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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 13:54

La Féérie débarque à Kékéland ! En effet, Brigitte Fontaine, qui n'est jamais là où on l'attend, se lance dans la fantasy ! Mélange invraisemblable qui, s'il est difficile de dire s'il est réussit, a au moins le mérite d'attiser notre curiosité. Surtout que la chanteuse-écrivain (ne lui parlez pas d'auteure ou d'écrivaine, elle a ça en horreur, comme elle le dit dans un avertissement préliminaire) joue la carte à fond, nous proposant davantage un lai à déclamer qu'un texte de forme plus classique. Elle y narre les amours d'un Roméo celte et d'une Juliette fée, amours contrariées comme il se doit par l'antagonisme entre les deux peuples. Si l'intrigue de départ semble convenue, on peut compter sur Fontaine pour lui trouver des développements inattendus, parfois grivois, souvent enfumés (on y tire beaucoup sur des tiges de chanvre), et aux anachronismes drolatiques (laser, rock 'n' roll...). Sauf que cela finit par tourner court. Les Charmeurs de pierres s'avère un divertissement qui réjouit plus parce qu'il suggère chez le lecteur qu'il ne tient en réalité. Jamais en effet Fontaine n'arrive à sublimer son matériau pour lui donner une dimension supplémentaire, philosophique ou autre. On se trouve face à une énième version de Roméo et Juliette, agrémentée de passages qui pourraient passer pour provocateurs (l'amour libre) sans qu'en fait ils évoquent une quelconque réaction chez le lecteur. Brigitte Fontaine souhaitait visiblement également créer une sorte de texte oral, qu'on l'imagine d'ailleurs déclamer à ses invités, quelque chose qui prenne réellement son ampleur quand on le lit, mais là encore c'est raté : on a beau prendre des libertés avec la langue française, et notamment la construction des phrases, cela ne fait pas de vous un poète pour autant. Et même si une certaine musique semble surgir de ces pages par moments, bien souvent c'est davantage une cacophonie qu'on entend.

Enfin, on ne peut non plus passer sous silence la maquette de cet ouvrage, aérée au point d'en devenir presque transparente : sur 170 pages que compte ce livre, j'ai comptabilisé l'équivalent de pas moins de cent pages blanches ! Une vraie arnaque quand on considère le prix du livre (17 €), et la sensation très forte que l'éditeur a voulu capitaliser sur une personnalité bankable en gonflant artificiellement une novella. Et dire que la quatrième de couverture nous dit que « Le reste [de l'histoire] serait trop long à raconter... » !

 

Bref, on l'aura compris, ce livre est à réserver aux stricts inconditionnels de Brigitte Fontaine ; peut-être pourront-ils apprécier ce livre, mais même dans leur cas, c'est loin d'être évident. Kékéland, ou plutôt Fairyland ? À bien choisir, Nanarland.

 

SITE : Noosfere

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