’ailleurs le déclencheur, avec ses réactions ridicules, de plusieurs scènes clefs du roman. Mais d’autres protagonistes tirent leur épingle du jeu : Gwond’u est un alien à l’attitude dont l’ambiguïté intrigue ; Faek, renégat alien, est un personnage ténébreux qui est le seul vrai héros du livre – au sens romantique du terme ; Stephen Verdaught et ses origines amérindiennes permettent à l’auteur de centrer une bonne partie de son récit – non sans quelques longueurs d’ailleurs – sur les traditions des peuples natifs d’Amérique du Nord...
Yann Quero réussit parfaitement à captiver le lecteur, ce qui est le principal. Toutefois, on peut regretter, justement, que L’Avenir ne sera plus ce qu’il était ne soit pas plus marquant, puisque le roman traite du délicat sujet du réchauffement climatique. Or, Yann Quero ne convainc pas vraiment le lecteur de la gravité de la question et du risque que notre planète et notre espèce encourent. Le troisième livre de Quero reste donc un roman de divertissement, mais pas plus.

Yann Quero : auteur à suivre ?

Avec L’Avenir ne sera plus ce qu’il était, Yann Quero démontre qu’il a sans doute un avenir dans le monde des écrivains. Ce troisième roman de l’auteur est à classer dans la catégorie des romans populaires qui ne se prennent pas au sérieux. Disposant de qualités indéniables, mais aussi de gros défauts, il réussit à capter le lecteur et à se laisser lire.
SITE : Actu SF
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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:04

Retour au royaume d’Hélderion avec la famille Manérian. Pour ce deuxième tome du cycle Au-delà de l’Oraison, Samantha Bailly fait une fois de plus preuve de beaucoup d’imagination. Et c’est avec plaisir qu’on se laisse embarquer dans les nouvelles aventures de Noony, Aileen et les autres ...

Dans sa dernière interview sur actusf.fr, Samantha Bailly disait qu’il fallait « trouver le courage pour ses dernières corrections ». Après son premier roman, La langue du silence, elle est arrivée au bout de son deuxième roman : La chute des étoiles, ces deux tomes faisant partie de la saga Au-delà de l’Oraison.
Cette jeune auteur, encore étudiante, n’en est pas à son premier essai. En même temps que son deuxième roman
La Chute des étoiles, elle a écrit Ligne de vie aux éditions Volpilière. Et depuis cet été, elle prépare la préquelle d’Au-delà de l’Oraison. Une auteure qui n’a pas peur de cumuler travail pour ses romans et pour ses études. Un exercice qu’elle réussit plutôt bien jusqu’à maintenant.

La tyrannie d’Hélderion

Le royaume d’Hélderion ne cesse d’envahir les territoires qui l’entourent. Son voisin, le royaume de Rouge-Terre subit les conséquences de ces nombreuses attaques. Il voit son peuple mourir et ne sait plus comment se sortir de cette guerre. Noony Manérian, une oraisonière d’Heldérion, bannit de son royaume, considère l’ampleur du désastre : son peuple tue les populations ’impies" pour agrandir son royaume. Elle rencontre Alexian, un rouge-terrien. Ensemble, ils essaieront de contrer le royaume d’Helderion et son chef : l’Astracan. À des milliers de kilomètres de Noony Manérian, sa sœur Aileen tente elle aussi de résister afin que les massacres commis par son royaume cesse. Mais son retour en Héldérion lui apprendra qu’elle est la Promise d’Heptiel,le fils de l’Astracan. Une grande nouvelle qui va bouleverser sa vie mais qui pourrait bien entraîner "la chute des étoiles"...

Action, intrigue, amour et Oraison !

Les deux sœurs Manérian, Noony et Aileen, ont le caractère bien trempé. Femmes fortes, elles ne se laissent pas envahir par les préjugés. Malgré leur jeune âge, elles décident de faire la révolution contre leur propre royaume. Elles iront même jusqu’à tuer pour y arriver, non sans émotion. Dans leur quête, deux hommes les accompagnent : Alexian, le rouge-terrien et Heptiel, le futur Astracan. Ces quatre-là ne devaient pas se rencontrer et pourtant, ensemble, ils élaborent des stratégies permettant de percer les secrets du chef d’Hélderion plus communément appelé l’Astracan.
Une fois de plus Samantha Bailly a su ficeler une belle histoire avec beaucoup de rebondissements. Dans son premier livre, elle disait avoir « vécu la vie Hélderion de l’intérieur ». Une vie imaginée pendant des années et qu’elle transcrit avec succès dans son deuxième roman. Le lecteur se laisse volontiers aller dans les dédales du château de l’Astracan ou dans les batailles sans fin des Terres Impies. Les mots ou les actes sont parfois cruels, comme la mère des deux jeunes filles tuées par son mari, mais les sentiments omniprésents. Un peu trop parfois. Les regards entre amoureux ou les illusions sentimentales sont un peu redondants au fil du livre. Mais avec ce deuxième tome, on comprend mieux ce qu’est l’Oraison. Cet acte peut être vécu comme un processus de deuil même s’il soulève beaucoup de problèmes obscurs en Hélderion. Le rite religieux est plutôt convaincant. Il fait penser à une messe d’enterrement (en plus élaboré) permettant le passage de la vie à la mort.


Du totalitarisme au monde idéal en Hélderion


Avec l’Oraison, l’Astracan avait trouvé le moyen de diriger le monde. Hélderion peut être comparé à un régime totalitaire. Personne ne sait vraiment ce qui se passe dans les hautes sphères du pouvoir. Des familles, comme les Manérian, sont capables d’aller jusqu’à tuer leur proche pour accéder au pouvoir. L’Astracan rend fou. Il encourage la pratique de la dénonciation. Les habitants d’Hélderion deviennent ainsi paranoïaques. L’Astracan se faisant appelé Soleil 3, n’est donc pas sans rappeler certains dictateurs du 20e siècle. Mais son fils, Heptiel, et aussi futur mari d’Aileen Manérian, représente l’espoir. Ce dernier découvrira avec les deux sœurs Manérian le vrai visage de son père et deviendra, à la fin du livre, l’incarnation du monde idéal : celui où la guerre n’existe pas. Il apporte le monde meilleur dont chacun rêve. Un monde où l’on choisit de croire à l’Oraison ou non, comme une religion.
La Chute des étoiles finit d’une très belle manière. Un roman enthousiasmant à lire dès l’adolescence.

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:01

Un homme seul contre les dragons

James Maxey est un auteur américain né en 1965. Il a été formé dans les ateliers d’écriture et a commencé par publier des nouvelles. En 2002, il a obtenu le prix Phobos pour sa nouvelle Empire of Dreams and Miracles. Par la suite, ses nouvelles apparaissent régulièrement dans des revues comme Asimov’s. Bitterwood est son premier roman.

L’âge des dragons

L’âge des dragons a sonné le glas de l’humanité. Depuis des décennies, les hommes ne sont plus que des esclaves à la merci d’un système féodal cruel. Bant Bitterwood a consacré sa vie à chasser et tuer les dragons afin de venger sa famille. Lorsqu’il assassine le fils préféré du roi Albekizan, ce dernier décide d’éradiquer purement et simplement la race humaine. Capturé et emprisonné, Bitterwood met tout en œuvre pour soulever la rébellion. La lutte s’annonce sanglante.

Une société féodale dirigée par des dragons

La société décrite par l’auteur est somme toute classique en fantasy : une organisation féodale avec un roi tout puissant à sa tête, et des esclaves en bas de la pyramide. L’originalité tient dans la place des dragons et des hommes, ces derniers tenant le rôle d’esclave mais aussi de bétail. Il reste qu’au début du roman on se demande pourquoi l’auteur fait intervenir les dragons : ces derniers ont un comportement humain, qui ne les distingue en rien des hommes. On comprend ensuite l’usage de ce procédé, qui n’est pas gratuit et contribue à rendre cette histoire attachante.

Car si l’univers est sombre et violent, avec comme figure charismatique un héros au passé tragique, le tout part sur des bases somme toutes traditionnelles. Le roman est agréable à lire, et puis le classicisme fait place à un récit finalement ambitieux, avec son lot de rebondissements. Les dialogues font mouche et l’auteur porte un regard moins manichéen que le propos de départ ne laissait présager  ; les différents personnages sont crédibles, et le comportement humain des dragons trouve aussi son explication dans une deuxième partie pleine de surprises.

Un roman de fantasy de facture conventionnelle pour sa première moitié, et qui lorgne même sur la SF dans une deuxième partie réussie : un cocktail étonnant qui fonctionne grâce à un récit dynamique et sans temps morts, qui va à l’essentiel. Une bonne surprise que ce roman, qui se suffit à lui-même, en espérant que la suite soit d’aussi bonne qualité !
SITE : Actu SF
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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 08:53

Lionel Davoust : son premier roman

Lionel Davoust, jusque-là connu pour ses nouvelles (L’île Close : prix Imaginales 2009) et ses traductions (Sean Russell, Terry Pratchett,.. ) se lance, pour la première fois dans l’art du roman avec La Volonté du Dragon. Ce livre, le deuxième publié par les éditions Critic, prend place dans l’univers d’Évanégyre, déjà présenté dans la très belle nouvelle Bataille pour un souvenir.

La force et la faiblesse

Grâce à la maîtrise de l’énergie dranique et de la technologie des cristaux vapeurs, l’empire d’Asreth s’étend aisément, ralliant sous son drapeau les nations alentour. Reste cependant un tout petit pays qui entend résister par la force à l’envahisseur.
Obsédés par leur philosophie du destin, le Lah, et sûrs de la magie qui lui est liée, les Qhmarri refusent de se soumettre et proposent au généralissime venu recueillir leur reddition, une sorte de jeu de guerre interactif, entre les échecs et la bataille navale.
Le fort face au faible, l’orgueil face à la simplicité, voici une configuration que l’on ne connaît que trop. C’est la petite ville d’Aï face aux puissants hébreux, David contre Goliath... On aurait presque l’impression de connaître déjà la fin de l’histoire !

Le destin et la volonté

Le propos de Lionel Davoust n’est pas, heureusement, de conter l’épique récit de la victoire des humbles sur les orgueilleux. Ni, d’ailleurs, celle des puissants sur les petits. Tout est plus complexe dans ce roman. Les concepts mis face à face sont le Destin et la Volonté qui, tous deux, tracent une voie au cœur même de l’incertitude. Lequel des deux est préférable ? Sans idée préconçue, Lionel Davoust tente l’expérience et nous invite à la partager. Les arguments, de part et d’autre, sont séduisants et l’on ignore, jusqu’au bout qui d’Asreth ou de Qhmarr va remporter la partie.

Un monde à découvrir

Malgré le suspense angoissant maintenu durant tout le récit, malgré la langue, poétique et juste qui nous le livre, La Volonté du dragon peut décevoir un peu. Les attentes du lecteur sont grandes. Le roman est court, les situations peu nombreuses. Au point de donner l’impression de lire une longue nouvelle.De plus, dans ce roman, on cherchera, en vain, les fulgurances qui émaillent les textes courts de cet auteur.
Moins de claques, moins de variété, mais malgré tout, une belle promenade aux côtés de l’architecte du monde d’Évanégyre.

La lecture de La Volonté du Dragon reste donc globalement plaisante même si le texte apparaît comme une brève introduction à un univers qui ne demande qu’à se déployer.
La Volonté du Dragon est à lire, de préférence avant l’époustouflant recueil de nouvelles L’Importance de ton regard paru chez Rivière Blanche, qui montre de nombreuses facettes du talent de Lionel Davoust et pourraient, par contraste, ternir l’éclat du présent roman.
SITE : Actu SF
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