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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 14:47

Peter Robinson délaisse un peu sa très (trop ?) classique série de romans de procédure consacrés à l'inspecteur Alan Banks pour ce roman qui, a priori, ne cherche pas non plus l'originalité à bride abattue. Qu'on en juge : après des années à Hollywood où il composait des musiques de films, Chris Lowndes revient dans son Yorkshire natal. Il a jeté son dévolu sur le manoir de Kilnsgate House ou, découvre-t-il, vécut une meurtrière, Grace Elizabeth Fox, condamnée à mort cinquante ans plus tôt pour avoir empoisonné son mari. Or Chris s'intéresse à son encombrant fantôme et constate peu à peu que cette ancienne infirmière durant la guerre n'avait pas le profil d'une tueuse froide et méthodique. Et si elle était innocente ? Mais alors, qui a tué le mari ? Un point de départ quasiment bateau, qui pourrait être un pensum de Mary Higgins Clark ou un téléfilm du samedi soir ou les deux... si ce n'était la touche de l'auteur, comme un cuisinier capable d'assaisonner à la perfection le plat le plus banal.

Inutile de dire qu'il ne faut pas y rechercher le sturm und drang du thriller industriel, ses rebondissements à tout crins et ses chapitres courts (le livre suit son propre rythme à loisir, lent sans être long) ou la confrontation finale avec un assassin démoniaque™. La réalité se situe dans les êtres, d'abord avec un narrateur sympathique lançant quelques piques roboratives sur son métier. En prime, les carnets de la criminelle permettent d'éclairer un épisode méconnu de la grande guerre, celui concernant les infirmières dont le courage valait bien celui des combattants : occasion de livrer quelques pages poignantes et d'une grande humanité en évitant les clichés façon Sœur Courage. Si l'ensemble suit la logique de marabout d'ficelle, d'un interrogatoire à un autre entrecoupé de l'existence du narrateur, la conclusion est vraiment inattendue et, de plus, logique. Et bien sûr, roman British oblige, les classes sociales et les préjugés attenants (toujours d'actualité si on regarde l'Angleterre d'aujourd'hui) jouent un rôle prédominant...

 

La comparaison avec Agatha Christie et Daphné du Maurier de la couverture est justifiée, tant l'auteur réussit à jouer d'un certain classicisme sans jamais donner dans le poussiéreux, respectant la tradition du genre sans s'y laisser enfermer, avec en outre une très belle langue excellemment rendue par la traduction - ajoutons que pour une fois, le titre français est particulièrement bien choisi. Pour un peu, on aurait envie de se retirer dans la bibliothèque de son manoir du Yorkshire pour s'asseoir dans son meilleur fauteuil, un bon cigare et un verre de whisky vingt ans d'âge à portée de la main, pour profiter pleinement de ce roman. Et par moments, il n'y a pas à dire, ça fait du bien..

 

Site : K-libre

 

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Le silence de Grace fait partie de ces livres qui, une fois refermé, ne se laissent pas facilement oublier tellement l'écriture, l'intrigue et le sujet peuvent happer le lecteur.

Pourtant, j'ai pu noter quelques longueurs dans le récit de cet homme qui vient s'installer dans son Yorkshire natal, dans une maison immense et isolée digne d'un roman de Shirley Jackson où l'on s'attendrait à entendre les portes grincer, les verres tomber en plein milieu de la nuit ou encore les murmures d'un ancien propriétaire.

Malgré tout, le suspens est présent du début à la fin du roman. Même si le rythme est lent et peut dérouter les plus grands lecteurs de polar, finalement on se dit que chaque page constitue un élément de la quête (pour ne pas dire de l'enquête) que mène le protagoniste pour trouver la vérité. Une vérité qui intéresse qui ? 60 ans après que Grace ait été pendue, qui se soucie de la vérité ? Chris, justement dont on soupçonne qu'il a un compte à régler avec la mort de sa propre femme quelques mois auparavant.

Le roman est entrecoupé par un compte rendu du procès et par des extraits du journal de Grace qui fut infirmière de la reine Elizabeth et dans lequel elle décrit les horreurs qu'elle a vécu.

Le silence de Grace est un roman plein de finesse et haut en culture. La musique est omniprésente et l'on en apprend beaucoup sur la composition. La gastronomie occupe également une bonne place et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a beaucoup de Peter Robinson dans le personnage de Chris.

 

Site : Terre du noir

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