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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 11:19

 

Comment revisiter le genre devenu rasoir (Oops..) du tueur en série, avec une grosse dose d'humour noir. Polar jusqu'auboutiste et franchement réjouissant.

 

Encore un tueur en série ! La 4ème de couverture de « Surtout, ne pas savoir », paru au début de ce mois, n’incitait guère à aller plus loin dans la lecture. Dire qu’il y a dans le polar le plus contemporain overdose de sérial killer est un euphémisme. Depuis son « Dragon Rouge », il y a plus de trois décennies, Thomas Harris a fait des petits. Ce n’est plus une famille mais une congrégation, monstrueuse et néanmoins de plus en plus prévisible. On tue, on dépèce, on torture, on stocke (du macchabé démantibulé), on se raconte à la première personne, on enfonce des intrigues ouvertes, on pleurniche sur soi et, le plus souvent, c’est en réalité la littérature qu’on assassine.

Seulement voilà, la très pointue collection de polars que dirige Robert Pépin chez Calmann-Lévy mérite en général le petit effort de curiosité. Effort largement récompensé dans le cas présent. A quoi tient donc que « Surtout ne pas savoir » « tranche » avec la production moyenne? L’intrigue ? Elle se la joue à rebondissements piégeux mais ne trompera que les endormis. En deux mots et même trois : dans la petite ville écossaise d’Old Castle, le constable Ash Anderson tente d’élucider les méfaits commis par un tueur baptisé le Birthday Boy. Chaque année, à la date anniversaire de leur disparition avant leurs 13 ans, le sadique fait parvenir aux familles les clichés d’adolescentes torturées. Celle du policier est dans le lot mais lui seul le sait et doit taire ce secret afin de conserver les manettes de la procédure.

Décryptons docteur Sigmund : en d’autres termes, par progéniture interposée, l’inspecteur Anderson enquête sur sa propre mort. Pas à proprement parler une nouveauté absolue dans l’univers du polar.

Quoi alors ? Le caractère « insoutenable », dixit la notice de présentation de l’éditeur, de certaines descriptions ? Incontestablement, comme s’il voulait balayer la concurrence passée ou à venir dans le genre, Stuart MacBride a mis le paquet, éviscérations et décapitations de bonne tenue, à la limite du gore et du pur effroi.

Oui mais, dans sa marmite macabre, cet auteur d’une dizaine d’ouvrages du même tonneau, a ajouté une grosse dose d’humour. Noir forcément. Prétendre qu’on se gondole serait exagéré mais le vieil exercice consistant à domestiquer la mort par le rire fait toujours son effet. Tout de même : en cas de troubles gastriques et de mauvaise digestion, s’abstenir.

Alain Léauthier

 

Site : Marianne

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