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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 16:09

Je continue dans le court, un peu plus court même, avec une curiosité, un nouvel auteur argentin publié chez Asphalte. Le roman s’appelle Golgotha, l’auteur Leonardo Oyola et c’est préfacé par Carlos Salem.

 

Oyola Buenos Aires Capitale Fédérale. A l'intérieur de la Général Paz (sorte de semi-périphérique), la ville à prétention européenne. A l'extérieur les villas, bidonvilles qui vivent en marge de la loi de la cité, régies par leurs règles et dans lesquelles les flics sont à peine tolérés. Villa Scasso est une de ces villas. Calavera a réussi à en sortir, il est devenu flic. Lagarto, qui pourrait être son père, l'a pris sous son aile. Mais peut-on vraiment quitter la villa ? Quand deux femmes qu'il aimaient meurent par la faute du caïd de Scasso, Calavera ne peut faire autrement que de les venger, au risque de perdre tout ce qu'il a gagné, et d'entraîner flics et habitants de la villa dans une guerre sans fin.

 

Pour une fois (il fallait bien que ça arrive), je ne suis pas d’accord avec Jeanjean qui visiblement n’a pas du tout accroché. Contrairement à ce qui lui est arrivé, je n’ai pas trouvé l’intrigue approximative, et si la préface de Carlos Salem restitue bien le contexte, j’ai trouvé que le roman se suffit parfaitement à lui-même. Pour moi, Leonardo Oyola est un digne héritier d’Enrique Medina.

Avec eux, oubliez le Buenos Aires du tango, des maisons colorées du quartier de la Boca et des antiquaires de San Telmo …

 

Bienvenue dans l'équivalent argentin de l'Enfer brésilien de Patricia Melo. Dans un monde de misère, régi par un code de l'honneur archaïque (mais aussi par les lois du marché), où on se tue pour supporter une équipe de foot de seconde zone, ou pour venger un dealer. Dans un monde où règne la loi du plus fort. Dans un monde que les habitants des beaux quartiers ne veulent absolument pas connaître. Dans un monde où on se recommande à son Saint avant d'aller tuer. Dans un monde où la religion est omniprésente, même si l’on ne respecte guère le commandement « Tu ne tueras point ».

 

C'est tout cela, dans sa sauvagerie, dans son incohérence, dans son désordre, mais aussi dans son énergie brute dont rend compte Golgotha. Ce n'est pas aimable, ce n'est pas agréable, mais il est sans doute difficile, voire impossible d'en parler autrement.

 

SITE  : Actu du noir

 


Golgotha est le premier roman traduit en France d'un jeune auteur présenté comme l'enfant terrible de la nouvelle scène polar argentine, notamment salué par Carlos Salem.

Alléchant, puis décevant.

 

 

GolgothaGolgotha, soit le chemin de croix de Lagarto, un vieux flic de Scasso, un quartier pauvre et violent en périphérie de Buenos Aires.

Un monde en lisière et de l'entre-soi, où bandits et policiers ont grandi ensemble et obéissent aux mêmes lois, au même code de l'honneur qui, poussé jusqu'à l'absurde, entretient indéfiniment le cycle de la violence.

 

Amorce du cycle : une jeune femme meurt dans la rue, elle fait une hémorragie suite à un avortement clandestin ; sa mère, impuissante et folle de chagrin, se suicide dans la foulée. Romàn, un policier et un proche de la famille, a juré "de ne pas laisser les choses en l'état", et désigne un responsable.

 

Emaillée de références à la culture religieuse et populaire - chansons, telenovelas, dessins animés... -, l'histoire nous est contée par Lagarto, qui raconte après coup la chute de son jeune collègue, aveuglé par sa colère et sa soif de vengeance. Ainsi que sa propre déchéance.

 

 

En filigrane, Leonardo Oyola fait le portrait d'un lieu et de ses habitants, prisonniers de ce qu'ils sont et du quartier qui les a façonnés ; d'hommes qui ne cèdent pas simplement à la violence, mais y consentent, prêts à mourir ou à donner la mort, par devoir, bêtise ou nécessité. Pile, face, on verra bien de quel côté la pièce retombe.

 

 

La matière est là, et suffisamment travaillée... Malheureusement, le récit se délite et ne repose sur aucun élément tangible : les lieux et personnages manquent de texture, les dialogues de naturel, l'intrigue de consistance (et cela n'a rien à voir avec la brièveté du texte). Aucune prise assez solide pour qu'on s'accroche véritablement à la réalité de ce quartier, de ses habitants et des événements en train de s'y dérouler.

Seule la préface de Carlos Salem, qui contextualise jusqu'à un certain point le roman de son compatriote, éclaire quelque peu cette réalité.

 

 

Au final, ni le saisissant dénouement ni quelques fulgurances éparses - ni davantage le vernis théologique (titres des chapitres, multiples références aux saints qu'ils soient païens ou catholiques, récit incantatoire du narrateur évoquant une prière) - ne sauraient masquer complètement la relative indigence du roman.

 

Rageur, plein d'énergie et certainement sincère, mais maladroit. Un coup de poing qui vous effleure au lieu de vous cueillir au menton.

Qui sait, un jour peut-être Oyola m'en mettra plein la figure : un de ses romans, intitulé Chamamé, a reçu le Prix Dashiell Hammett du festival de la Semana Negra en 2008.

 

 

SITE : Moisson noire

 

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