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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 15:58

Le prix du Quai des Orfèvres, c’est un peu comme le vin. Il existe des millésimes passables, moyens, bons, plus rarement très bons, ou exceptionnels. Cette année nous avons droit à un très bon cru, ce qui nous change des fadasseries habituelles. Depuis 1946, date à laquelle ce prix a été créé par Jacques Gatineau, certains auteurs ont été révélés par l’obtention de cette récompense, d’autres connaissaient déjà une certaine notoriété, la plupart sont tombés dans l’oubli. On peut relever au hasard des trois décennies passées les noms de Pierre Magnan, Maurice Périsset, Gérard Delteil ou encore Roger Le Taillanter. Cette année l’heureux lauréat se nomme Gilbert Gallerne, un écrivain confirmé qui possède quelques belles pages à son actif, dont, parmi ses dernières parutions, L’ombre de Claudia ou Le Patient 127. Il me faut préciser que l’article 1 stipule que : Le PRIX DU QUAI DES ORFÈVRES, créé par M. Jacques CATINEAU en 1946, est destiné à couronner chaque année un roman policier sur manuscrit inédit et anonyme, œuvre d’un écrivain de langue française, et donc que l’attribution de ce prix s’effectue sur des qualités littéraires et non sur un patronyme.

Depuis le décès de sa femme un an auparavant, Vincent Brémond, officier de la police judiciaire de la capitale, est un homme déboussolé, s’occupant de sa fille Julia en pointillé. Sa femme s’était-elle suicidée avec une arme à feu ? Selon les premières constatations, il semblerait que oui, malgré les doutes, les suspicions de certains collègues et supérieurs, qui sans le dire ouvertement n’en pensent pas moins. Il avait découvert le corps chez eux, au retour d’une mission, mais aucune lettre ou petit mot pouvant expliquer ce geste n’avait été retrouvé. Il s’est mis à boire plus que de raison et Julia du haut de ses douze ans gère tant bien que mal la situation. Alors qu’il passe un week-end à Cabourg dans sa résidence secondaire, Brémond assiste de sa fenêtre à un assassinat. Il fait nuit et malgré les vapeurs de l’alcool il se lance sur les traces du meurtrier qui lui échappe. Il retourne près du cadavre, par réflexe ou reste de conscience professionnelle, et procède aux premières vérifications. Les forces de l’ordre arrivées sur place ne sont guère convaincues par ses explications, d’autant que dans les poches du mort ils trouvent un billet comportant son adresse. Or, coïncidence, le défunt habitait Nanterre, tout comme Brémond, et venait de purger une année de geôle. D’autres éléments démontrent que théoriquement les deux hommes devaient sinon se connaître, du moins être en relations. Avec son ami Michel, son ancien coéquipier en retraite qui at dû abandonner son métier à cause d’une enquête mal bouclée, il entame une enquête parallèle. Première résolution, primordiale, arrêter de boire. Ensuite, les idées plus claires, il lui faut échapper aux pièges qui sont tendus sur sa route. Car, quelque chose cloche, comme si des peaux de bananes étaient glissées intentionnellement sous ses pieds. Et surtout s’occuper plus attentivement de sa fille, ne plus la délaisser comme il l’a fait pendant trop longtemps. Il se rend compte qu’elle a mûri depuis le décès de sa mère, et à douze ans, certains gestes, certains regards, certaines paroles n’ont plus la douceur, la naïveté, l’ingénuité de l’enfance.

Gilbert Gallerne sait planter le décor, l’atmosphère, les personnages de ses romans, utilisant une narration simple, limpide, fluide, dénué d’effets de manches ostentatoires et d’esbroufe, ce qui n’exclut pas une recherche certaine dans la construction. Le style est plaisant, dépourvu de vulgarité, avec une progression, une montée en puissance dans la narration qui imprègne le lecteur. Insidieusement Gilbert Gallerne fait monter la pression et même si on connaît par qui et pourquoi toute cette histoire est arrivée au trois quarts de l’intrigue relatée de main de maître, des zones d’ombre et de suspense perdurent. Des moments d’intensité qui plongent le lecteur dans le doute et l’angoisse.

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