De la fantasy avec des dragons mécaniques
Jaida Jones est une passionnée de culture asiatique. Elle a d’ailleurs étudié les langues et les cultures d’Asie de l’Est au Barnard collège. Elle vit à New-York.
Danielle Bennett est diplômée de la célèbre Vic High et a échappé à la terrible vie des Baristi pour se mettre à écrire des histoires de Dragons. Mais elle n’a pour autant oublié l’art de préparer le café et de l’accommoder à l’humeur du jour. Miséricorde est leur premier roman.
Le livre est magnifiquement illustré par Kekai Kotaki.
La quête des quatre
Le Volstov va gagner une guerre séculaire qu’il mène contre son voisin le Ke-Han grâce à l’escadrille Draco. Les pilotes sont une bande de vauriens qui pilotent les dragons mécaniques fonctionnant à la magie. C’est l’arme absolue du Volstov. Mais l’un d’eux, Royston, se retrouve au centre d’un scandale susceptible de faire changer la victoire de camp.
Pour neutraliser cette menace et sauver le royaume, quatre héros fort différents doivent s’unir : un magicien en exil, un naïf provincial, un jeune étudiant et l’imprévisible pilote virtuose qui chevauche le plus redoutable Dragon de la cité : Miséricorde.
Mais la veille de la grande bataille, ces quatre braves feront face à un péril à même de faire hésiter les formidables guerriers, d’affaiblir les plus puissants magiciens et de s’associer pour une même quête malgré leurs différences.
Fantasy intimiste
Miséricorde est un roman particulier par bien des égards. Tout d’abord il est écrit par deux jeunes auteurs féminins (une vingtaine d’années), Jaida Jones et Danielle Bennett. Ensuite la surprise se trouve dans l’intrigue et la complexité des personnages que le résumé ne semble pas annoncer. En effet à la lecture de celui-ci on s’attend à une histoire dans le plus pur style de la fantasy, où une guerre séculaire entre deux factions fait rage avec violence et des Dragons métalliques au milieu du conflit. Et bien non, l’histoire est beaucoup plus fouillée et dense que cela. Les personnages principaux, au nombre de quatre, sont particulièrement travaillés, nous offrant des points de vue différents de la situation mais aussi des caractères et vies qui réservent bien des surprises aux lecteurs.
Le revers de la médaille est que l’action met du temps à se mettre en place (pas avant deux cents pages). Le parti pris des auteurs est de présenter les relations entre les protagonistes et de poser la base de leur très riche univers. Mais l’enthousiasme et une certaine fluidité de l’écriture pallie rapidement ce manque d’action.
Les personnages sont extrêmement attachants , notamment Thom que j’aime beaucoup. Cet étudiant va devoir vivre et surtout survivre au milieu de l’escadrille Draco en apportant un peu de diplomatie dans ce monde de brutes.
Il y a aussi Rook qui est un peu plus caricatural dans son approche des autres. À la fois frondeur et sans peur, prétentieux et insolent, il est le cavalier de Miséricorde, le dernier né des dragons métalliques. Dune grande intelligence d’esprit, il se protège dans une carcasse de macho
Les deux autres héros ne sont pas en reste, Royston le Mangrave (magicien) apporte une touche plus intimiste avec ses vaines tentatives de refréner ses désirs homosexuels. Enfin le jeune et naïf Hall est un petit campagnard qui lit tout le temps et devient très vite touchant dans sa recherche de reconnaissance et sa soif de savoir.
L’histoire est présentée sous la forme d’une narration par les quatre héros. On passe de l’un à l’autre aux fils des chapitres. Au début, la rapidité du changement de narrateur est un peu déstabilisante mais on s’y fait facilement et à la fin on regrette de laisser en plan l’un des personnages. La trame par elle-même reste assez classique malgré tout et rejoint les concepts du genre. Ce qui n’empêche pas Miséricorde d’être une belle histoire de fantasy, grâce à un style recherché et assez dense, un univers riche et structuré avec une multitude de pistes qui verront sûrement leur dénouement dans le prochain tome.
Voilà donc un premier roman pour Jaida Jones et Danielle Bennett qui laisse présager une suite intéressante à suivre avec intérêt.
Yann Blanchard
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