Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 10:06

Dans la collection Vendredi 13 des Éditions La Branche, Givre noir est l’œuvre d’un romancier chevronné, Pierre Pelot.

On imagine une grande maison bourgeoise, où règne pourtant un certain laisser-aller. Par exemple, un réseau de train électrique encombre quelque peu le salon. Le septuagénaire Stany, propriétaire des lieux, y déambule vêtu d’une épaisse robe de chambre, trop chaude pour cette soirée d’été caniculaire. PELOT-2012-1Casquette sur la tête, aussi. Il est riche, possède des usines, ce bonhomme fantasque à l’air mou. C’est un passionné de paléontologie et des serpents, en plus des trains électriques et des casquettes. Il est marié à Mado, une veuve plus jeune et dynamique que lui. Un second mariage, quelques que soient leurs différences. Âgée de vingt ans, Nell, nièce de Mado, vit avec eux. Très excitante en petite culotte, avec un maillot sportif trop évasé, une tenue minimum par cette chaleur estivale. Nell est contrariée. Car son petit ami Arnaud, ouvrier dans un garage, l’a laissée tomber.

Mado est de retour à la maison avec un invité. Ce Dustin Georges était autrefois un ami du fils suicidé de Mado. Ils se sont retrouvés par hasard. Ce soir, il y a eu une bagarre dans le bar où ils se trouvaient. Dustin a la mâchoire assez abîmée, mais reste séduisant aux yeux de Mado. Il n’y a qu’à l’héberger dans la vétuste chambre d’amis, puisqu’il n’a pas de voiture pour se déplacer. Stany observe cet invité, amusé mais pas vraiment dupe. Fut-il jadis un ami de Mathieu, le défunt fils de Mado ? Employé dans une entreprise industrielle, selon ses dires, Dustin manque sérieusement d’éducation. Un type plutôt jeune, un peu rustre, comme les aime assurément Mado. Dès le lendemain matin, Dustin et Nell semblent avoir fraternisé. Sans doute ont-ils comparé leurs malheurs réciproques cette nuit-là. Des malheurs et des drames, il s’en produira d’autres entre ces quatre-là.

À Épinal, le journaliste Gerbois suit une affaire concernant quelques étudiants de l’École de l’Image. Habitué du bar du Commerce, il connaît bien Mitidjène. Un peu moins les autres : la possessive Ladidi, le frimeur Jean Maurice Maurice, Marani et la belle Veline. Depuis son arrivée à l’École de l’Image, cette dernière cultive une part de mystère. Que Mitidjène soit amoureux de Veline depuis qu’il l’a vue, ce n’est pas un secret, même si ça perturbe peut-être leur groupe. Des coups de feu ont été tirés au Commerce en cette soirée pluvieuse. Il ne suffit probablement pas d’interroger Mitidjène pour comprendre l’origine de l’altercation sanglante. Il faut aussi se souvenir de l’élection de Miss Image, d’une photo. Ainsi que d’une autre affaire, plus ancienne…

 

 Est-il réellement indispensable d’ajouter une opinion ? Dans chaque petit groupe, couve un possible drame. En elle-même, l’intrigue n’est pas donc compliquée. Les projets de Mado sont entravés par une petite garce aux dents pointues. Tension sourde et hypocrisie entraînent une issue criminelle. Le talent de cet auteur confirmé qu’est Pierre Pelot consiste à triturer le sujet, à y placer des méandres poussant à s’interroger. Cette histoire a été publiée dans une première version, transformée en un noir roman énigmatique. On suppose qu’il a peaufiné les portraits, rendant plus incertains ces personnages. Cette part fantomatique est d’ailleurs un atout favorable que l’on trouve dans beaucoup de ses livres. La tonalité du récit semble naturelle, familière, malgré ses faces cachées et son lien indéfini entre deux époques. Pierre Pelot montre une fois encore qu’il est un fascinant conteur.

 

 

SITE : Claude Le Nocher

 

 


Partager cet article
Repost0

commentaires